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Le Norvégien Alexander Kristoff premier maillot jaune du Tour de France 2020 après sa victoire au sprint dans la 1re étape, le 29 août à Nice. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Recensé parmi les nombreux coureurs blessés dans leur chair, la principale chance française pour le classement général a mal entamé cette 107e édition sous tension. S'il n'a pas perdu de temps sur ses rivaux, le Franc-Comtois a rallié l'arrivée contusionné et le regard sombre.
"Avec une bonne nuit de récupération, ça devrait rentrer dans l'ordre", a toutefois réagi son patron de l'équipe Groupama-FDJ, Marc Madiot, à la veille des premiers cols de la course.
Sur le podium, Kristoff, vainqueur pour la quatrième fois dans le Tour à l'âge de 33 ans, a endossé le premier maillot jaune de cette édition qui a commencé dans un contexte sanitaire pesant, avec masque obligatoire et strictes restriction d'accès pour le public.
Mais, très vite, l'attention s'est tournée vers les conditions de course. À cause de la pluie qui a transformé la route en patinoire, sur une chaussée rendue très grasse par les intempéries survenant après la longue période sèche de l'été sur la Côte d'Azur.
Par précaution, les temps ont été neutralisés au passage des trois derniers kilomètres, suivant une décision du jury qui a accédé à la demande des coureurs mis en garde par des chutes lors des deux premiers passages sur la Promenade des Anglais. Cette mesure a "sauvé" Pinot pris dans un empilage massif, avec plusieurs coéquipiers, aussitôt après le passage sous la banderole des 3 kilomètres.
Le peloton sur des œufs
Le Français Thibaut Pinot à terre, pris dans une chute collective peu avant l'arrivée de la 1re étape du Tour de France sur la Promenade des Anglais, le 29 août à Nice. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Le peloton, en réalité, a roulé sur des œufs derrière l'échappée de trois coureurs (Gautier, Grellier, Schär) formée dès le début de course. Plusieurs leaders d'équipes se sont retrouvés pris, notamment Julian Alaphilippe, l'Australien Richie Porte et le Colombien Nairo Quintana, sans gravité apparente.
En revanche, Pavel Sivakov, l'un des lieutenants en montagne du vainqueur sortant Egan Bernal, a chuté à deux reprises pour sa découverte du Tour. Touché des deux côtés, coudes ensanglantés, le jeune Russe (23 ans) a navigué à l'arrière de la course.
Après la fin de l'échappée, le peloton, incité à la prudence par toutes ces mésaventures, a observé une trêve à l'entrée des 60 derniers kilomètres alors que plusieurs sprinteurs (Nizzolo et Ewan notamment) étaient distancés.
Cette neutralisation de fait, avec l'Allemand Tony Martin en première ligne pour mener l'opération, a failli être interrompue par l'équipe Astana à 46 kilomètres de l'arrivée qui a commencé à accélérer dans une descente. Quelques virages plus loin, la chute de son leader, le Colombien Miguel Angel Lopez, qui a fait une sortie de route et heurté de plein fouet un panneau de signalisation, a mis fin à ce coup d'audace.
Entre pièges et contraintes
Malgré le ralentissement général au sein d'un peloton détendu, le Néo-Zélandais George Bennett, un des coéquipiers du Slovène Primoz Roglic, a chuté lui aussi dans la dernière descente et a été touché à une épaule.
Cette drôle d'étape s'est dénouée dans les 20 derniers kilomètres, après une tentative de Benoît Cosnefroy. Au sprint, Kristoff a devancé nettement le champion du monde, le Danois Mads Pedersen.
"Je sentais que je pouvais gagner", a commenté le Norvégien, ancien lauréat de Milan-Sanremo et du Tour des Flandres. "Je suis tombé au championnat d'Europe, ma préparation pour le Tour n'était pas très bonne. Mais je me sentais fort sur la fin de l'étape".
Pour Kristoff, le port du maillot jaune risque d'être de brève durée. Avec ses 78 kilos, le sprinteur de l'équipe UAE Emirates doit s'attendre à laisser son bien à la fin de la deuxième étape qui s'attaque aux premiers cols (Colmiane, Turini) de ce Tour sous menace.
Les équipes courent le risque de l'exclusion si deux cas positifs au COVID dans leur effectif, encadrement compris, sont découverts sur une période de sept jours. Sachant qu'une équipe aligne huit coureurs au départ du Tour mais compte au total une trentaine de personnes sur l'épreuve.
Présent au départ de Nice, le ministre français de l'Éducation, également en charge des Sports, Jean-Michel Blanquer, a estimé "très faible" l'hypothèse d'un arrêt de l'épreuve avant son arrivée. Mais "ce genre de choses peut arriver", a concédé le ministre.
Seule certitude, cette 107e édition ne ressemble à aucune autre. Et l'entrée en matière s'est révélée douloureuse pour beaucoup dans un peloton qui, samedi 29 août, a eu plus à redouter des pièges de la route que des contraintes sanitaires.