>>Les démocrates reprennent la Chambre, mais Trump satisfait de garder le Sénat
>>États-Unis: le Parti républicain garde la majorité au Sénat aux élections de mi-mandat
Le président américain Donald Trump, à Cap-Girardeau (Missouri) le 5 novembre 2018. |
Le dirigeant a multiplié les tweets évoquant une "grande victoire", car son parti a non seulement conservé mais renforcé la majorité au Sénat, la puissante Chambre haute du Congrès qui confirme toutes les nominations présidentielles, notamment à la Cour suprême. Les démocrates ont ravi une trentaine de sièges à la Chambre des représentants et devraient en obtenir 229 contre 206 républicains, selon les dernières estimations du New York Times. Au Sénat, la majorité républicaine devrait passer de 51 à 53 sièges, sur 100.
Mais tous les résultats n'étaient pas proclamés mercredi matin 7 novembre, notamment dans trois sénatoriales très serrées en Floride, dans l'Arizona et le Tennessee.
Les démocrates ont aussi gagné sept postes de gouverneurs - chefs de l'exécutif des États - mais ont échoué en Floride, grand État qui sera au centre de l'élection présidentielle de 2020 et que les démocrates croyaient mûr pour la reconquête. La demi-victoire est d'autant plus légitime que la participation a été très forte pour des élections de mi-mandat, sans être toutefois du niveau d'une année présidentielle.
Les chiffres ne sont centralisés par aucune autorité électorale, mais environ 30 millions d'Américains de plus pourraient avoir voté par rapport à 2014, selon le New York Times, soit environ 114 millions contre 83. Le taux de participation est estimé à environ 47% de la population ayant le droit de vote, contre 37% en 2014, selon l'expert Michael McDonald, de l'université de Floride.
Alors que le président Bush avait concédé une "raclée" en 2006, après avoir perdu la Chambre lors de son second mandat, et Barack Obama une "déculottée" en 2010, deux ans après son élection, le 45e président des États-Unis a ainsi assuré qu'il s'agissait d'un "très grand succès".
Dans un tweet sibyllin, il a félicité la chef des démocrates Nancy Pelosi, 78 ans. "En toute bonne foi, Nancy Pelosi mérite d'être choisie comme présidente de la Chambre", a-t-il écrit. Mais, dans un autre tweet, il a averti les nouveaux maîtres de la Chambre.
"Si les démocrates pensent qu'ils pourront gaspiller l'argent du contribuable à enquêter sur nous à la Chambre, alors nous serons probablement forcés d'envisager d'enquêter sur eux pour toutes les fuites d'informations classées, et plein d'autres choses, au Sénat. On peut tous les deux jouer à ce petit jeu!" a-t-il tweeté.
Blocages au Congrès
La nouvelle réalité politique de Washington est qu'à partir de l'entrée en fonction du prochain Congrès, le 3 janvier 2019, Donald Trump ne pourra plus faire adopter ses lois sans transiger avec les démocrates. Ceux-ci ont désormais un droit de veto sur le budget de la nation. Son mur à la frontière mexicaine, qu'il n'avait déjà pas réussi à faire financer dans le Congrès actuel, a toutes les chances de rester virtuel.
Et la Chambre va lancer une myriade d'enquêtes parlementaires sur les conflits d'intérêts, les finances personnelles et les interventions du milliardaire dans l'enquête du procureur spécial sur la Russie. Nancy Pelosi a fixé la feuille de route mardi soir 6 novembre dans un discours de victoire: la nouvelle Chambre "rétablira le devoir constitutionnel de contrôle de l'administration Trump".
Elle "bloquera le parti républicain et les attaques" contre le système de santé, réformé sous Barack Obama. Elle "mettra fin à la domination des riches groupes d'intérêts sur Washington".
"Nous ferons les enquêtes que les républicains refusaient de faire. Nous comblerons les lacunes des enquêtes sur la Russie. Les Américains verront ses feuilles d'impôts", a martelé l'élu démocrate Eric Swalwell, sur NBC. Des lois sur quelques rares sujets consensuels pourront être adoptées, les chefs parlementaires de chaque camp étant habitués à négocier, dit à l'AFP le politologue Larry Sabato, de l'université de Virginie.
"Mais au-delà, la bataille va se durcir. Il y a désormais un veto dans le système pour bloquer Trump et le Sénat", dit M. Sabato à l'AFP.
Bientôt 2020
Donald Trump sera-t-il prêt à des compromis avec les démocrates? Sa conseillère Kellyanne Conway a dit, mercredi matin sur Fox News, que des terrains d'entente étaient concevables sur l'immigration ou les infrastructures. "Le président a déjà montré, depuis deux ans, qu'il était prêt à rencontrer les démocrates", a insisté la conseillère.
Mais ceux qui avaient cru que le président républicain avait pris un tournant pragmatique sur l'immigration en offrant un "deal" sur les clandestins, en septembre 2017, ont vu leurs espoirs douchés.
"La Maison Blanche a montré, de nombreuses fois, qu'elle refusait de négocier un compromis", a répondu le sénateur démocrate Dick Durbin, sur CNN. Le milliardaire s'estime quoiqu'il arrive conforté dans la ligne dure qu'il a adoptée dans la campagne des législatives, qu'il a focalisée sur le danger présenté par l'immigration clandestine.
Il a tweeté mercredi 7 novembre que les candidats qui l'avaient suivi "s'en sont bien tirés". Le président a participé à trente meetings de soutien dans les deux derniers mois. Quant aux autres, "goodbye!" "Il a travaillé dur, attiré d'immenses foules, et cela a évidemment eu un impact positif", a déclaré le chef républicain du Sénat Mitch McConnell. Le combat sur la nomination du juge Brett Kavanaugh à la Cour suprême a, selon lui, galvanisé les électeurs conservateurs.
AFP/VNA/CVN