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Le ministre français de l'Économie, Bruno Le Maire (gauche), s'adresse par visioconférence avec son homologue allemand depuis Bercy le 7 avril pour le sommet de l'Eurogroupe. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Après 16 heures de discussions, nous nous sommes rapprochés d'un accord, mais nous n'y sommes pas encore. J'ai suspendu l'Eurogroupe", qui continuera "demain, jeudi 9 avril", a annoncé sur Twitter Mario Centeno, le président de l'Eurogroupe.
"Mon objectif reste le même: un filet de sécurité européen solide contre les retombées du COVID-19 (pour protéger les travailleurs, les entreprises et les pays) et s'engager dans un plan de relance important", a-t-il ajouté.
"Avec (le ministre des Finances allemand) Olaf Scholz, nous appelons tous les États européens à être à la hauteur des enjeux exceptionnels pour parvenir à un accord ambitieux", a pour sa part écrit le Français Bruno Le Maire sur le réseau social.
La visioconférence, qui a débuté vers 16h30 (14h30 GMT) mardi 7 avril, s'est poursuivie toute la nuit, pendant laquelle se sont multipliées les discussions en petits groupes pour tenter de sortir de l'impasse.
Cette rencontre constituait un test décisif pour l'unité des 27, qui continuent pourtant d'étaler leurs divisions, après l'échec d'un sommet des chefs d'État et de gouvernement consacré à la crise le 26 mars.
Face à la pandémie, la réponse européenne à court et moyen terme doit s'orienter sur trois axes principaux, qui semblaient initialement remporter l'adhésion des ministres : jusqu'à 240 milliards d'euros de prêts du fonds de secours de la zone euro, un fonds de garantie pour les entreprises et un soutien au chômage partiel.
Mais les pays les plus affectés par le virus, en particulier l'Italie, continuent de réclamer, en plus, la création d'un instrument de dette commun - sous la forme d'euro-obligations parfois appelées "coronabonds" ou "eurobonds" - destiné à relancer l'économie sur le long terme une fois la crise passée.
Parmi ces pays figurent aussi l'Espagne et la France, ainsi que la Grèce, Malte, le Luxembourg ou l'Irlande, selon des sources concordantes. "Les eurobonds représentent une réponse sérieuse et adaptée", avait insisté lundi soir 6 avril le chef du gouvernement italien Giuseppe Conte, dont le pays est le plus touché en Europe (plus de 17.127 morts).
L'Italie, confrontée à l'opposition des pays du Nord de l'Europe (Allemagne et Pays-Bas en tête), avait déjà, avec Madrid, entraîné l'échec du sommet consacré à la riposte de l'Union fin mars.
La mutualisation des dettes constitue une ligne rouge pour Berlin et La Haye, qui refusent de s'engager dans un emprunt commun avec des États très endettés du Sud, qu'ils jugent laxistes dans leur gestion.
Le Danemark, l'Autriche, la Suède et les pays baltes sont dans leur camp, a indiqué une source européenne. La France espérait offrir un compromis, en proposant un "fonds de relance" capable d'émettre de la dette commune aux États membres, mais limité aux services publics essentiels, comme la santé, ou aux filières menacées.
Plutôt que de débattre sur un hypothétique financement commun, les pays du Nord préfèrent pour l'instant se concentrer sur les instruments déjà existants pour contrer le choc économique, en particulier le Mécanisme européen de stabilité (MES), créé en 2012 lors de la crise de la dette de la zone euro.
AFP/VNA/CVN