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Un atelier de céramique du village de Bat Tràng. |
Sur les 5.400 villages de métiers que compte le Vietnam, 1.350, soit le tiers, se trouvent à Hanoï. Terre de métiers traditionnels s’il en est, la capitale a su attirer de très nombreux artisans, dont la renommée n’est plus à faire.
Comme tous les autres secteurs économiques du pays, l’artisanat a subi de plein fouet les affres de la crise sanitaire. L’activité a certes repris, mais les ateliers ne tournent pas encore à plein régime, et ce malgré les mesures d’assistance qui ont été proposées par le gouvernement. Ni les vanniers de Phu Vinh, ni les laqueurs de Hà Thai, ni les brodeurs de Quât Dông, ni les nacreurs de Chuôn Ngô, n’ont été épargnés. Tous ont connu un ralentissement, voire une paralysie momentanée de l’activité.
À Phu Vinh, les ateliers de vannerie ont bien sûr rouvert leurs portes, mais sans l’effervescence qui y régnait avant la crise. Il faut dire que les carnets de commande comportent quelques pages vierges à l’endroit des exportations et que pour l’heure, les artisans se concentrent surtout sur des produits faciles à écouler sur le marché domestique, tels que des corbeilles, des paniers, des sacs…
Même constat à Bat Tràng, où les ateliers de céramique tournent au ralenti. Plus de 80% des commandes à l’exportation de l’atelier Tân Thinh ont ainsi été annulés, au grand désarroi de Trân Duc Tân, son propriétaire.
"C’est une période difficile, reconnaît-il. Plusieurs commandes à l’exportation ont été annulées à la dernière minute. Et sur le marché domestique, ce n’est pas vraiment plus brillant : les commandes sont en chute libre".
Même situation pour Nguyên Van Nghia, qui, eu égard à la taille de son entreprise, peine à maintenir la tête hors de l’eau. "Les grandes entreprises ont suffisamment de ressources financières et de main d’œuvre pour relancer leur production. Mais pour une petite entreprise comme la mienne, c’est une autre histoire", confie-t-il.
Cette histoire, certaines entreprises essaient tout simplement de l’écrire différemment, en se réinventant. Désormais, beaucoup d’entre elles proposent des transactions en ligne, et misent sur la qualité pour accroître leur compétitivité, comme l’explique Hà Van Lâm, un responsable du village de Bat Tràng. "Pour les ateliers, la consigne est claire : il faut miser sur la qualité, de façon à garantir la crédibilité du label Bat Tràng. Mais il faut aussi faire en sorte qu’aucun produit fabriqué ailleurs ne soit introduit dans le village", dit-il.
Dans certains endroits, la production n’a été rétablie qu’à 50%. C’est le cas à Phú Yên, dans le district de Phú Xuyên, où les ateliers de maroquinerie fabriquent surtout des chaussures. Par contre, à Van Phuc, haut lieu de la soierie vietnamienne, les ventes en lignes se développent à défaut d’exploser.
Un redémarrage poussif ? De toute évidence, 2020 ne sera pas un grand millésime en termes de production artisanale... Cela étant, nos artisans en ont vu d’autres et ils n’ont rien perdu : ni de leur savoir-faire, ni de leur créativité, ni de leur dynamisme. Gageons que d’ici peu, ils auront renoué avec le succès qui les caractérise… et qu’ils méritent bien.
VOV/VNA/CVN