Un retour aux sources tant attendu

La Française Agathe Chapalain, 24 ans, a été adoptée au Vietnam en 1995 à l’âge de cinq semaines. Après deux voyages dans son pays d’origine, elle s’apprête à rencontrer ce mois d’août sa famille biologique dans la province de Dak Nông, hauts plateaux du Centre. Récit.

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Agathe Chapalain lors d’un discours à l’Hôtel de Ville de Paris en 2017, pour représenter son association ADAO.

Toute petite, Agathe Chapalain s’appelait Ngoc Lan et ses parents adoptifs français de Bretagne l’ont appelée par la suite Agathe. Ces amoureux de l’Asie et particulièrement du Vietnam avaient déjà une fille biologique de 10 ans avant l’adoption.

Enfance et adolescence sans histoire

Les parents d’Agathe ne lui ont jamais caché qu’elle avait été adoptée. Ils ont toujours eu le même discours à ce sujet: si elle avait été abandonnée, ce n’était pas parce que sa mère biologique ne l’aimait pas. Au contraire, c’était un acte d’amour de sa part pour qu’elle puisse avoir une vie meilleure. Ce que ses parents lui ont expliqué, c’est que sa mère était probablement trop pauvre pour s’occuper d’elle, étant la dixième enfant d’une fratrie.

"Légalement, les contacts ont été rompus avec ma famille d’origine du fait de l’adoption plénière. J’ai compris que je pourrais faire des recherches sur mes origines seulement lorsque je serai majeure à 18 ans", a indiqué Agathe. Ainsi, elle ne s’est donc jamais posée beaucoup de questions avant ses 18 ans, comme si la quête de ses origines n’était pas accessible avant cet âge symbolique.

Agathe (gauche) enseigne la prise de parole en public à un groupe de jeunes en tant que formatrice.

"Aujourd’hui, avec le recul, je pense que chaque adoption est très particulière. En ayant discuté avec d’autres enfants adoptés, les ressentis sont tous différents. Certains ressentent de la colère, d’autres de l’indifférence, du cynisme voire de la curiosité. Tout le monde a aussi un avis différent sur la question et les autres peuvent vous projeter leurs propres préjugés ou peurs", a ajouté Agathe.

La majorité et quelques vérités 

À ses 18 ans, Agathe a eu plusieurs possibilités d’en savoir plus sur son adoption et sa famille biologique. Elle s’est rapprochée d’une association dédiée à l’adoption pour obtenir des renseignements et rencontrer d’autres enfants adoptés.

Quatre ans plus tard, elle a retrouvé sa famille biologique complètement par hasard. C’était en décembre 2017, via Facebook. En plein hiver, elle reçoit une demande d’amitié sur le fameux réseau social. La future "amie" lui explique qu’elle est une proche de sa famille vietnamienne et que celle-ci est à sa recherche. Elle lui envoie tous les documents dont elle dispose pour appuyer ses propos, dont des photos de ses parents adoptifs et biologiques côte-à-côte datant de 1995. Et la magie opère. Les informations correspondent à celles que sa famille adoptive lui a transmises. Elle comprend qu’elle est la dixième enfant d’une grande famille. Sa maman biologique s’appelle Nhan et elle la recherche depuis 23 ans.

Après Facebook, Skype

Après ces premiers contacts, Agathe reçoit une vingtaine d’invitations sur Facebook émanant de personnes vietnamiennes, certaines font partie de ses frères, d’autres sont inconnues et semblent être des connaissances de connaissances. Elle comprend qu’il s’agit d’une manifestation de joie et d’excitation. Quelques jours plus tard, c’est la rencontre par caméras interposées. "Les échanges sont remplis d’émotion pour mes deux mères qui se mettent à pleurer devant la caméra. Mais la connexion Internet était très mauvaise avec une personne inconnue traduisant partiellement du vietnamien à l’anglais, puis moi de l’anglais au français pour mes parents", a rapporté Agathe.

Agathe a hâte de se rendre au Vietnam pour un voyage décisif.

Finalement, ce sera avec un de ses frères qu’elle aura des détails plus précis à propos de son histoire. Elle comprend que ses parents adoptifs l’ont trouvée dans une maison d’enfants gérée par Alexia Nguyên Ngoc Tuyêt, une sœur catholique qui parlait français et qui a été leur principal intermédiaire. Cette personne a été un personnage clé dans son histoire. C’est ainsi que pour en savoir encore plus, Agathe arrive au Vietnam. Elle espère retrouver cette sœur catholique et surtout sa famille biologique pour avoir plus de réponses et reconstituer le fil de son histoire.

"Bien sûr, je sais aussi qu’il y a une probabilité pour que je n’aie pas de réponses. Notre histoire reste celle que l’on se raconte finalement. Le plus important est d’avoir réussi à se retrouver malgré tout. Je suis très heureuse d’avoir pu retrouver ma famille biologique, entière et vivante, sans même avoir entrepris de recherches!", a-t-elle conclu.

Nous retrouverons Agathe, à l’issue de son voyage dans la province de Dak Nông (hauts plateaux du Centre) et elle nous fera part de toutes ses émotions et de tout ce qu’elle a appris à travers cette aventure unique. On lui souhaite tout le bonheur du monde.

Texte: Hervé Fayet/CVN
Photos: Agathe Chapalain/CVN

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