Une Américaine brose le portrait de Hô Chi Minh

Lady Borton est l’un des rares Américains à avoir vécu au Sud et au Nord du Vietnam pendant la guerre américaine. Elle est connue du public pour ses activités littéraires et surtout humanitaires. Elle a écrit sur le Vietnam plusieurs livres dont Hô Chi Minh, a portrait.

>>Hô Chi Minh : A journey, un film documentaire et un mini-musée !

Lady Borton, écrivaine américaine.
Photo : Archives/CVN

Point n’est besoin de présenter Lady Borton au public vietnamien et aux lecteurs étrangers plus ou moins attachés au Vietnam. Appartenant à la «Vietnam génération» qui était descendue dans la rue pour manifester contre la guerre du Vietnam, cette écrivain journaliste-photographe militante s’est fait connaître en particulier par Sensing the Enemy, An Americain among the boat people of Vietnam et After sorrow, An Americain among the Vietnamese. Elle est en train de réviser Hô Chi Minh, a portrait.

Hô Chi Minh, source d’inspiration

En Occident, les ouvrages sur Hô Chi Minh ne manquent pas. Mentionnons en particulier ceux de Jean Sainteny, Jean Lacouture, Daniel Hémery, Charles Fenn, Sophie Quinn Judge, David Halberstam, William Duiker… Il va sans dire qu’au Vietnam, la vie et l’œuvre de Hô Chi Minh ont fait l’objet d’une abondante littérature.

Qu’est-ce qui a poussé Lady Borton à écrire encore un livre sur le créateur du Vietnam moderne ? C’est qu’il y a toujours quelque chose de nouveau à ajouter. Les biographes occidentaux souvent expriment le point de vue et la manière de penser occidental, n’ayant pas vécu assez longtemps parmi les Vietnamiens au Vietnam. Certains n’ont fait que des visites-éclair au Vietnam, d’autres ne parlent ni ne lisent le vietnamien et n’ont accès qu’à la documentation occidentale. Par contre, un grand nombre de chercheurs vietnamiens sont handicapés par le fait que tous ne lisent pas les langues étrangères, ne peuvent aller à l’étranger pour compléter leurs recherches. Lady Borton lit et parle vietnamien, a vécu la guerre dans le Sud et le Nord, faisant la navette entre le Vietnam, les États-Unis et l’Europe depuis 35 ans, ce qui lui a permis de contribuer à combler les lacunes précitées.

La tâche cependant n’est pas aisée pour elle. Il lui a fallu investir beaucoup de temps et de labeur. En dehors de l’immense documentation en vietnamien et en langues étrangères, elle a pu remonter aux premières sources en parlant avec des personnalités de l’entourage de Hô Chi Minh telles que le général Vo Nguyên Giap, le Premier ministre Pham Van Dông, le général Phùng Thê Tài, ancien garde du corps du président, Vu Ky, secrétaire particulier de Hô Chi Minh, le journaliste vétéran Hoàng Tùng, Son Tùng, le biographe de Hô Chi Minh...

À la recherche de documents inédits

Couverture du livre +Hô Chi Minh, a portrait+ de Lady Borton.
Photo : Archives/CVN

D’autre part, Lady Borton a beaucoup voyagé pour rencontre d’autres témoins : la famille de l’avocat Frank Loseby qui avait sauvé Nguyên Ai Quôc (Hô Chi Minh) à Hong Kong au début des années 30 du XXe siècle, les membres américains de l’OSS qui avaient contacté Hô Chi Minh vers la fin de la Seconde Guerre mondiale. Elle a cherché à retrouver les traces de Hô Chi Minh à travers le monde pour découvrir quelque chose de nouveau et vérifier certains détails concernant ses activités révolutionnaires avant 1945.

Elle a travaillé au Chomburg Center for research in black culture au Harlem, fouillé New York et Boston pour reconstituer avec des photos l’ambiance des endroits où avait séjourné Hô Chi Minh (à partir de 1913).

À Londres, elle a fait des recherches à Drayton Court Hotel où Hô Chi Minh avait travaillé en 1914, trouvé des documents à l’hôtel Carlton, rencontré les archivistes de la salle de lecture du British Museum et de la Max Memorial Library.

Au Guangzhou en Chine, elle a étudié l’organisation révolutionnaire vietnamienne des années 20, identifiant dans une photo les élèves de Hô Chi Minh. En Thaïlande, elle a adressé une carte montrant l’itinéraire de Hô Chi Minh.

À Hong Kong (Chine), elle a trouvé une lettre envoyée par Hô Chi Minh en 1931 à Saigon (ancien nom de Hô Chi Minh-Ville, ndlr) qui devait être à l’origine de son arrestation. Elle a visité le YMCA où il avait habité après sa libération. Lady Borton a pu aussi mettre la main sur les documents datant de la première guerre d’Indochine (en particulier une carte de Noël-Nouvel An 1951-1952 signée de Lattre de Tassugny).

Le livre de Lady Borton sur Hô Chi Minh, moitié texte, moitié illustrations, se veut être simple, clair, concis, facile à lire. Sa conception cadre avec le conseil donné par Hô Chi Minh au général Giap sur la manière d’écrire un livre : «Écrivez de telle sorte que jeunes et vieux, hommes et femmes, même les enfants, puissent lire et comprendre votre livre».

Ce n’est pas sans raison que la prestigieuse revue américaine Time classe Hô Chi Minh parmi les cent éminents leaders et révolutionnaires du XXe siècle. Hô Chi Minh, a portrait de Lady Borton est un précieux ouvrage qui aide à comprendre le fondateur du Vietnam d’aujourd’hui.


Huu Ngoc/CVN
Novembre 2005

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