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Sébastien Laudenbach, réalisateur de "La Jeune fille sans mains", son premier long métrage, à Paris le 30 novembre 2016. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Mis en voix par les comédiens Anaïs Demoustier et Jérémie Elkaïm, présenté au Festival de Cannes dans la sélection parallèle de l'Acid, le film raconte l'histoire d'une jeune femme, fille de meunier, privée de ses mains par la hache de son père après un pacte avec le diable.
Pour échapper à un sombre destin et à celui qui l'a trahie, elle décide de fuir loin des terres arides de son enfance. Un périple au cours duquel elle va rencontrer l'amour d'un prince et reprendre goût à la vie.
Réalisée avec peu de moyens (409.000 euros de budget), la graphie de ce film est faite de tâches de couleur et de traits dessinés au pinceau. Elle évolue en pointillé et joue sur les transparences, laissant au spectateur le choix de combler les vides volontaires de l'auteur.
Sébastien Laudenbach - auteur de sept court métrages et enseignant aux Arts décoratifs - est parti du postulat que l'animation, lorsqu'elle est soumise à une contrainte financière, peut faire l'économie de l'information contenue dans l'image, mais pas du mouvement.
"C'est ainsi que chaque dessin, pris individuellement, est incompréhensible. Il n'acquiert un sens que lorsqu'il est animé avec les autres", explique le réalisateur de 43 ans, qui estime avoir expérimenté un langage et processus de travail singuliers, "peu utilisés dans l'animation".
"Ce qui était une contrainte financière au départ est devenu un langage visuel", dit-il.
La narration du film, qui s'évade parfois dans des envolées abstraites, est accompagnée par un travail très précis sur le son et une bande originale rock, composée à la guitare électrique par Olivier Mellano.
Abandonné durant plusieurs années faute de moyens de production, le projet, né en 2001, a été repris de zéro en 2013 par le réalisateur, qui a souhaité "réécrire le conte avec des dessins", alors qu'il passait un an à la Villa Médicis à Rome.
"Mon objectif était de faire l'intégralité de l'animation pendant mon temps de résidence italienne. Et donc il fallait que je fasse 20 secondes par jour. J'ai fait le film dans sa continuité, du premier plan jusqu'au dernier, en me laissant complètement libre", a-t-il raconté.
"Le style graphique vient d'une certaine économie et d'une combinaison entre le plaisir du dessin sur papier au pinceau et la rapidité d'exécution", ajoute le réalisateur, qui dit être influencé notamment par l’œuvre du peintre français Maurice Denis, membre du mouvement artistique post-impressionniste des Nabis.
Façonnant son projet à Rome, puis à Paris, Sébastien Laudenbach a évolué "à l'instinct", sans jamais s'appuyer sur un scénario ou un storyboard. "J'ai dessiné comme un fou, pendant des jours et des jours", explique-t-il.
Après avoir au début auto-financé son projet, Sébastien Laudenbach a été rejoint par un producteur et a trouvé des aides et des partenaires pour finir le film.
Seul aux commandes de l'animation, le cinéaste s'est ensuite fait épauler, au moment de sa colorisation par une toute petite équipe - trois pour le traitement des images, une vingtaine en tout -, à qui il a demandé de travailler "à la sensation".