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Thanh Nha, la première personne à atteindre le sommet de l'Everest, le 16 mai 2022. |
Seven Summit Treks, une entreprise basée au Népal spécialisée dans l’organisation d’ascensions des sommets de plus de 8.000 m de ce pays, de la Chine et du Pakistan, a annoncé le 16 mai que la Vietnamienne Nguyên Thi Thanh Nha, alias Céline Nha Nguyen, a atteint la cime de l’Everest par la crête sud-est à 03h30 (heure du Népal), soit 04h45 heure de Hanoï.
D’après Thaneswar Guragai, un gestionnaire de la société, Thanh Nha a été la première personne à atteindre le sommet de ce jour-là et elle a affiché une grande forme physique durant ce défi.
Thanh Nha, 35 ans, est une avocate qui vit à Hô Chi Minh-Ville. Elle est directrice des affaires commerciales et juridiques d’une filiale du groupe Openasia, et aussi co-fondatrice et directrice exécutive du cabinet d’avocats Celigal dans la mégapole du Sud. Elle s’est inscrite au voyage à la conquête du mythique pic de l’Himalaya lancé fin 2021 par son groupe afin d’encourager l’esprit sportif au sein de ses employés.
Cinq ans de rêve et une heure sur la cime
Après six mois d’entraînement, le 17 avril 2022, Thanh Nha et 11 grimpeurs amateurs d’Openasia ont commencé l’ascension. Après huit jours de trek depuis la petite ville népalaise de Lukla, ils ont atteint le camp de base de l’Everest (Everest Base Camp - EBC) versant le sud népalais, à 5.364 m d’altitude, au pied du glacier du Khumbu. Alors que ses collègues ont décidé de finir là leur aventure, Thanh Nha a poursuivi, en passant les quatre camps suivants pour se hisser finalement sur le Toit du monde à 8.849 m d’altitude.
À l’arrêt logistique EBC, l’alpiniste a installé son QG et est restée pendant plus de deux semaines pour s’acclimater à l’altitude et éviter le mal aigu des montagnes. Le 11 mai, elle a quitté l’EBC.
Thanh Nha (assise, 4e à droite) et ses collègues d’Openasia à l’EBC. |
"Chaque jour, j’ai atteint un camp comme prévu (au total, il faut en passer quatre, situés respectivement à 6.065, 6.500, 7.470 et 7.950 m avant de monter 900 m vers la cime, ndlr). Le soir du 15 mai, je suis entrée dans la +zone de la mort+ (Death zone)". Celle-ci se situe dans les 900 m de dénivelé restants où la raréfaction de l’oxygène rend la vie humaine difficile et le corps se détériore inexorablement. On reste le moins possible à cette altitude. Grâce à la bonne météo, Thanh Nha s’est déplacée assez vite pour atteindre le sommet à 03h30 le 16 mai.
Selon l’alpiniste, pour cette aventure, elle n’a rencontré que "quelques petits incidents", et heureusement n’a eu "aucun blessure". "J’ai traversé la cascade de glace du Khumbu non loin de l’EBC. Elle est considérée comme l’une des plus dangereuses étapes dans l’ascension par le col Sud. Au moment où j’ai franchi le ressaut Hillary (Hillary Step, une paroi rocheuse presque verticale d’environ 12 m de haut, ndlr) à une altitude d’environ 8.790 m, j’ai vu des cadavres congelés, j’étais un peu affectée psychologiquement".
Lorsqu’elle a atteint le sommet, il faisait beau, avec un vent de 5km/h et des températures de -20oC. Thanh Nha a eu alors une occasion rare d’y rester pendant près d’une heure. "Sur la cime, j’ai eu l’impression d’être perdue dans un autre monde. L’Everest est majestueux et extrêmement beau, c’est surréaliste !".
Gravir le dernier des "Sept sommets" en 2023
L’alpiniste vietnamienne durant sa montée du Toit du monde. |
Un détail très intéressant : le 16 mai, le jour où Thanh Nha est devenue la première Vietnamienne à gravir l’Everest, a coïncidé avec celui d’il y a 47 ans où Junko Tabei devint la première femme du monde à le conquérir. Cette Japonaise est aussi la première femme du monde à avoir atteint la cime des "Sept sommets" (sept montagnes les plus élevées de chaque continent).
En rencontrant Thanh Nha, peu de gens pense que cette frêle Vietnamienne est une alpiniste. Passionnée par ce sport extrême, pendant cinq ans, l’avocate a, tour à tour, réussi à toucher six des "Sept sommets" que sont l’Everest en Asie, l’Aconcagua en Amérique du Sud, le Kilimandjaro en Afrique, l’Elbrouz en Europe, le massif Vinson en Antarctique, et le Puncak Jaya ou pyramide de Carstensz en Océanie.
"J’espère pouvoir gravir le Denali en Amérique du Nord, en 2023", avoue-t-elle, pour devenir la première Vietnamienne à vaincre ces "Sept sommets" mythiques. Avant l’Everest, Thanh Nha, membre de Seven Summit Treks, avait conquis le 3 janvier 2022 le massif Vinson, qui n’est pas considérée comme difficile au niveau technique mais dont l’ascension est rendue délicate en raison des conditions climatiques polaires.
"Pour moi, conquérir les hautes montagnes, c’est se conquérir soi-même". Thanh Nha espère que son exploit poussera de plus en plus de Vietnamiens vers l’alpinisme et la découverte de régions les plus reculées du monde pour élargir leurs visions, surmonter leurs peurs et dépasser leurs limites.
En cinq ans, Thanh Nha a réussi à gravir six des "Sept sommets". |
Parlant de cette réussite de Thanh Nha, un représentant de la Direction d’Openasia, estime que le groupe prend toujours le facteur humain comme socle de la construction de la culture d’entreprise. "Nous encourageons toujours chaque membre à vivre pleinement ses passions, à promouvoir sa propre force intérieure au bénéfice de la force collective pour accomplir des miracles dans le travail et la vie. C’est pourquoi, nous sommes très fiers d’avoir dans notre équipe une personne comme Céline Nha Nguyen".
Le 22 mai 2008, Phan Thanh Nhiên, a été le plus jeune Vietnamien à avoir escaladé l’Everest. Il est également l’un des trois premiers Vietnamiens à avoir conquis le Toit du monde cette même année (avec Bùi Van Ngoi et Nguyên Mâu Linh).
En mai 2021, Khai Nguyên a conquis l’Everest, devenant le premier Vietnamien à terminer le Grand Chelem des explorateurs. Il a en effet atteint le pôle Nord, le pôle Sud et la cime des "Sept sommets".
Si le prix de la montée de l’Everest est élevé, c’est avant tout parce que ce projet se fait sur plusieurs mois et qu’il nécessite l’accompagnement de dizaines de personnes (guides, sherpas, médecins, etc.). En moyenne, les expéditions durent environ deux mois, dont une dizaine de jours pour arriver au camp de base de l’Everest (EBC).
Photos : Céline Nha Nguyen/CVN