Un disque pour réconcilier le passé avec le présent

Hanoi Masters : war is a wound, peace is a scar est un pièce unique dans la musique vietnamienne, mêlant des souvenirs de guerre avec des instruments traditionnels. Une leçon d’histoire, d’humanité et d’amour universel pour les sons.

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L’artiste Vo Vân Anh.

Fruit d’un partenariat entre l’Américain Ian Brennan, un producteur spécialisé dans la world music, et Vo Vân Anh, une joueuse vietnamienne de dàn tranh (un instrument à 16 cordes) vivant aux États-Unis, le disque compile des mémoires de guerre accompagnées par de la musique traditionnelle vietnamienne. Le deux artistes se sont retrouvés au Vietnam pendant l’été 2014 pour démarrer le projet produit par la maison de disque allemande Glitterbeat.

En 2015, le quotidien britannique The Guardian a publié un long article qui ne tarissait pas d’éloge sur le disque. «Hanoi Masters offre une fenêtre sur la beauté austère mais puissante de la musique traditionnelle vietnamienne, et présente la nature de la musique comme un baume et la réponse à la plus sauvage des guerres», pouvait-on y lire.

Vo Vân Anh a partagé avec le reporter de ce quotidien ses propres souvenirs liés à la guerre. «Ma grande sœur est née en novembre 1972. Mais à peine a-t-elle vu le jour que notre mère l’a prise pour se cacher dans un abri lorsque le Nord du Vietnam était bombardé. La toute jeune maman confia que c’étaient les moments les plus redoutables de son existence», raconte-t-elle. À ce moment-là, la musique était un «abri paisible» pour sa famille. Le père de l’artiste allait au champ de bataille pour jouer de la guitare dans l’espoir d’encourager les soldats.

Compiler des trésors musicaux

+Hanoi Masters : war is a wound, peace is a scar+ offre un nouveau visage à la musique traditionnelle vietnamienne au monde entier.

Avec des titres évocateurs, comme Vê quê (Retourner au pays natal) du musicien Pho Duc Phuong, Quê me (Le village natal) de Vo Tuân Minh, ces œuvres ont été interprétées essentiellement avec des dàn nguyêt (luth lune), des dàn tranh (un instrument à16 cordes), des dàn bâu (monocorde) et des dàn K’ni - un «violon à bouche». Il faut noter que tous les artistes ont vécu pendant la guerre, et certain d’entre eux étaient même des soldats.

D’après Vo Vân Anh, les artistes qui vivaient dans la phrase de guerre comprennent bien la valeur d’une vie pacifique. Et pour elle, le son de leurs instruments vient tout droit du cœur.

Le disque sera présenté dans le cadre du Festival artistique international (World of music, arts and dance - WOMAD) à Londres, prévu du 28 au 31 juillet.

Selon l’article publié dans The Guardian, Ian Brennan s’est dit très intrigué par les tons orignaux des instruments vietnamiens, et notamment du dàn K’ni qu’il qualifie même «d’extraterrestre». Pour lui, plusieurs instruments traditionnels présents sur l’album sont précurseurs de genres et de techniques que l’on retrouve dans le rock occidental.

Vo Vân Anh a affirmé que la musique reflète la culture, l’histoire et la tradition d’une nation. Cette dernière offre de bonnes fondations et racines pour quiconque. Mais «comme n’importe quel arbre, pour vivre, les racines seules ne suffisent pas. Il doit apprendre à s’adapter aux nouvelles conditions pour donner de beaux fruits».


Hoàng Phuong/CVN

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