>>Autriche : l'extrême-droite largement en tête au premier tour de la présidentielle
>>L'Autriche élit un nouveau président, les grands partis menacés
Le nouveau chancelier autrichien Christian Kern et son épouse Eveline Steinberger-Kern, le 17 mai à Vienne. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
M. Kern, 50 ans, a été installé dans ses nouvelles fonctions par le président de la République, Heinz Fischer, en fin d'après-midi.
Christian Kern, qui dirigeait jusqu'alors la compagnie nationale ferroviaire, aura pour mission de ressouder le Parti social-démocrate (SPÖ), dont il prend aussi la tête, et de donner un nouveau souffle à la coalition formée avec les conservateurs de l'ÖVP.
Cohabiter avec un chef d'État d'extrême droite sera l'un des défis du nouveau chancelier en cas de victoire du candidat FPÖ au deuxième tour de scrutin dimanche 22 mai.
Le duel s'annonce extrêmement serré. Norbert Hofer, le candidat FPÖ, est arrivé en tête du premier tour avec 35% des voix. Il affrontera l'ancien patron des Verts, Alexander Van der Bellen (21,3%).
Le président autrichien, élu pour six ans, ne participe pas à la gestion quotidienne du pays mais dispose de pouvoirs étendus, notamment celui de nommer un nouveau chancelier et de dissoudre le Parlement.
Alexander Van der Bellen accuse régulièrement son adversaire de préparer un changement d'exécutif ou des élections anticipées pouvant favoriser l'extrême droite.
Nobert Hofer dit ne pas privilégier cette hypothèse, sauf en cas de désaccord majeur avec la politique du gouvernement.
Déstabilisé par cette déroute, la chancelier SPÖ Werner Faymann a démissionné de tous ses mandats deux semaines après l'élection.
Christian Kern devra clarifier la position de son parti vis-à-vis du FPÖ, certains sociaux-démocrates évoquant ouvertement des possibilités d'alliance gouvernementale.
Le nouveau chancelier l'a exclu lors d'une interview dans la soirée sur la chaîne publique ORF2 : "compte-tenu de ses déclarations et de son escalade rhétorique, le FPÖ au niveau fédéral n'est pas un partenaire de coalition approprié" et "le chemin sera long" jusqu'à ce qu'il puisse le devenir.
Chancelier manager
Ce néophyte dans la conduite d'un exécutif, qui n'a même jamais été ministre ni élu, jouit en revanche d'une réputation de manager performant.
Il arrive à la tête d'un pays prospère mais qui s'inquiète de la dégradation de ses indicateurs. Partisan d'un "New deal" économique et social, le nouveau chancelier a jugé qu'il s'agissait là de "la dernière chance" des formations politiques traditionnelles.
Christian Kern part avec une bonne cote de popularité dans l'opinion publique où il est crédité de 42% d'opinions favorables, selon un sondage paru ce week-end dans le quotidien Kurier. Selon la même enquête, 77% des personnes sondées estiment que la décision de Werner Faymann de jeter l'éponge était la plus judicieuse.
Issu d'un quartier populaire, diplômé en journalisme et en management, M. Kern a travaillé comme conseiller ministériel SPÖ dans sa jeunesse. Il avait quitté la politique en 1997 pour rejoindre le groupe énergétique Verbund, dont il avait intégré le directoire avant de prendre la tête de l'ÖBB.