Le guitariste Thomas Chaline. |
Thomas Chaline n’a qu’une envie : se rendre au Vietnam pour la première fois pour découvrir le quartier de Gia Dinh, à l’est de Hô Chi Minh-Ville, où ses grands-parents se sont mariés, tomber sous le charme de la baie de Ha Long, naviguer sur le Mékong, manger du pho ou encore apprendre à jouer du dàn bâu (monocorde traditionnel). Un beau parcours pour ce grand voyageur.
Je respire
encore de loin
ces parfums exotiques
et le soleil étouffant
dans l’ambiance asiatique
je revois
ma grand-mère
le sourire aux oreilles
dans la rizière urbaine
j’entends
le bruit
des ptits moteurs
des mobylettes
en pagaille
et les singes mâlins
à l’heure du déjeuner
qui viennent mendier
quelques lichis
et sur
le port de Saigon
L’embouteillage
des barques
des marchands nomades
apportant leurs mille saveurs
le ciel est
maintenant dégagé
il n’y a plus
d’hélicoptères
juste l’insouciance
déconcertante
et les mauvais contes
sont derrière.
De la culture, rien que de la culture
Thomas Chaline a écrit ses premières chansons à l’âge de 15 ans au fond de sa chambre d’ado, en s’inspirant des bonnes et moins bonnes nouvelles du monde. Il débute sur scène guitare-voix à Paris à 20 ans, avec un répertoire fait de titres originaux et de quelques reprises bien choisies. En 2003, il autoproduit ses premiers titres studio et participe à divers projets culturels. Plusieurs de ses titres sont diffusés sur des radios locales et numériques à partir de 2009 et un an plus tard, il devient sociétaire de la SACEM en tant qu’auteur-compositeur.
Outre la chanson, il publie aussi rapidement des recueils de textes dont Le temps n’efface pas tout et À nos larmes dans l’oubli qui sont publiés en 2011 aux éditions EDILIVRE. Depuis 2014, il publie dans diverses revues culturelles numériques et papiers plusieurs poésies inédites et ouvre également son blog carnet de route «à l’abri de l’orage» https://alabridelorage.wordpress.com. C’est d’ailleurs sur cette base que sortira dans quelques jours en France son nouveau recueil de poésies portant le même titre À l’abri de l’orage aux éditions Mon Petit Editeur. Ce boulimique de nature est aussi rédacteur du magazine en ligne La Cause Littéraire, où il écrit des chroniques littéraires appréciées.
Il voyage en solitaire
Sa poésie est souvent le témoignage d’un vagabond moderne, c’est ainsi qu’il se définit. Il aime brosser des portraits de paysages croisés, d’ambiances traversées ou encore laisser son imaginaire bercé par le songe.
Thomas Chaline (à droite) et Herve Christiani. |
Résolument poète-voyageur, il aime ce goût de liberté que lui procure le voyage, arpenter divers paysages, sillonner sans limites les routes urbaines, ombrageuses, ensoleillées, sinueuses ou dégagées. Il prend aussi beaucoup de photographies de paysages et de nature immortelle. Sa couleur préférée pourrait être le bleu. «Ma poésie est ainsi faite, parfois pessimiste ou misanthrope, mais lucide, souvent évasive teintée d’un joli bleu tamisé fait d’espoir». Ses influences, on peut ainsi les deviner et c’est du premier choix: Charles Baudelaire et Michel Houellebecq principalement.
Son grand ami chanteur, disparu il y a un peu moins d’un an, Hervé Cristiani lui avait aussi donné le goût des bons mots. «Je garde de lui des mots enchanteurs et réconfortants, des conseils de vie, d’artistes, c’était un vrai philosophe insouciant qui planait dans sa bulle merveilleuse dans laquelle il m’a convié, un endroit fabuleux féerique que j’essaie de reproduire à mon tour. Bref, un maître à penser intime et coloré, un insufflateur de poésies personnel». Mais pour ce poète-voyageur, il est enfin temps de découvrir le pays de ses origines.
Échanges culturels franco-vietnamiens
Thomas a grandi auprès de sa grand-mère maternelle avec cette culture qui est maintenant la sienne et qu’il partage profondément.
Ses petits poèmes sur le Vietnam coulent ainsi de source, comme par exemple L’empreinte (voir encadré). Il prépare avec envie son séjour au Vietnam et il sait déjà ce qu’il y fera : prier à La Cathédrale Notre Dame de Saigon, visiter le temple de Mariamman, aller à Huê et passer du temps dans la Cité impériale, rendre visite à ce qui reste de sa famille vietnamienne et puis la musique, toujours la musique: se procurer des instruments à cordes typiquement vietnamiens. Le dàn nguyêt (luth en forme de lune), appelé encore dàn kim, le fait rêver. Ne dit-on pas que c’est un luth en forme de lune! Au Vietnam, il le sent aussi, il aimerait faire quelques concerts. Il nous réserve d’ailleurs quelques chansons surprises, à découvrir en exclusivité lors de son prochain voyage. «L’intense et infinie plage»
Où les petits singes s’enlassent
Où tu rayonnes encore
Et où toujours ton parfum colore
Saigon s’éveille
Sur ce dense sable d’hiver
Où les petits singes roulent à l’envers
Où ton sourire toujours m’éclaire
Et tes yeux, sur l’eau, sont lumière
Saigon souffle en silence...» Extrait du titre Saigon s’endort.