>>Les gongs, l’âme du Tây Nguyên
>>Tây Nguyên : un héritage culturel inestimable à préserver
Touneh Ma Bio joue du gong. |
Photo : ND/CVN |
Sur fond de gong, de bombarde et de tambour, des jeunes Chu Ru dansent l’Arya, la danse emblématique de leur ethnie que leur a apprise Touneh Ma Bio, l’une des neufs "Artistes émérites" que compte la province de Lâm Dông, sur les hauts plateaux du Centre. Ce titre envié, elle ne l’a pas volé : elle est l’une des rares femmes à avoir consacré toute sa vie à la promotion du patrimoine culturel des Chu Ru.
"Les minorités ethniques écoutent maintenant beaucoup de musique moderne. Ce faisant, elles mettent en danger leur propre identité culturelle… Moi, j’essaie d’y remédier, en apprenant d’abord aux jeunes de ma lignée familiale, puis à tous les jeunes qui le souhaitent, les danses et les chants traditionnels des Chu Ru", confie-t-elle.
Petit à petit, Ma Bio a appris à tous les jeunes de son village, Diom A, à danser et à jouer des instruments de musique traditionnels.
"Je tiens à la culture traditionnelle de mon ethnie, à ses gongs, ses bombardes et ses tambours", dit une de ses élèves.
"Ça fait trois mois que j’apprends avec Ma Bio. Je peux désormais jouer du gong et chanter certaines chansons que j’ai hâte de transmettre aux plus petits", aconte une autre.
Dans sa maison sur pilotis centenaire, Ma Bio conserve des objets typiques des Chu Ru qui ont traversé plusieurs siècles. Pour les autres villageois, dont Ma Sa, elle est un exemple à suivre.
"Ma Bio est l’une des rares femmes Chu Ru à savoir jouer du gong. Grâce à elle, nos jeunes peuvent présenter partout des danses et des chants typiques de notre ethnie. Nous en sommes très fiers", indique-t-elle.
Grâce à Touneh Ma Bio, plusieurs danses et chants anciens ont pu renaître de leurs cendres. En faisant de la restauration du patrimoine culturel Chu Ru sa raison d’être, elle compte poursuivre ses efforts de transmission tant que sa santé le lui permettra.