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La gare quasi-vide de Stuttgart, en Allemagne, le 27 mars, alors qu'un mouvement de grève d'une ampleur rare pour l'Allemagne paralyse le secteur des transports. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
L'envolée des prix a durci les négociations salariales dans la première économie européenne. Les grèves se multiplient depuis le début de l'année, des écoles aux hôpitaux, en passant par la Poste. Les usagers doivent s'armer de patience lundi 27 mars dans tout le pays où trains, bus, tramways, avions sont rares. Le fret maritime et fluvial, les sociétés d'autoroutes sont aussi concernées par cet arrêt de travail.
Ce ne sera peut-être pas le dernier, prévient Freddie Schwarze, un employé de l'aéroport de Munich : "nous sommes prêts à d'autres grèves. Nous avons commencé et nous ne nous arrêterons pas".
Georg Bachmaier, qui travaille à l'Office fédéral des voies navigables et de la navigation, dit s'être joint au mouvement parce que "nous n'avons plus de quoi vivre". "Les frais de chauffage sont extrêmes, l'essence pareil, nous devons réfléchir à chaque fois que nous faisons les courses", assure-t-il. Les prix se sont envolés depuis plus d'un an en Allemagne, avec une inflation qui a atteint 8,7% en février.
Grosse participation
Contrairement à des pays comme la France, un tel mouvement unitaire entre les syndicats EVG et Ver.di, représentant respectivement 230.000 salariés des sociétés ferroviaires et 2,5 millions d'employés des services, est extrêmement rare.
Cette grève dite "d'avertissement" coïncide avec le début, lundi 27 mars, du troisième round de négociations tarifaires entre les employeurs et le syndicat Ver.di qui réclame 10,5% de revalorisation des salaires.
Les employeurs (États, communes, entreprises publiques) proposent une augmentation de 5% avec deux versements uniques de 1.000 et 1.500 euros. "Il s'agit de la plus grosse participation à une grève depuis des années", s'est félicité Franck Werneke, patron du syndicat Ver.di.
Panneau d'affichage sans train au départ à la gare centrale de Berlin à cause de la grève dans les transports, le 27 mars. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Sur les écrans de la gare de Friedrichstrasse, dans le centre de Berlin, s'affichent retards et annulations. Beaucoup d'usagers comprennent le mouvement tandis que d'autres s'irritent : "C'est très bien. Il faut être attentif à l'énorme travail accompli par les grévistes", confie Steffi Wisser, une caissière de 46 ans. Angelika Koch, une retraitée de 65 ans souligne qu'elle aussi "gagne peu d'argent", mais "la grève est une spirale sans fin, cela ne sert à rien", tranche-t-elle.
"Modèle" français
La fédération des aéroports allemands (ADV) a dénoncé une stratégie "d'escalade des grèves sur le modèle de la France", où les journées de mobilisation se succèdent contre la réforme des retraites. "L'Allemagne est loin d'être championne d'Europe des jours de grève", a répliqué Martin Burkert, président du syndicat EVG.
Le terreau est de plus en plus favorable au mouvement social en Allemagne, où la recherche du consensus caractérise habituellement les relations entre patronat et syndicats. "Il y a eu plus de grèves ces dix dernières années en Allemagne que dans les décennies précédentes", observe Karl Brenke, expert de l'institut économique DIW.
Avec un niveau de chômage particulièrement bas depuis la fin des années 2000, le pays souffre d'un manque de main d'œuvre qui met "en position de force" les syndicats dans les négociations, selon M. Brenke.
Depuis le milieu des années 2010, ceux-ci ont réussi à imposer des augmentations, après une décennie marquée par la politique de modération salariale de l'ère Gerhard Schröder, au nom de la compétitivité.
En 2015, un record a été enregistré, avec plus de deux millions de jours de grève dans l'année. Les salaires réels ont augmenté systématiquement de 2014 à 2021, sauf en 2020 en raison de la pandémie de COVID-19. La dynamique a été brisée par l'inflation en 2022, avec une baisse de 3,1%.
"Partout, nous rencontrons des gens qui disent : + vous avez raison de demander de l'argent. Nous vous comprenons. L'inflation est trop élevée et les salaires doivent augmenter +", assure Philipp Schumann, un membre du syndicat Ver.di en grève à Francfort (ouest).
Fin 2022, près de quatre millions de salariés allemands de l'industrie ont décroché une hausse de salaires de 8,5% sur deux ans, après plusieurs semaines ponctuées par des arrêts de travail.
AFP/VNA/CVN