La notion d’aptitude à la vie quotidienne peut prendre diverses formes et définitions. Au début des années 1990, l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le Fonds des Nations unies pour l’enfant (UNICEF) et l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) ont collaboré pour concevoir un programme international en la matière, à l’intention des jeunes.
Des établissements scolaires introduisent l’enseignement des compétences psychosociales dans leurs cours. |
Au Vietnam, le développement des compétences psychosociales chez l’enfant préoccupe de nombreux parents et experts de l’éducation. «La plupart d’entre nous n’avons pas reçu ce type de formation, ni à l’école, ni à l’université. Ce qui nous a handicapé dans notre vie quotidienne et notre carrière», ont reconnu certains spécialistes du secteur éducatif, notamment les psychologues. Aujourd’hui, ils reconnaissent que «les jeunes ne sont pas les seuls concernés. Les parents et les enseignants en ont aussi besoin. Beaucoup d’adultes ont des difficultés à réagir correctement quand un problème se présente, en particulier dans l’éducation des enfants».
La personnalité se forge toutefois durant les vingt premières années de la vie, la priorité doit donc être accordée aux adolescents. Aujourd’hui, de nombreux parents ne pensent qu’à satisfaire aux besoins matériels de leurs progénitures, en oubliant que l’aspect financier est loin d’être suffisant. Conséquence : une partie d’entre eux rencontrent des problèmes relationnels et comportementaux : délinquance, suicide...
Comment enseigner sans manuel ?
Les aptitudes à la vie quotidienne préoccupent de plus en plus le secteur éducatif. Le ministère de l’Éducation et de la Formation a demandé en 2012 aux établissements de l’ensemble du pays d’introduire ces savoir-être (résoudre les problèmes, prendre des décisions, se connaître soi-même, gérer le stress...) dans les enseignements généraux et les activités extrascolaires.
Dialogue entre 150 lycéens de 200 écoles et autorités du Service de l’éducation et de la formation de Hô Chi Minh-Ville sur des problèmes concernant l’enseignement des savoir-être et l’orientation professionnelle. |
Cependant, aucun ouvrage didactique officiel n’existe actuellement. Ce manque de supports est un réel problème pour les professeurs qui rencontrent beaucoup de difficultés à enseigner des préceptes parfois abstraits et souvent subjectifs. Actuellement, la principale méthode utilisée par les écoles est l’organisation de visites dans les musées et les monuments historiques.
Les professeurs insèrent également ces valeurs dans certaines disciplines comme l’éducation civique, l’histoire, la littérature ou la musique, en dépit du fait qu’ils ne soient pas formés pour donner des cours de ce type. Certains s’appuient sur des situations ou des comportements de personnages de romans ou sur des ouvrages sociologiques, comme «Bouillon de poulet pour l’âme», devant des élèves souvent peu intéressés. En bref, ces enseignements ne sont guère efficaces.
Face à ces difficultés, le ministère de l’Éducation et de la Formation devrait prochainement publier un manuel officiel sur le renforcement des compétences clés dans certaines disciplines et activités extrascolaires. Selon le Docteur Hô Van Liên, chef de la Faculté de psychologie pédagogique de l’École supérieure normale de Hô Chi Minh-Ville, «ce support devra déterminer et expliquer avec exactitude les objectifs de ces formations pour chaque cycle (primaire, secondaire), conformément aux différents besoins. Ce qui facilitera le travail des enseignants et élèves».
Toutefois, avec ou sans manuel, le rôle des enseignants dans la transmission de ces compétences psychosociales reste essentiel : ils ont leurs propres valeurs, sont le concepteur, le guide et l’organisateur de diverses activités à travers desquelles ces valeurs seront inculquées.
Hoàng Lan/CVN