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Le président Emmanuel Macron (gauche) et Vanik Berberian, président de l'Association des maires ruraux de France, lors d'une réunion à l'Élysée, le 14 janvier à Paris. |
"C'est un exercice inédit qui doit permettre aux Français de dire ce qu'ils souhaitent. Il faut que ce soit bien organisé, avec des principes de transparence et d'impartialité", a insisté le Premier ministre Edouard Philippe lundi soir 14 janvier en précisant les modalités pratiques autour des 35 questions fixées par le chef de l'État dans une lettre aux Français. Emmanuel Macron lancera le débat sur le terrain mardi en se rendant dans une petite commune de l'Eure, Grand Bourgtheroulde, aux côtés de 600 maires et élus de Normandie, qu'il va surtout "écouter", selon l'Élysée. "Cela ne sert à rien", "inutile": sur place, la venue du chef de l'État laissait lundi 14 janvier les habitants sceptiques sur les chances que cette initiative mette fin aux mobilisations des "gilets jaunes".
L'opposition s'interrogeait, elle, sur une possible reprise en main de l'exécutif, après la fin de mission de la Commission nationale du débat public et de sa présidente Chantal Jouanno. Pour y répondre et garantir l'indépendance du débat de deux mois, l'exécutif a missionné lundi 14 janvier un collège de cinq "garants" dont les noms ne seront dévoilés que "vendredi". Deux de ces cinq personnes seront désignées par le gouvernement, tandis que les trois autres seront nommés respectivement par le président de l'Assemblée nationale Richard Ferrand (LREM), le président du Sénat Gérard Larcher (LR) et celui du Conseil économique, social environnemental, Patrick Bernasconi.
Selon plusieurs sources, l'ancien patron de La Poste et de la RATP Jean-Paul Bailly, 72 ans, figurera parmi les "garants" désignés par le gouvernement. Contrairement à l'ex-dirigeante de la CFDT Nicole Notat, dont le nom avait été cité. Les deux ministres Sébastien Lecornu et Emmanuelle Wargon sont eux "chargés de faire vivre le débat". Edouard Philippe a défendu ces nominations: "il ne s'agit pas pour les ministres de dire ce qu'il doit y avoir dans le débat, il s'agit de faire en sorte que l'ensemble de l'administration, l'ensemble de nos interlocuteurs soient mobilisés."
Les cinq "garants" veilleront "à la régularité de la méthode et à celle des travaux d’analyse et de synthèse des contributions recueillies. Ils formuleront toutes les recommandations qu’ils jugeront nécessaires pour satisfaire aux exigences de transparence et d’impartialité", a ajouté le cabinet du Premier ministre. Ce débat ne sera "ni une élection, ni un référendum", a prévenu le chef de l'État dans sa lettre aux Français. Dévoilée dimanche soir 13 janvier, elle trace des lignes rouges, comme la suppression de l'ISF, mais ouvre la porte à des réformes importantes comme le référendum d'initiative citoyenne.
En attendant, Emmanuel Macron a reçu lundi 14 janvier une quinzaine de maires de communes rurales venus lui remettre les doléances exprimées ces dernières semaines. "Il est important que le gouvernement écoute ce que les citoyens ont à dire", a averti Vanik Berberian, le président de l'Association des maires ruraux de France (AMRF). Le président multipliera les déplacements pendant deux mois pour inciter les Français à participer et "rendra compte directement" du débat dans le mois suivant sa fin. Selon un sondage OpinionWay diffusé lundi 14 janvier, près d'un Français sur deux a l'intention de participer au grand débat, mais ils ne sont que 31% à penser qu'il permettra de sortir de la crise des "gilets jaunes".
- "Enfumage" –
Quatre grands thèmes sont sur la table: pouvoir d'achat, fiscalité, démocratie et environnement. Est exclue toute remise en cause de l'IVG, de la peine de mort et du mariage pour tous.
Montage photos du 14 janvier de la ministre de la Transition écologique Emmanuelle Wargon et du ministre des Collectivités territoriales Sébastien Lecornu. |
Mais la consultation est contestée avant même d'être lancée. Nombre de "gilets jaunes" nient sa légitimité, affirmant que le vrai débat est "dans la rue". Emmanuel Macron "veut pas parler, il veut pas revenir sur l'ISF, il veut revenir sur rien", a réagi André Jacquemot, un "gilet jaune" de 67 ans dans un rond-point de Somain (Nord) qui dénonce un "enfumage". Les "gilets jaunes" ont montré samedi leur détermination en défilant plus nombreuse que la semaine précédente (84.000 dans toute la France contre 50.000), avec globalement moins de violence.
Dans l'opposition, Jordan Bardella, tête de liste du Rassemblement national pour les élections européennes, ne voit dans le grand débat que "du vent" quand La France Insoumise rejette "un enfumage". Le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, souhaite, lui, que les socialistes "se fassent entendre". Les écologistes aussi, a assuré Yannick Jadot, tête de liste EELV aux européennes, tout en avertissant que "si Macron triche avec les Français, le risque est que la démocratie s'affaisse encore plus".
AFP/VNA/CVN