Telecom Italia temporise sur l'offre de rachat du fonds américain KKR

Telecom Italia (TIM), convoité par le fonds d'investissement KKR, a réussi vendredi 17 décembre à négocier le départ définitif de son ancien PDG, mais a remis à plus tard sa décision très attendue sur la proposition de rachat soumise par le groupe américain.

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Luigi Gubitosi, qui avait démissionné de ses fonctions en novembre, a conclu un accord avec le groupe prévoyant qu'il quitte aussi son siège au sein du conseil d'administration, a annoncé l'opérateur.

L'accord sur la sortie de M. Gubitosi a été approuvé par le conseil d'administration de Telecom Italia au cours d'une réunion qui s'est achevée tard dans la soirée. L'ex-dirigeant empochera une indemnité de départ de 6,9 millions d'euros.

M. Gubitosi ouvre ainsi la voie à l'entrée au conseil de son probable successeur, Pietro Labriola, 54 ans, qui assure pour l'heure les fonctions de directeur général et est à la tête de la filiale brésilienne de TIM.

Privatisé en 1997 par le gouvernement de Romano Prodi, Telecom Italia a assisté ces vingt dernières années à une valse continue de ses actionnaires et dirigeants.

Vivendi, premier actionnaire de Telecom Italia, avait milité en faveur d'une solution rapide à une situation incongrue, qui voyait l'ancien patron siéger au conseil d'administration et bloquer ainsi l'accès à un possible successeur.

Accès aux comptes 

L'ancien patron de Telecom Italia, Luigi Gubitosi
Photo : AFP/VNA/CVN

Telecom Italia s'est abstenu vendredi 17 décembre de toute décision sur une proposition de rachat de KKR, qui s'est dit prêt à débourser 10,8 milliards d'euros pour la totalité du groupe.

Le fonds américain avait demandé d'avoir accès aux comptes de TIM en vue d'un audit approfondi, soit la phase dite de "due diligence" classique, avant de lancer une offre publique d'achat (OPA).

L'offre de KKR, soit 0,505 euro l'action, se situe bien au-dessus du cours de Bourse actuel (0,439 euro), mais est jugée trop basse par Vivendi, qui était entré au capital en 2015 à un prix moyen d'achat de 1,071 euro l'action.

"Cette offre n'est pas dans l'intérêt de Vivendi qui avait payé le double à l'époque pour ses actions", a commenté le professeur d'économie politique Leonardo Becchetti de l'université romaine de Tor Vergata. Pour arriver à ses fins, "KKR sera probablement obligé de relever son offre".

TIM vient d'émettre son troisième avertissement sur résultats en un an, en prévenant que la baisse de son bénéfice d'exploitation en Italie serait plus forte que prévu en raison de moindres recettes de son réseau fixe.

Le PDG de Vivendi, Vincent Bolloré

Si KKR attendait un signal du conseil d'administration sur l'accès aux comptes, il avait fait savoir qu'il n'était pas pressé : le fonds assure n'avoir fixé "aucun délai" pour l'accès à la "due diligence".

Quant à l'avenir de TIM, parmi les hypothèses à l'étude figure la scission du réseau des activités de service du groupe.

"Golden power"

Vivendi, qui détient 23,75% de TIM, s'est déclaré prêt à discuter d'une prise de contrôle par l'Etat italien du réseau de l'opérateur historique, mettant ainsi la pression sur KKR.

Le géant français des médias, qui contrôle environ un tiers du conseil d'administration de TIM, tente ainsi de mettre sur pied un projet concurrent à celui du fonds américain.

Chacun de son côté, Vivendi et KKR s'efforcent de convaincre le gouvernement qui dispose de pouvoirs spéciaux ("golden power") dans des secteurs considérés comme stratégiques, de se positionner en leur faveur.

L'État italien est le deuxième actionnaire de Telecom Italia, avec une part de 9,81% détenue par la Caisse italienne des dépôts (CDP).

Le gouvernement n'exclut pas le cas échéant le recours au "golden power", même s'il avait estimé en novembre que l'intérêt manifesté par KKR pour TIM était une "nouvelle positive pour le pays".

Le ministre du Développement économique Giancarlo Giorgetti juge ainsi "incontestable" qu'il existe au sein de Tim "des actifs de nature stratégique pour lesquels un contrôle public est indispensable".

"On ne peut pas imaginer qu'un fonds d'investissement contrôle un réseau de télécommunications, cela n'existe dans aucun pays du monde occidental", a renchéri le professeur Becchetti.

AFP/VNA/CVN

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