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Le réalisateur de "Ma vie de courgette", Claude Barras, le 21 octobre 2016 à Lausanne. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Après la coproduction française La Tortue rouge de Michael Dudok de Wit (plus de 300.000 entrées), le succès de Ma vie de courgette de Claude Barras (plus de 550.000 depuis octobre), ou le plus discret mais salué par la critique Louise en hiver de Jean-François Laguionie (27.346 depuis fin novembre), deux nouveaux films d'animation hexagonaux très différents arrivent sur les écrans.
Ballerina d'Eric Summer et Eric Warin, histoire d'une jeune orpheline qui rêve de devenir danseuse étoile à l'Opéra, est un mastodonte au budget de 30 millions de dollars, sur lequel ont travaillé 200 personnes. Le film s'inscrit "dans la tradition des films grand public des studios" américains, souligne Laurent Zeitoun, l'un de ses producteurs avec Yann Zenou et Nicolas Duval-Adassovsky de Quad Productions (Intouchables), dont Ballerina marque la première incursion dans l'animation.
La Jeune fille sans mains de Sébastien Laudenbach, adaptation poétique d'un conte des frères Grimm, a de son côté été fait quasiment tout seul par son auteur avec seulement 409.000 euros de budget. Ces deux films, "c'est clairement deux modèles de production, de création quasiment opposés", souligne Cécile Noesser, responsable de l'Observatoire de l'Association française du cinéma d'animation (AFCA).
Deux modèles d'une animation française dynamique, troisième au monde derrière les filières américaine et japonaise. La créativité française s'explique par l'excellence des écoles d'animation hexagonales, le système de soutien public et une forte tradition graphique venue aussi de la bande dessinée, "une culture visuelle énorme quand on compare à d'autres pays", souligne le réalisateur néerlandais Michael Dudok de Wit.
"Une claque" en 2015
Le réalisateur de "La Tortue rouge", Michael Dudok de Wit, à Paris, le 7 décembre 2016. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Il existe d'un côté "un modèle plus spécifiquement français", avec "des projets d'auteur et une forte originalité graphique et narrative", qui s'est développé depuis 20 ans dans le sillon de Kirikou et la sorcière de Michel Ocelot (1998), souligne Cécile Noesser. En parallèle, ajoute-t-elle, une filière devient "de plus en plus visible", proposant "des grosses machines capables de concurrencer les Américains sur le modèle de Ballerina ou du Petit Prince", qui a réalisé près de 2 millions d'entrées en France et 15 millions à l'étranger en 2015.
"Pour le long métrage en France, il se passe des choses très excitantes depuis deux ans, avec des films très différents et de qualité", souligne Isabelle Vanini, programmatrice du Festival Carrefour du cinéma d'animation, qui se tient jusqu'à dimanche 11 décembre au Forum des images à Paris.
Après Tout en haut du monde ou Adama en 2015, le trio de films présentés cette année au Festival de Cannes - La Jeune fille sans mains, Ma vie de courgette et La Tortue rouge - illustre cette diversité. Six coproductions françaises sont aussi en lice pour l'Oscar du meilleur film d'animation dont Le Petit Prince, Ma vie de courgette et La Tortue rouge.
Mais si la créativité et la renommée sont là, le succès en salles n'est pas toujours au rendez-vous. L'échec relatif l'an dernier de plusieurs films d'auteur, dont Adama (70.485 entrées), Dofus (84.588) et Avril et le monde truqué (139.658) avait "été un peu une claque parce que c'était une grande année pour le long métrage français", explique Isabelle Vanini.
"Pour cette famille de films aujourd'hui, les succès sont rares", renchérit Marc Bonny, directeur de Gebeka films, qui distribue Louise en hiver et Ma vie de courgette. "Ma vie de courgette, qui va bientôt être à 600.000 entrées, c'est très bien", dit-il.
"Mais dès que l'on est sûr des films d'auteur plus confidentiels (...), ce n'est vraiment pas évident", poursuit Marc Bonny. "Les distributeurs ont tendance à être plus prudents aujourd'hui qu'il y a deux ou trois ans."
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