Tirs "à l'arme lourde" dans un quartier en Côte d'Ivoire

La crise ivoirienne a pris le 23 février un tour plus violent, avec des affrontements à l'arme lourde entre forces fidèles au président sortant Laurent Gbagbo et des combattants non identifiés dans un quartier d'Abidjan favorable à Alassane Ouattara.

Les Forces de défense et de sécurité (FDS), loyales à M. Gbagbo, mènent une "opération d'envergure" pour "sécuriser" le quartier d'Abobo (Nord), a déclaré un haut responsable militaire sous couvert d'anonymat.

Des "échanges à l'arme lourde" se déroulent dans ce quartier où les affrontements, sporadiques depuis janvier, entre les FDS et ces hommes armés ont redoublé ces derniers jours, a-t-il confirmé dans l'après-midi.

Selon plusieurs habitants contactés par l'AFP, les combats dans le secteur nord d'Abobo ont commencé vers 16h00 (locales et GMT), pour s'achever autour de 20h30.

"Ça tire sans arrêt", avait déclaré un habitant, ajoutant que "tout le monde est enfermé chez lui". Un chauffeur de taxi a indiqué que les FDS avaient effectué auparavant des tirs de sommation pour que les habitants rentrent chez eux.

Une dizaine d'éléments du Centre de commandement des opérations de sécurité (Cecos), une unité d'élite des FDS, avaient été tués le 22 février au soir à Abobo dans des combats après une embuscade tendue par des "assaillants", selon une source sécuritaire.

Des témoins ont fait état d'un bilan encore plus lourd côté FDS, et de plusieurs victimes civiles. Le corps d'un civil tué par balles gisait dans une mare de sang dans la matinée près d'une station-service.

Un haut responsable du Cecos a cependant assuré le 23 février que cette unité avait perdu seulement trois hommes, déploré "sept blessés par balles" en son sein et tué "sept assaillants".

Dans la matinée, les FDS étaient déployées à Abobo, barrant l'accès à certaines zones, tandis que de nombreuses rues étaient désertes et des commerces fermés, a constaté l'AFP.

Plusieurs dizaines d'habitants, femmes et enfants surtout, fuyaient alors le quartier. "Je quitte la zone", lâchait une femme, baluchon sur la tête.

Plus de 300 personnes ont été tuées depuis mi-décembre selon l'ONU dans les violences qui ont marqué la crise née de la présidentielle du 28 novembre, opposant Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, reconnu président par la communauté internationale.

Depuis samedi, au moins une dizaine de manifestants pro-Ouattara ont été tués par les FDS qui ont dispersé la foule à balles réelles, selon des sources concordantes, à Abobo mais aussi dans les quartiers de Koumassi et Treichville (Sud).

Ce regain de tension survient alors que l'Union africaine déploie de nouveaux efforts pour une issue à la crise, pour l'heure introuvable. Les 21 et le 22 février, quatre présidents africains d'un panel désigné par l'UA ont rencontré Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara. Objectif : arriver d'ici au 28 février à des solutions "contraignantes".

Les membres du groupe, présidé par Mohamed Ould Abdel Aziz (Mauritanie), ont quitté le pays à partir de le 22 février au soir et se retrouveront à Nouakchott "dans les prochains jours".

L'UA privilégie un règlement pacifique, mais l'ex-médiateur Raila Odinga, Premier ministre kényan, a jugé que si les sanctions économiques n'aboutissent pas à "un changement de régime, alors bien sûr la force sera utilisée", comme l'Afrique de l'Ouest en a brandi la menace contre M. Gbagbo.

AFP/VNA/CVN

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