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Le mycologue Graham Steinruck montre un champignon de miel (Armillaria spp) lors d'une étude sur la biodiversité, près de Port Angeles, le 17 ocotbre dans l'État de Washington. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Les champignons sont essentiels pour tous les écosystèmes terrestres", explique Amy Honan, professeure de mycologie et de biodiversité fongique à l'université de l'Oregon. Dans une forêt proche de Port Angeles, dans l'État de Washington, la scientifique inspecte les alentours.
Dans cette région du Nord-Ouest des États-Unis, difficile de ne pas croiser un champignon sur son chemin en randonnant, tant les espèces prolifèrent dans des conditions propices.
Mais ils ne sont que la partie émergée de ces organismes, ni vraiment végétaux, ni vraiment animaux. Un week-end leur est même consacré chaque année dans la région pour sensibiliser le public à leur rôle crucial.
Un champignon du genre Pholiota pousse sur la mousse d'un arbre mort près de Port Angeles, le 17 octobre dans l'État de Washington. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Les champignons, essentiels à la vie des plantes, les protègent du sel, des métaux lourds et de maladies, précise la scientifique. "Sans les champignons... les plantes n'existeraient pas. Nous avons besoin des plantes pour l'oxygène. Donc le monde comme nous le connaissons n'existerait pas".
Ils décomposent également les matières organiques mortes et recyclent le carbone et les nutriments, facilitant le cycle de vie de la plante, détaille-t-elle.
Le champignon "recrache différentes enzymes donc il décompose sa nourriture à l'extérieur et l'avale ensuite comme un smoothie", ajoute Amy Honan, affirmant qu'il est plus proche de l'animal que de la plante.
Sur les quelque 2,5 millions d'espèces de champignons sur la Terre, 150.000 ont été répertoriées par les scientifiques, soit seulement 6%, explique la mycologue. En comparaison, elle estime que l'on connaît 98% des vertébrés, 85% des plantes et 20% des invertébrés sur la planète.
Cueillette
La scientifique mène actuellement une étude avec le mycologue Graham Steinruck sur la biodiversité fongique.
Le mycologue Graham Steinruck montre un champignon Pleurotus lors d'une étude sur la biodiversité, près de Port Angeles, le 17 octobre dans l'État de Washington. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Àl'occasion du festival annuel, ils ont proposé d'emmener les participants à une cueillette pour faire découvrir les différentes espèces et apprendre à les décrire.
"Je pense que plus nous découvrons et documentons des champignons, plus cela nous renseigne sur la biodiversité mais aussi sur comment mieux s'occuper de la terre", explique Graham Steinruck.
Pour les humains, cela peut également aider "à nous soigner et peut-être éventuellement (nous épauler) dans d'autres domaines comme l'industrie". Des bienfaits qui ont piqué la curiosité de Naomi Ruelle, venue de New York pour participer à sa première cueillette de champignons.
"J'ai tellement appris", se réjouit-elle, en présentant sa récolte de spécimens allant d'un champignon jaune en forme de parasol à une espèce énorme et charnue. "C'était vraiment très intéressant de voir les différentes espèces. Ils vont évidemment les emmener au laboratoire et je suis assez curieuse d'en apprendre un peu plus", confie-t-elle.
COP16
Le rôle des champignons sera à l'agenda des discussions de la COP16 sur la biodiversité qui s'ouvre lundi 21 octobre en Colombie.
Un champignon de type Crepidotus pousse sur une branche morte près de Port Angeles, le 17 octobre dans l'État de Washington. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Cette réunion réunit 12.000 participants de quelque 200 pays dont 140 ministres et sept chefs d'État. Elle a pour ambition la mise en œuvre, encore timide, d'objectifs de sauvegarde de la nature d'ici 2030.
Selon le média britannique The Guardian, le Chili ainsi que la Grande-Bretagne devraient à cette occasion demander de reconnaître les champignons comme "un royaume de la vie indépendant dans les lois, les politiques et les accords, afin de mieux les préserver et adopter des mesures concrètes leur permettant de maintenir leurs effets bénéfiques sur les écosystèmes et les personnes".
Pour Graham Steinruck, une meilleure protection de cette espèce serait effectivement une bonne nouvelle.
AFP/VNA/CVN