Travail et handicap, un mariage plus que nécessaire

Hô Chi Minh-Ville réalise de nombreux efforts pour intégrer les personnes en situation de handicap dans la société, et leur offrir un meilleur accès à l’emploi. Un combat de tous les jours, mené par tous, pour changer aussi le regard et les a priori.

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Un jeune handicapé employé au Centre de recherche et de développement des capacités des handicapés.

Ayant perdu un bras et une jambe à l’âge de six ans, Trân Nguyêt Kiêu a traversé un nombre incalculable de difficultés au quotidien dans le 2e arrondissement de Hô Chi Minh-Ville. Elle y tenait une petite boutique, mais ses revenus étaient insuffisants, d’autant qu’elle devait prendre aussi en charge sa mère âgée. Alertés par sa situation précaire, le Centre de recherche et de développement des capacités des handicapés (DRD) l’a invitée à suivre une formation professionnelle en pâtisserie.

Pour Trân Nguyêt Kiêu, une passion est née et la pousse à ouvrir plus tard une pâtisserie dans son quartier. Mais d’où tient-elle cette énergie et volonté ? «Les handicapés n’ont pas peur des difficultés et de la solitude, car il y a toujours beaucoup de gens à leurs côtés. Ils font constamment des efforts pour lutter contre leur destin, tout en essayant de devenir des citoyens utiles à leur société». L’histoire de Trân Nguyêt Kiêu illustre justement un des exemplaires à Hô Chi Minh Ville.

Puisant leur inspiration dans la célèbre citation de Confucius, «Quand un homme à faim, mieux vaut lui apprendre à pêcher que de lui donner un poisson», l’administration et les organismes de la province de Hô Chi Minh-Ville ont décidé de mobiliser toute la région, entreprises et organisation sociales comprises, pour améliorer la situation des personnes handicapées. Et notamment de leur ouvrir la porte au marché de l’emploi.

Priorité à la formation professionnelle

Des efforts sont consacrés pour favoriser l’accès des handicapés aux métiers et à la formation professionnelle, considérée comme une démarche réaliste visant à les aider à avoir «une canne à pêche» pour s’intégrer pleinement dans la société.

Selon Lê Chu Giang, chef du Département de la protection sociale du ministère du Travail, des Invalides et des Affaires sociales de Hô Chi Minh-Ville, la ville recense environ 15.000 invalides en âge de travailler.

Si 40% d’entre eux ont un emploi, la ville collabore activement avec les entreprises et les organismes publics pour augmenter ce nombre en organisant des formations et des séances d’information.

«Toutefois, pour les aider réellement, il leur faut des postes stables, chose que l’on ne peut obtenir que si tout le monde fait des efforts. Les handicapés doivent, certes, apprendre et développer des compétences professionnelles. Mais les employeurs doivent également s’engager, faire preuve d’une vraie responsabilité sociale, en donnant à ces personnes des conditions favorables et des possibilités de travailler», a déclaré Giang.

Le rôle indispensable des associations

Un cours d'apprentissage dans le Centre de patronage, d'apprentissage et de création d'emplois pour les handicapés de Hô Chi Minh-Ville.
Photo : Minh Thu/VNA/CVN

Pour Hoàng Thi Khanh, président de l’Association de soutien en faveur des handicapés et des orphelins de Hô Chi Minh-Ville, un des programmes clés de son association est de motiver les personnes invalides à chercher un métier tout en organisant des formations professionnelles. Plus de 75 % des personnes qui ont participé au cursus dans leur centre de formation professionnelle ont trouvé un travail. Nombre d’entre elles ont pu même créer une entreprise privée et employer à leur tour d’autres invalides. L’association a soutenu financièrement à juste titre près de 380 handicapés qui souhaitaient ouvrir un petit commerce (bonbons, boissons ou billets de loterie) à hauteur de 817 millions de dôngs. Afin de leur offrir de meilleures conditions, elle a mis à disposition 458 fauteuils roulants, permettant dès lors de faciliter leurs déplacements.

Il souligne également qu’en dehors des programmes de formation et des forums pour l’emploi, l’association accorde chaque année 3218 bourses pour aider les jeunes handicapés à poursuivre leurs études.

Du côté des employeurs, les conceptions évoluent. Nguyên Thi Dung, présidente du Syndicat de l’entreprise d’impression sur emballages Hoang Ha, explique que lorsqu’une nouvelle usine avait été mise sur pied, un des objectifs de la direction était d’introduire les questions de responsabilité sociale au cœur même de son organisation. Et d’inclure dès lors l’embauche d’handicapés. En ce moment, l’entreprise compte dix salariés invalides, rémunérés plus de 3 millions de dôngs par mois. Ils bénéficient de modalités de travail assouplies : quatre jours par semaine à l’usine, et une affectation à des postes appropriés à leur handicap, tels que le contrôle qualité ou l’emballage. «L’important, c’est d’aider les handicapés à retrouver leur confiance en eux et, dans leurs capacités, pour avoir une réelle motivation à vivre plus normalement, à s’intégrer et à tenir leur place dans la société», rappelle Nguyên Thi Dung.

«Prendre en charge les handicapés est une responsabilité à tous les niveaux, de tous et de toute la société, afin de leur donner une vie meilleure. Les organismes publics et les entreprises sont les premiers acteurs dans la prise en charge des handicapés, notamment dans la garantie de leurs droits - à commencer par la non-discrimination, afin qu’ils ne perdent pas confiance et ne se sentent plus comme un fardeau pour les autres», conclut Lê Chu Giang, le chef du Département de la protection sociale du ministère du Travail, des Invalides et des Affaires sociales de Hô Chi Minh-Ville.


Minh Thu/CVN

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