Umar Farouk Abdulmutallab, fils d'un riche banquier, décrit par un ancien professeur comme un étudiant "très brillant" aux idées radicales, a été inculpé pour avoir "tenté de détruire un avion Northwest Airlines en approche finale de l'aéroport de Detroit le jour de Noël, et avoir introduit un explosif à bord de l'appareil", a indiqué un communiqué du ministère de la Justice.
Le juge Paul Borman s'est rendu à l'hôpital de Detroit et lui a lu l'acte d'accusation au cours d'une audience de 20 minutes.
Le suspect a été admis dans cet établissement pour des brûlures consécutives à sa tentative d'activer de la penthrite, un puissant explosif, pour faire sauter l'Airbus A330 qui transportait 278 passagers et 11 membres d'équipage.
Selon des journalistes autorisés à assister à l'audience, il était menotté à un fauteuil roulant et portait des bandages aux poignets et sur les mains. Il a déclaré au juge ne pas avoir les moyens de se payer un avocat et s'en est vu commettre un d'office.
Selon des témoins et l'ordonnance d'inculpation, Abdulmutallab a avoué avoir injecté à l'aide d'une seringue un liquide chimique dans une poudre qu'il avait cachée sur sa cuisse, pour tenter de faire exploser l'avion.
Ce procédé lui aurait permis de passer sans difficulté les contrôles de l'aéroport d'Amsterdam-Schipol, jugés très sérieux, où il se trouvait en transit en provenance de Lagos, en possession d'un visa américain, selon la police néerlandaise.
Le jeune homme a également affirmé avoir été entraîné par des membres d'Al-Qaïda au Yémen, selon d'autres responsables de services de sécurité, cités par des médias.
Selon les témoignages des passagers recueillis par le FBI, une quarantaine de minutes avant l'atterrissage, Abdulmutallab s'est rendu aux toilettes où il est resté une vingtaine de minutes. "En retournant à son siège il s'est plaint d'avoir mal à l'estomac et a mis une couverture sur lui", a indiqué le ministère américain de la Justice.
Les passagers ont ensuite entendu des bruits "semblables à l'explosion de pétards" et vu le feu prendre sur une paroi de l'avion et une jambe de pantalon du suspect. Un passager néerlandais, Jasper Schuringa, devenu le "héros" du vol 253, s'est alors jeté sur lui. "Je lui ai sauté dessus, j'ai essayé de le fouiller à la recherche d'explosif, et puis j'ai pris une espèce d'objet qui était déjà en train de fondre et de fumer, et j'ai essayé de l'éteindre", a-t-il raconté sur CNN.
Jasper Schuringa s'est brûlé à une main en essayant d'éteindre le feu. D'autres passagers ont amené des couvertures et de l'eau, puis l'équipage a fourni un extincteur. Le jeune Nigérian, grièvement brûlé à une jambe, a été fermement ceinturé.
Un haut responsable américain a confirmé que le père du jeune homme, Umar Mutallab, avait "contacté le mois dernier l'ambassade américaine au Nigeria pour dire son inquiétude quant à la radicalisation de son fils" qui avait reçu un visa pour les États-Unis en juin 2008, au moment où "il n'y avait pas d'information particulière" à son sujet.
AFP/VNA/CVN