>>Un bon bol d'air après deux mois de confinement
>>Premier week-end déconfiné : vers la Grande Bleue ou au vert
Cyclisme et jogging le long d'une rive du lac d'Annecy (Haute-Savoie), le 17 mai. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Comme certains Français, ravis de pouvoir à nouveau profiter librement des grands espaces, les kitesurfers sont de retour à Leucate, sous l'œil attentif d'une quinzaine de pompiers chargés de la surveillance et de la prévention.
"Ici la plage c'est 80 hectares, c'est immense. À 4m² par personne, on peut y mettre 200.000 personnes!", explique le maire de cette commune de l'Aude, Michel Py.
Bain de mer de Nice au Touquet en passant par l'île de Ré, rando en montagne, balades en forêts, vélo à Martigues ou farniente au soleil sur les quais de Seine à Paris, égayent ainsi le week-end de nombreux Français.
Micha, 5 ans, s'essuie les mains sur la nappe à carreaux étendue sur le bord du canal Saint-Martin à Paris, après avoir englouti chips et tomates cerise. "C'est notre premier pique-nique. On est très peu sortis pendant le confinement", dit son père Julien, enseignant à l'université de Saint-Denis.
Plus loin, Arthur, étudiant à Sciences Po de 25 ans, attaque le tome 2 du "Comte de Monte Cristo" : l'aventure d'Alexandre Dumas à été son "compagnon de confinement". Richard, prof d'anglais, écluse une bière solitaire et un "chagrin" dont il n'a "pas envie de parler. Merci".
Esprit de "résistance"
À Châlons-en-Champagne, environ 500 fidèles, dans quelque deux cents véhicules se sont rangés à un mètre l'un de l'autre sur le parking du hall des expositions pour une messe célébrée par l'évêque local.
Des automobilistes garés sur un parking assistent à une messe en plein air célébrée par Mgr François Touvet, l'évêque de Châlons-en-Champagne, le 17 mai. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Mais ce retour à la "vie d'avant" se fait sous conditions : en vertu des règles en vigueur depuis lundi dernier, au terme de deux mois de confinement, les escapades restent limitées dans un rayon de 100km, et dans le respect des gestes barrière.
Devant le petit monument aux morts de Dizy-le-Gros (Aisne) où il rendait hommage au général de Gaulle, 80 ans après la Bataille de France, Emmanuel Macron a fait allusion à la crise sanitaire, en célébrant l'esprit de "résistance" et l'unité.
"De Gaulle nous dit que la France est forte quand (...) se tient unie, quand elle cherche la voie de la cohésion au nom d'une certaine idée de la France, qui nous rassemble par delà les discordes alors devenues accessoires", a-t-il lancé.
Après les commerces, hors restaurant et bars, et les écoles primaires et maternelles, ce sera lundi au tour d'une partie des collégiens de retrouver le chemin des classes.
Ils doivent être environ 150.000 jeunes de 6e et 5e à retrouver leurs professeurs en début de semaine, mais seulement dans les zones "vertes" établies par le gouvernement. Soit 85% des collèges en France, c'est à dire 4.000 établissements.
25 clusters
Au niveau national, la France a enregistré moins de 100 décès (96) en 24 heures, pour un bilan qui atteignait samedi 27.625 morts au total.
Le président français Emmanuel Macron s'exprime, le 17 mai à La-Ville-aux-Bois-les-Dizy. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Le nombre de patients en soins intensifs baisse toujours, avec 2.132 cas graves en réa contre plus de 7.000 début avril. Mais signal plus inquiétant: les hôpitaux ont accueilli plus de nouveaux patients ces dernières 24 heures qu'ils ne l'avaient fait il y a une semaine.
Trente-quatre cas de COVID-19 ont été confirmés samedi 16 mai au sein d'un abattoir de Fleury-lès-Aubrais (Loiret), près d'Orléans et les quelque 400 autres salariés subiront un dépistage d'ici à mardi.
"Depuis lundi, nous avons identifié 25 clusters sur notre territoire. Le système mis en place pour tester, isoler et casser les chaînes de contamination est opérationnel", a assuré le ministre de la Santé, Olivier Véran, au Journal du dimanche, ajoutant que "vendredi 15 mai, nous en étions à plus de 50.000 tests réalisés par jour".
Nouveaux cas, hospitalisations, admissions en réa, taux de reproduction du virus... Ces indicateurs clés sont surveillés de très près pour pouvoir réagir en cas de rebond problématique de l'épidémie et d'une éventuelle "deuxième vague". Mais les scientifiques s'accordent à considérer qu'aucun bilan ne pourra être tiré avant au moins deux semaines.
Municipales en juin ?
Attendu au tournant par les soignants, en première ligne face au coronavirus, Olivier Véran reconnaît qu'il faut "travailler sur une augmentation (des salaires), au-delà des primes", citant la rémunération des infirmiers qu'il souhaite "rapidement" remonter "au moins à la moyenne européenne".
Il organisera le 25 mai un "Ségur de la santé" avec une "grande réunion multilatérale des partenaires sociaux" en vue d'un plan "cet été". Une annonce qui toutefois laisse dubitatifs les représentants du secteur, qui craignent un énième plan sans impact réel sur les salaires des personnels hospitaliers.
"On s'est dit : et de trois !" a réagi Thierry Amouroux, porte-parole du syndicat national des professionnels infirmiers sur Europe 1 : "Il y a eu le grand plan Ma santé 2022, le grand plan hôpital de novembre dernier annoncé par le Premier ministre et puis là il y a le Ségur de la santé".
Autre sujet sensible sur la table du gouvernement : la date du second tour des municipales, reporté en mars. La décision s'appuiera d'abord sur un rapport du Conseil scientifique, attendu en début de semaine. Mais d'ores et déjà, l'hypothèse de tenir le 2e tour fin juin, vraisemblablement le 28, a fait son chemin à l'Élysée et Matignon.