>>Plus de 90% des pays menacés d'années très chaudes à répétition, selon une étude
>>Somalie : la sécheresse force 2.000 personnes de plus à l'exil en deux jours
>>ONU : 41 milliards d’USD pour l'aide d'urgence à 183 millions de personnes
Des bergers kenyans parmi les carcasses de leurs bêtes victimes de la sécheresse dans le Nord du Kenya, le 29 janvier. |
Trois années ont passé sans véritable saison de pluies et la région enregistre ses conditions les plus sèches depuis 1981, selon l'agence des Nations unies.
La sécheresse a détruit les cultures et provoqué une mortalité animale "anormalement" élevée, obligeant les familles rurales qui vivent de l'élevage et de l'agriculture à abandonner leurs foyers.
L'eau et les pâturages se font rares et les prévisions de précipitations inférieures à la moyenne pour les mois à venir ne font qu'aggraver la misère, a déclaré Michael Dunford, directeur régional du PAM en Afrique de l'Est.
"Les récoltes sont ruinées, le bétail meurt et la faim augmente alors que des sécheresses récurrentes affectent la Corne de l'Afrique", a-t-il ajouté dans un communiqué.
"La situation exige une action humanitaire immédiate" pour éviter la répétition d'une crise comme celle qu'a connue en 2011 la Somalie, où 250.000 personnes sont mortes de faim pendant une sécheresse prolongée.
De l'aide alimentaire est distribuée le long d'une bande aride du Kenya, de l'Éthiopie et de la Somalie, où les taux de malnutrition sont élevés et où quelque 13 millions de personnes risquent de souffrir de la faim au premier trimestre de cette année.
Quelque 5,7 millions de personnes ont besoin d'une aide alimentaire dans le Sud et le Sud-Est de l'Éthiopie, dont un demi-million d'enfants et de mères souffrant de malnutrition.
En Somalie, le nombre de personnes classées comme souffrant de grave faim devrait passer de 3,5 millions à 4,6 millions d’ici mai, à moins que des interventions urgentes ne soient menées.
Dans le Sud-Est et le Nord du Kenya, où le président a déclaré en septembre l'état de catastrophe nationale en raison de la sécheresse, 2,8 millions de personnes supplémentaires ont besoin d’aide.
Comment survivre?
De retour du nord-est du Kenya, le porte-parole du PAM à Genève, Tomson Phiri, s'est montré bouleversé par l'"ampleur" de la sécheresse, décrivant des scènes de bétail "mort de soif et de faim, en grand nombre" le long des routes.
"Nous ne savons pas comment les gens vont survivre", a insisté M. Phiri.
Selon le PAM, 327 millions d'USD sont nécessaires pour répondre aux besoins immédiats au cours des six prochains mois et aider les communautés pastorales à devenir plus résilientes face aux chocs climatiques récurrents.
L'UNICEF vient également en aide à la population en Érythrée, Ethiopie, Somalie et au Kenya, et a un besoin urgent de 123 millions d'USD afin de couvrir les besoins vitaux des plus vulnérables jusqu'à fin juin.
Hawo, 6 ans, souffrant de la faim et malade de la rougeole, dans les bras de son père Ibrahim Ali, dans un hôpital de Mogasdicio, capitale de la Somalie, pays alors touché par la sécheresse, le 15 août 2011. |
"Près de 5,5 millions d'enfants dans ces quatre pays sont menacés par la malnutrition aiguë et on estime à 1,4 million ceux qui souffrent de malnutrition aiguë sévère", un nombre qui pourrait augmenter de 50% sans pluies au cours des trois prochains mois, a indiqué le directeur de l'UNICEF pour l'Afrique de l'Est et australe, Mohamed Fall.
En 2011, l'absence de pluies avait conduit à l'année la plus sèche depuis 1951 dans les régions arides du Kenya, de Somalie, d'Éthiopie, de Djibouti et d'Ouganda.
Selon les experts, les événements météorologiques extrêmes se produisent avec une fréquence et une intensité accrues en raison du changement climatique, et c'est l'Afrique qui en fait les frais en premier, alors que c'est le continent qui contribue le moins au réchauffement de la planète.
AFP/VNA/CVN