>>Tennis: Djokovic obtient un sursis à son expulsion d'Australie
>>Tennis : malgré les doutes, Djokovic annoncé à l'Open d'Australie
Novak Djokovic après sa victoire contre le Britannique Cameron Norrie à Turin le 19 novembre 2021. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Sans contenir sa fureur, le père du tennisman, Srdjan Djokovic, s'est adressé à une foule rassemblée à Belgrade pour dénoncer une "chasse aux sorcières politique" et un "corona-fascisme", appelant à la libération de son fils.
À dix jours du coup d'envoi de l'Open d'Australie (17-30 janvier), dont il est le triple tenant du titre, Djokovic a passé une deuxième nuit dans une chambre exiguë du Park Hotel de Melbourne, utilisé par le gouvernement australien pour retenir des personnes en situation irrégulière.
Le "Djoker", dont le visa a été annulé faute de documents nécessaires pour obtenir une dérogation médicale à l'obligation vaccinale, ne sera pas expulsé avant lundi, date d'une nouvelle audience devant un juge de Melbourne.
Le bâtiment dans lequel est retenu le N°1 mondial souffre d'une mauvaise réputation. Un incendie y a éclaté en décembre, forçant son évacuation. Des personnes retenues se sont plaintes sur les réseaux sociaux, photos à l'appui, de trouver des asticots et des moisissures dans la nourriture et en octobre, 21 personnes y ont contracté le COVID-19.
"Cet hôtel est infâme au sens propre du terme", a dénoncé le président serbe Aleksandar Vucic.
"Crucifié"
Dans la capitale Belgrade, la famille du joueur a lancé une manifestation de soutien à leur protégé.
"Jésus a été crucifié et soumis à beaucoup de choses, mais il a tenu et est encore vivant parmi nous. Novak est lui aussi crucifié de la même manière, lui le meilleur sportif et homme du monde. Il tiendra bon", a estimé le père du joueur.
Vendredi 7 janvier, la ministre australienne de l'Intérieur, Karen Andrews, a rejeté les accusations selon lesquelles Djokovic était retenu contre sa volonté, assurant qu'il pouvait retourner chez lui quand il le voulait.
"M. Djokovic n'est pas retenu en captivité en Australie. Il est libre de partir quand il le souhaite et la police des frontières facilitera son départ", a-t-elle déclaré, confirmant par ailleurs que deux autres personnes, joueurs ou membres d'un staff venant pour l'Open d'Australie, ont aussi des problèmes de visa.
Lorsque la rumeur de la présence de Djokovic s'est répandue, des supporters serbes, des militants anti-vaccin et des défenseurs des réfugiés se sont rassemblés devant le centre de rétention.
Supporters serbes devant le lieu de rétention de Djokovic à Melbourne, en Australie, le 6 janvier. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Mehdi Ali, un homme parmi la trentaine de réfugiés et demandeurs d'asile retenus dans l'ancien hôtel, s'est dit auprès de l'AFP attristé que son joueur de tennis préféré connaisse le même sort. "Les médias vont plus parler de nous, le monde entier probablement, ce qui est triste, seulement parce que Djokovic serait là quelques jours", a-t-il confié.
"Télé-réalité"
Alors que les responsables politiques serbes rivalisent de commentaires nationalistes pour défendre leur champion, le Premier ministre australien, déjà en difficulté, est confronté à des interrogations sur la gestion de l'incident, à l'approche des élections.
Scott Morrison, sous la pression de l'explosion du nombre de cas de COVID et de l'effondrement du système de dépistage autrefois efficace, s'est défendu d'avoir révoqué le visa de Djokovic à la dernière minute. "Les règles sont les règles et il n'y a pas de cas spécial", a-t-il dit.
Mais de nombreux Australiens, en colère contre un bilan passé à plus de 70.000 contaminations par jour après près de deux ans quasiment sans cas, voient dans l'affaire Djokovic une diversion.
"Ça se passe alors que nous avons une crise majeure en cours avec Omicron, et ça arrange bien le gouvernement", a déclaré vendredi 7 janvier Chris Moy, vice-président de l'Association médicale australienne. "C'est vraiment dérangeant du point de vue de la santé (...) nous avons besoin de gouvernements qui se concentrent sur la crise sanitaire, pas sur des trucs stupides, franchement".
Pour lui, l'épisode Djokovic est comme regarder "de la télé-réalité" alors que "Rome brûle".
AFP/VNA/CVN