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Une entrée de la station Shimbashi du métro de Tokyo, géré par Tokyo Metro Co. qui a fait ses premiers pas en Bourse. Photo prise le 21 octobre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
L'action Tokyo Metro Co. a terminé sa première journée d'échanges à 1.739 yens à la Bourse de Tokyo, un bond de 45% par rapport à son prix d'introduction de 1.200 yens (7,4 euros), après avoir gagné jusqu'à 47% en séance.
Elle s'est inscrite à contre-courant d'une place tokyoïte en berne, où l'indice vedette a clôturé en repli de 0,80%.
Signe d'une demande enthousiaste, très supérieure au nombre de titres proposés, l'émission de Tokyo Metro a été sursouscrite quinze fois selon la presse financière: largement médiatisée, l'opération a suscité un vif engouement parmi le grand public.
Né en 1927 -ce qui en fait le plus ancien d'Asie- le métro de Tokyo bénéficie d'une image extrêmement positive, avec son dense réseau très bien connecté et ses rames climatisées, propres et extrêmement ponctuelles.
Établie en 2004, Tokyo Metro Corp. exploite neuf lignes de métro dans l'une des zones urbaines les plus densément peuplées du monde, un réseau long de 195 km au total transportant 6,52 millions de passagers par jour, le double du métro de New York.
Revenus prévisibles
Autant soucieux de convaincre les investisseurs institutionnels (fonds d'investissement, banques...) que d'attirer les petits actionnaires individuels, jugés moins interventionnistes, Tokyo Metro a multiplié les avantages à l'intention de ces derniers.
Les détenteurs de 200 actions ou davantage pourront disposer de billets gratuits, d'accès gratuits à son musée et à son terrain de golf, et de garnitures "tempura" (fritures) gratuites dans les magasins de nouilles du groupe.
Avec des revenus prévisibles et par conséquent "une faible volatilité" attendue, des titres comme Tokyo Metro constituent une perspective d'investissement sûre pour les ménages japonais, a indiqué Hideaki Miyajima, professeur à l'université Waseda de Tokyo.
Avec la forte reprise de sa fréquentation post-pandémique et l'afflux record de touristes étrangers, attirés par un yen affaibli, Tokyo Metro a affiché pour son exercice 2023-24, achevé en mars dernier, un bénéfice net en hausse de 67% sur un an.
Les débuts tonitruants du titre à la Bourse ne peuvent que galvaniser boursicoteurs et petits actionnaires encore davantage.
Les rames climatisées et ponctuelles du métro de Tokyo ne forment qu'une partie d'un gigantesque réseau de transports aux multiples connexions. |
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Avec une forte demande restée inassouvie, "l'entreprise aura la possibilité d'émettre à nouveau des actions à l'avenir pour se financer", explique Shiki Sato, analyste de Toyo Securities, estimant que le titre "devrait continuer à progresser sans heurts" sans forcément de nouvelle envolée.
Du côté des investisseurs institutionnels étrangers, "le marché japonais leur est très favorable en raison du taux de change très bas du yen et des récentes réformes en matière de gouvernance d'entreprise", ajoute M. Miyajima.
L'opération permet à l'entreprise de lever 349 milliards de yens, soit 2,3 milliards d'USD
Ce qui en fait la plus grande introduction boursière à Tokyo depuis SoftBank Corp, filiale de télécommunications mobile du conglomérat SoftBank qui avait levé en 2018 l'équivalent de 23,5 milliards d'USD.
Test pour le marché
C'est également la première privatisation d'importance depuis une décennie et notamment l'introduction en Bourse de Japan Post, qui avait levé 12 milliards d'USD en 2015.
Le capital de Tokyo Metro était détenu à 53,4% par le gouvernement japonais et à 46,6% par les autorités de la métropole de Tokyo : après l'entrée en Bourse, ils conservent à eux deux 50% du capital.
Les sommes levées doivent permettre de rembourser les dettes contractées par l'Etat pour reconstruire dans le Nord-Est du pays les infrastructures détruites par le tsunami de 2011.
Des analystes restent cependant circonspects sur les perspectives à long terme du groupe -valorisé 700 milliards de yens (4,28 milliards d'euros) au moment de sa cotation- dans un pays marqué par le vieillissement de sa population.
Et en tant que service public, ses marges de manœuvre seront limitées pour augmenter les prix de ses billets pour muscler ses bénéfices.
Pour l'heure, la cotation de Tokyo Metro est vue comme un test alors que le nouveau gouvernement de Shigeru Ishiba, qui fait face dimanche à de difficiles législatives, cherche à dynamiser les entreprises pour relancer une activité économique morose.
Une performance d'autant plus surveillée que le groupe japonais Kioxia, géant mondial des puces-mémoires, devrait reporter en début d'année prochaine sa propre introduction boursière.
AFP/VNA/CVN