Il s'agit là de signes positifs pour ce secteur économique, surtout dans le contexte actuel où les exportations vers les débouchés traditionnels importants comme les États-Unis et l'Union européenne ont chuté respectivement de 4% et 5%. De plus, grâce à l'entrée en vigueur de l'accord commercial Vietnam-Japon et à la signature, fin 2008, de celui de partenariat économique bilatéral, maintes opportunités ont été créées pour les entreprises textiles exportatrices vietnamiennes. Un certain nombre de lignes de produits bénéficieront d'une réduction des taxes d'importation au Japon. Selon les prévisions de l'ATGV, si les producteurs vietnamiens parviennent à maintenir le rythme d'exportation des premiers mois de l'année, la valeur des exportations de produits de textile-habillement vers ce pays pourra atteindre 900 millions de dollars, voire dépasser le cap du milliard, représentant ainsi une hausse de 18-20% par rapport à 2008.
Selon le Centre de promotion de commerce, d'investissement et de tourisme ASEAN-Japon (AJC), le goût des consommateurs japonais a beaucoup changé ces derniers temps. Ils s'orientent à présent vers les produits à design diversifié, importés en petite quantité, en boudant des séries de produits similaires importés massivement. Cela profite aux entreprises et tailleurs vietnamiens, qui ne sont pas en mesure de produire un grand nombre de pièces.
Des défis à relever
Selon Pham Xuân Hông, Pdg de la compagnie Saigon N°3, dans le contexte de récession économique mondiale, les consommateurs ont tendance à acheter des vêtements à prix modérés, au détriment des produits haut de gamme.
Cependant, plusieurs difficultés perdurent pour les entreprises vietnamiennes qui souhaitent bénéficier de la réduction ou de l'exonération des taxes d'importation sur les articles de textile-habillement au Japon. Par exemple, pour bénéficier de ces privilèges fiscaux, les producteurs vietnamiens sont obligés d'importer des matières premières et pièces d'appoint du Japon. À présent, 70% des entreprises nationales les importent des pays membres de l'ASEAN et de Chine, où les prix sont modérés.
À l'heure actuelle, les Compagnies générales de Phong Phu, Viêt Thang et Saigon N°3 doivent importer du Japon environ 80% des matières premières utilisées dans la fabrication de pantalons en kaki, pour pouvoir exporter leurs produits sur ce marché. Idem pour plusieurs autres entreprises comme Hoàng Kim où le taux est ici de 100%.
Par ailleurs, du fait que le Japon constitue un marché exigeant, tous les produits qui y sont exportés doivent posséder une vignette d'appellation d'origine pour leurs matières premières et pièces d'appoint utilisées.
Jocelyn Trân, directrice générale du groupe Mast Industries en Extrême-Orient, estime que les entreprises vietnamiennes ne parviennent pas à décrocher de gros contrats avec les géants de la vente en détail à cause de leurs faibles capacités financières. Très souvent, leurs commandes sont passées via les intermédiaires comme des sociétés taïwanais, sud-coréennes... En outre, certains maillons de la chaîne de production restent artisanaux, ce qui fait obstacle à la garantie de l'agenda de livraison des produits.
Opportunités offertes à Vinatex
Selon Lê Quôc An, président du conseil d'administration du Groupe de textile-habillement du Vietnam (Vinatex), lors de sa récente visite d'une semaine au Japon, des accords de coopération ont été conclus. À savoir : accord entre Vinatex et le groupe japonais Shikibo dans le renforcement du commerce de produits vietnamiens ; celui de coopération entre le premier et Mitsu pour la construction d'usines à capital entièrement japonais ou de coentreprises... Par ailleurs, le groupe vietnamien a eu une séance de travail avec l'Association japonaise des importateurs d'articles de textile-habillement.
Lê Hà/CVN