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>>Turquie : 754 militaires arrêtés en lien avec la tentative de putsch
Des dizaines de milliers de personnes, brandissant souvent des drapeaux turcs se rendent à l'aéroport d'Istanbul pour accueillir M. Erdogan. |
"Cette tentative de coup a été mise en échec", a dit devant la presse à Istanbul le général Ümit Dündar, chef de l'armée turque par intérim, confirmant que 90 personnes - 41 policiers, deux soldats et 47 civils - avaient été tuées dans les violences qui ont opposé les rebelles aux forces loyalistes ainsi qu'à des dizaines de milliers de personnes descendues dans les rues du pays.
Malgré cette annonce, le président Erdogan a demandé aux Turcs de rester dans les rues. "Nous devons continuer à être maîtres des rues (...) car une nouvelle flambée est toujours possible", a-t-il déclaré dans un message sur Twitter.
Les affrontements, avec avions de chasse et chars, ont donné lieu à des scènes de violences inédites à Ankara et Istanbul depuis des décennies. Outre les 90 morts, ils ont fait plus de 1.100 blessés, selon le dernier bilan de l'agence pro-gouvernementale Anadolu. L'armée a également annoncé que 104 putschistes avaient été abattus.
Des dizaines de milliers de personnes, brandissant souvent des drapeaux turcs, ont bravé les militaires rebelles, grimpant sur les chars déployés dans les rues ou se rendant à l'aéroport d'Istanbul pour accueillir M. Erdogan, rentré précipitamment de vacances dans la mégalopole dont il fut longtemps maire et qui est son fief.
C'est peu avant minuit (21H00 GMT) qu'un communiqué des "forces armées turques" avait annoncé la proclamation de la loi martiale et d'un couvre-feu dans tout le pays, après des déploiements de troupes notamment à Istanbul et dans la capitale Ankara.
Les putschistes ont justifié leur "prise de pouvoir totale" par la nécessité d'"assurer et restaurer l'ordre constitutionnel, la démocratie, les droits de l'Homme et les libertés et laisser la loi suprême du pays prévaloir".
Mais M. Erdogan, cible ces dernières années de nombreuses critiques l’accusant de dérive autoritaire, a accusé les soldats rebelles d'être liés à son ennemi juré l'imam Fethullah Gülen, un ancien allié exilé depuis des années aux États-Unis.
"Je réfute catégoriquement ces accusations", a rétorqué ce dernier dans un communiqué. "J'ai souffert de plusieurs coups d’État militaires au cours des 50 dernières années et trouve donc particulièrement insultant d'être accusé d'avoir un quelconque lien avec cette tentative".
"Trahison"
Fethullah Gülen à Saylorsburg, en Pennsylvanie, le 7 janvier 2014. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Depuis Marmaris (Ouest) où il était en vacances, M. Erdogan a immédiatement appelé la population à s'opposer au putsch, dans une intervention en direct à la télévision depuis un téléphone portable.
"Il y a en Turquie un gouvernement et un président élus par le peuple" et "si Dieu le veut, nous allons surmonter cette épreuve", a-t-il lancé.
"Ceux qui sont descendus avec des chars seront capturés", a-t-il renchéri à son arrivée à l'aéroport d'Istanbul, dénonçant une "trahison" devant une foule compacte de sympathisants. Et de féliciter les Turcs pour être descendus "par millions" dans les rues, notamment sur l'emblématique place Taksim à Istanbul, noire de manifestants conspuant les putschistes.
De nombreux hauts responsables militaires s'étaient désolidarisés publiquement dans la nuit des putschistes, dénonçant "un acte illégal" et appelant les rebelles regagner leurs casernes.
Plus de 1.500 militaires ont été arrêtés suite à la tentative de putsch, selon une source officielle, alors que 200 soldats, qui étaient retranchés à l'état-major, se sont rendus. Et le général Dündar a promis "de nettoyer l'armée des membres de structures parallèles", dans une référence évidente aux fidèles de Fethullah Gülen.
Depuis l'arrivée au pouvoir de M. Erdogan, la hiérarchie militaire a été purgée à plusieurs reprises. L'armée de ce pays clé de l'OTAN, qui compte 80 millions d'habitants, a déjà mené trois coups d'État (1960, 1971, 1980) et forcé un gouvernement d'inspiration islamiste à quitter sans effusion de sang le pouvoir en 1997.
Samedi 16 juillet au petit matin, des dizaines de soldats se rendaient aux forces de sécurité sur un des ponts sur le Bosphore à Istanbul, où les rebelles avaient dans la nuit ouvert le feu sur des civils.
Alors que des tirs sporadiques résonnaient encore dans certains quartiers d'Istanbul et Ankara, le Parlement turc s'est réuni en session extraordinaire.
Dans la capitale, un avion avait largué tôt samedi 16 juillet une bombe près du palais présidentiel, aux abords duquel des avions de chasse F-16 ont bombardé des chars de rebelles, selon la présidence, et M. Erdogan a déclaré que l'hôtel où il se trouvait en vacances avait été bombardé après son départ.
"Tentative idiote"
Les condamnations internationales se sont multipliées contre ce que le Premier ministre Yildirim a qualifié de tentative "idiote", "vouée à l'échec".
Le président américain Barack Obama a appelé à soutenir le gouvernement turc "démocratiquement élu", et l'Union européenne a demandé un "retour rapide à l'ordre constitutionnel" assurant "soutenir totalement le gouvernement démocratiquement élu, les institutions du pays et l’État de droit".
Dimanche matin 17 juillet, Moscou a estimé que cette tentative de putsch accroissait "les risques pour la stabilité régionale et internationale".
AFP/VNA/CVN