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La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le président du Conseil européen Charles Michel, à Bruxelles, le 24 mai. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Au premier jour de leur sommet, les chefs d'État et de gouvernement de l'UE s'étaient rapidement accordés lundi 24 mai soir sur un nouveau train de sanctions contre le Bélarus.
Soucieux de coordonner la réouverture progressive de leurs frontières à l'approche de l'été, les Vingt-Sept ont salué mardi 25 mai l'élaboration d'un "certificat numérique européen COVID", appelant à sa "mise en place rapide", selon les conclusions de la réunion.
Eurodéputés et États membres s'étaient entendus la semaine dernière sur ce pass destiné à faciliter les voyages dans l'UE à partir du 1er juillet. Attestant qu'une personne est vaccinée, immunisée ou qu'elle a passé un test négatif, ce dispositif est jugé crucial par la Croatie, l'Espagne ou la Grèce, très dépendants du tourisme.
Certains États veulent cependant garder le droit d'imposer aux titulaires de ces certificats des restrictions (quarantaine ou test supplémentaire) : "Tout dépend de la situation sanitaire dans votre pays, et dans celle du voyageur. Cela va être complexe", confirme le ministre irlandais des Affaires européennes, Thomas Byrne.
Quelque 170 millions de personnes dans l'UE (46% de la population adulte) auront été vaccinées au 30 mai, selon la Commission européenne, qui vise un taux de 70% d'ici fin juillet.
"Jeu à somme nulle"
Le president français Emmanuel Macron et la chancelière allemande Angela Merkel lors du sommet européen à Bruxelles, le 24 mai. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
En revanche, les dirigeants ont affiché leurs profonds différends sur le futur plan d'action climatique que proposera mi-juillet la Commission en vue d'atteindre la neutralité carbone du continent en 2050.
Les Vingt-Sept s'étaient accordés en décembre pour réduire les émissions de gaz à effet de serre dans l'UE d'au moins 55% d'ici 2030 par rapport à 1990, mais sans lignes directrices concrètes.
Au cœur du débat, le système répartissant entre les pays les efforts de réduction des émissions, qui comprend des secteurs (transports, bâtiment, agriculture, gestion des déchets...) exclus actuellement du marché des droits d'émissions carbone (ETS) réservé au secteur de l'énergie et à l'industrie.
"Il s'agit d'un jeu à somme nulle, puisqu'il faut partager entre nous un effort donné. Si je diminue mon effort (de réduction d'émissions), on augmente celui d'un autre", commentait un diplomate.
La discussion porte sur les critères de répartition : doit-elle se fonder sur le seul PIB, alors que les pays les plus développés ont déjà massivement sabré leurs émissions et que les moins favorisés dépendent d'énergies fossiles et de secteurs polluants ?
"Chaque État membre doit faire sa part", a martelé mardi 25 mai le chancelier autrichien Sebastian Kurz, alors que Pologne, Roumanie ou encore Bulgarie se disent préoccupées du coût économique et social de nouvelles exigences climatiques.
Par ailleurs, intégrer le transport routier, le fret maritime ou le bâtiment dans le marché du carbone, comme y réfléchit la Commission, est "une question hautement sensible, on ne peut pas avoir d'accord écrit là-dessus avant les propositions de la Commission", prévenait un diplomate.
"Transformation équitable"
Signe des divisions, un paragraphe entier des conclusions provisoires consultées par l'AFP -qui mentionnait la nécessité de "réaffirmer des objectifs nationaux dans les efforts de partage" des réductions d'émissions- a disparu du communiqué final.
Les Vingt-Sept "y reviendront en temps opportun quand la Commission aura soumis ses propositions", indique simplement le texte adopté.
"Il y a eu un échange dense, utile, nécessaire pour permettre à chaque Etat d'exprimer ses priorités et préoccupations", a estimé le président du Conseil européen, Charles Michel.
"Si donner un prix au CO2 est la solution la plus juste et efficace, cela vaut le coup de se pencher sur la compensation sociale (...) Cette transformation doit être équitable sinon elle n'aura pas lieu", a reconnu devant la presse la présidente de la Commission Ursula von der Leyen.
Après les propositions de Bruxelles, "des simulations (sur) les efforts par pays mais aussi par secteurs économiques" permettront d'évaluer "la soutenabilité des choix industriels qu'ils imposent et les mécanismes d'accompagnement envers les pays pour qui les efforts et les conséquences sociales sont les plus importants", a assuré le président français Emmanuel Macron.