La clinique du Dr Ike Enemuo, décédé du virus Ebola, et dont l'épouse a également contracté la fièvre hémorragique, le 29 août à Port Harcourt. |
Sur plus de 1.500 personnes mortes depuis le début de l'année en raison de l'épidémie, on compte ainsi "plus de 120" agents de santé, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), essentiellement dans les trois pays les plus touchés, le Liberia, la Sierra Leone et la Guinée, tous en Afrique de l'Ouest.
Au Nigeria, pays le plus peuplé d'Afrique où la progression de la maladie est restée limitée, cinq des six personnes ayant péri sont des professionnels de la santé : trois médecins et deux infirmières. La veuve du médecin mort vendredi 29 août à Port Harcourt s'est vue confirmer qu'elle était à son tour atteinte. Elle est traitée à Lagos et se trouve dans un état stable, a déclaré dimanche 31 août le ministre de la Santé de l'État de Rivers, Sampson Parker.
À Port Harcourt, la ville pétrolière du Sud-Est du Nigeria où elle et son mari travaillaient, environ 200 personnes ont été placées sous surveillance et une soixantaine d'autres sont recherchées, a indiqué M. Parker. Trois patients, dont un médecin et un pharmacien, ont été admis dans un centre de soins spécialisé en dehors de cette ville. Ces cas "ne sont pas confirmés, nous attendons le résultat des analyses", a précisé ce responsable.
L'OMS s'est alarmée le 25 août de la proportion "sans précédent de médecins, d'infirmiers, d'infirmières et d'autres agents de santé" contaminés par la fièvre hémorragique. À cette date, "plus de 240 agents de santé sont tombés malades en Guinée, au Liberia, en Sierra Leone et au Nigeria, et plus de 120 sont morts", selon l'OMS. Plusieurs experts internationaux engagés dans la lutte contre Ebola en Afrique de l'Ouest ont aussi été contaminés et certains en sont morts.
Les équipes soignantes, en première ligne, manquent de tout pour lutter contre la maladie, à commencer par des équipements de protection. En Guinée, des infirmières ont raconté s'acheter elles-mêmes des gants et des combinaisons.
Facteur aggravant, le Liberia, la Sierra Leone et la Guinée se retrouvent coupés du monde, les pays voisins ayant fermé leurs frontières et les compagnies aériennes ayant stoppé leurs dessertes, sauf Royal Air Maroc (RAM) : cela complique la tâche des organisations de santé internationales en ce qui concerne l'acheminement de personnel et de matériel.
Perturbations dans le foot
Le Liberia a annoncé samedi 30 août l'interdiction de tout débarquement de marins dans ses ports, tant que l'épidémie d'Ebola n'était pas maîtrisée. Le virus, contre lequel aucun traitement ni aucun vaccin n'existe, a fait 1.552 morts sur 3.069 cas recensés : 694 au Liberia, 430 en Guinée, 422 en Sierra Leone et six au Nigeria, selon le dernier bilan au 26 août de l'OMS, qui a dit redouter jusqu'à 20.000 cas à terme. Avec un cas annoncé vendredi 29 août, le Sénégal est désormais le cinquième pays touché dans la région. Un "cas suspect" a même été découvert dimanche 31 août à Stockholm, la capitale suédoise.
Il s'agit de la pire épidémie d'Ebola depuis l'apparition de ce virus en 1976 en République démocratique du Congo (RDC). Ebola est d'ailleurs récemment réapparu en RDC, y provoquant la mort de 13 personnes, mais les autorités sanitaires estiment qu'il s'agit d'un foyer distinct de celui qui existe en Afrique de l'Ouest. Autre conséquence de l'épidémie : le déroulement des matches qualificatifs pour la Coupe d'Afrique des Nations 2015 de football est fortement perturbé.
La Confédération africaine de football, l'instance régionale, a décidé le déplacement "dans un pays neutre", et ce "jusqu'à la mi-septembre", des matches impliquant Liberia, Sierra Leone et Guinée.
La Côte d'Ivoire, jusqu'ici épargnée par l'épidémie mais voisine de la Guinée et du Liberia, refuse par précaution d'accueillir toute compétition sportive internationale. Mais le match Côte d'Ivoire-Sierra Leone, comptant pour la 1re journée des qualifications de la CAN-2015, devra se dérouler à Abidjan le 6 septembre, a affirmé dimanche 31 août la Fédération sierra-léonaise.
Au cas où la rencontre n'aurait pas lieu comme prévu, la Côte d'Ivoire serait considérée comme forfait et perdrait les points du match, a déclaré à l'AFP Chris Kamara, le secrétaire général de la Fédération sierra-léonaise.
AFP/VNA/CVN