Un médecin militaire vietnamien au chevet des patients lao

Travaillant depuis dix ans au poste médical de Thoong Pe, situé dans le village éponyme, district de Khamkeut, province lao de Bolikhamsai, le médecin militaire vietnamien Nguyên Viêt Đuc est surnommé “Père Đuc” par les patients.

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Le docteur Nguyên Viêt Đuc travaille depuis dix ans au poste médical de Thoong Pe. 
Photo : CTV/CVN

Le poste médical militaire de Thoong Pe est un cadeau du Vietnam offert au Laos. Situé sur une colline battue par le vent, surplombant une vallée, il a été construit en 2007 par les garde-frontières vietnamiens et les autorités de la province de Hà Tinh (Centre). Il dispose de dix lits et accueille les résidents locaux.

Si Phong, un villageois traité pour le diabète et l’hypertension artérielle, déclare qu’il se sent comme chez lui à chaque fois qu’il se rend à la clinique. L’année dernière, il a subi un accident vasculaire cérébral et s’est retrouvé paralysé. Après environ deux mois de traitement avec le docteur Đuc, il s’est rétabli et est désormais capable de marcher.

Pour la santé des habitants

“Le médecin m’a également permis de réduire ma facture d’hôpital. Les habitants des neuf villages y viennent ici pour recevoir des soins. Si vous nous demandez si nous voulons renvoyer les médecins vietnamiens chez eux, je pense que tout le monde sera contre”, partage M. Si Phong. Avant d’ajouter : “Nous voulons juste qu’ils restent ici pour prendre soin de la population locale”.

De nombreux patients des régions reculées de Vientiane et Thakhek ont entendu parler de l’expertise du docteur Đuc et viennent le voir à la clinique. Un couple a même parcouru 170 km sur des sentiers forestiers pendant 10 heures pour transporter du riz et de la nourriture jusqu’à la clinique et se préparer au long traitement à venir.

“Le poste médical de Thoong Pe est devenu un véritable foyer pour les villageois”, affirme Yu Dei, chef du village de Thoong Pe.

Le district de Khamkeut est situé à l’ouest de la cordillère de Truong Son, et borde le district de Phong Son dans la province vietnamienne de Hà Tinh. Cette zone était autrefois un village pauvre où de nombreux villageois étaient toxicomanes. La population locale manquait de connaissances médicales et le réseau de cliniques de base était très limité. Neuf villages frontaliers ne disposent que d’un seul poste médical. De nombreux décès ont été enregistrés faute de soins médicaux en temps opportun.

Le docteur Nguyên Viêt Đuc dirige le poste médical depuis 2013. Le jour où il est arrivé au Laos pour commencer sa mission, il a pris conscience de l’énorme responsabilité qui pesait sur ses épaules. Adapté à la vie urbaine, il a dû s’habituer à cette région isolée où les tests médicaux et les options de traitement étaient limités.

Un obstacle pour les médecins vietnamiens est de ne pas pouvoir parler couramment la langue locale. Plus tard, il s’est lié d’amitié avec des Lao d’origine vietnamienne. Chaque fois qu’il voyait un patient, il appelait ses amis pour traduire. Après avoir travaillé au Laos pendant environ six mois et avoir appris la langue lao, il a pu comprendre la terminologie de base du diagnostic et du traitement et n’a plus eu besoin d’aide.

Éradiquer les coutumes arriérées

Le docteur Nguyên Viêt Đuc examine un patient au poste médical de Thoong Pe. 
Photo : CTV/CVN

La langue n’est pas la seule barrière. Les groupes ethniques lao des zones frontalières conservent des coutumes dépassées et superstitieuses. Les familles organisent souvent des cultes et demandaient aux “esprits de la forêt” de guérir leurs maladies. Ces pratiques dépassées ont entraîné la mort de nombreuses personnes. Le docteur Đuc se rend fréquemment dans les maisons pour parler aux villageois, les examiner et leur donner des médicaments gratuits. Il plaisante en disant que les dossiers médicaux de chaque membre de la famille sont gravés dans sa mémoire pendant dix ans.

De nombreuses urgences ont été traitées par le docteur Đuc. De nombreuses maladies incurables ont été découvertes et portées à des niveaux de traitement plus élevés. Petit à petit, de plus en plus de gens ont abandonné leurs coutumes et croyances dépassées pour suivre ses conseils.

Depuis le début de l’année 2023, le poste de Thoong Pe a accueilli et traité plus de 3.600 personnes et a fourni des médicaments gratuits à près de 1.800 personnes. Il ne soigne pas seulement les résidents locaux, mais constitue également une adresse fiable pour les garde-frontières de la province de Bolikhamsai.

Le commandant Kham Pa Soi Luang Lat Pan Dit, un officier politique adjoint, a été soigné à plusieurs reprises par le médecin Đuc. “Le fait qu’un médecin vietnamien travaille ici nous apporte une tranquillité d’esprit. M. Đuc a coordonné les patrouilles frontalières et a servi d’interprète pour les forces militaires des deux parties”, informe-t-il. Le médecin vietnamien et ses collègues travaillent régulièrement avec les autorités sanitaires locales pour conseiller les résidents locaux sur la prévention des maladies courantes et l’assainissement de l’environnement.

En travaillant dans cette région reculée, le docteur Đuc a été séparé de sa femme et de ses deux enfants pendant environ dix ans. Bien qu’il ait rarement eu le temps de rentrer chez lui, le docteur Đuc a la chance d’avoir une femme qui le soutien ; elle travaille comme professeure à l’Université de Hà Tinh. Son épouse, Đâu Thi Kim Quyên, explique qu’elle comprend les devoirs de son mari et qu’elle ressent son amour et son enthousiasme pour le travail. Chaque année, pendant la période des fêtes, elle est un peu triste sans son mari, mais elle a la chance d’être à la maison près des frères, sœurs et collègues de Đuc. “J’espère simplement qu’il est en sécurité et qu’il fait bien son travail”, souhaite-t-elle.

Huong Linh/CVN

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