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Kim Tuyên a validé sa qualification pour les JO de Tokyo. |
Photo : ST/CVN |
Deux des trois taekwondoïstes vietnamiennes évoluant aux Championnats d’Asie disputés du 14 au 18 juin au Liban ont remporté une médaille d’or et une d’argent. Cette dernière a été remise à Nguyên Thi Ánh Tuyêt, ayant perdu son combat en finale contre la Sud-Coréenne Kim Yu-jin, dans la catégorie des moins de 57 kg. Et l’or a été décroché par Truong Thi Kim Tuyên (-49 kg), qui avait vaincu sa rivale Mannopova Madinaboud venue d’Ouzbékistan. Il s’agit de son deuxième titre asiatique consécutif après un premier obtenu dans la catégorie des moins de 46 kg il y a trois ans au Vietnam. Kim Tuyên est la première taekwondoïste vietnamienne à avoir remporté ce tournoi continental.
Du talent à revendre
Lorsqu’elle a gagné les Championnats d’Asie en 2018, Truong Thi Kim Tuyên a rêvé d’être présente un jour aux Jeux olympiques (JO). Trois ans plus tard, elle a réussi. Qualifiée pour les JO de Tokyo cet été, elle représentera le taekwondo vietnamien après une longue absence d’une décennie sur la plus grande scène du monde.
Lors des éliminatoires asiatiques tenues en mai à Amman, en Jordanie, Kim Tuyên a battu trois adversaires pour devenir l’une des deux finalistes en -49 kg.
"Je suis vraiment heureuse de ce résultat qui vient récompenser de nombreuses années d’entraînement acharné. Je remercie du fond du cœur mes coaches ainsi que mes amis qui m’ont apporté un soutien sans faille", a-t-elle confié.
Kim Tuyên (gauche) souhaite marcher sur les pas de la taekwondoïste Trân Hiêu Ngân, médaillée d’argent aux JO de Sydney, en 2000. |
Photo : CTV/CVN |
Née en 1997 dans une famille de quatre filles qui vit de la culture de ramboutans et de riz à Vinh Long (Sud), la benjamine Kim Tuyên commence le taekwondo depuis l’âge de 13 ans.
Quand elle a exprimé le souhait de pratiquer les arts martiaux, son père Truong Van Hat a accepté cette demande aussi étrange que coûteuse. Il l’a encouragée à essayer le taekwondo car il espérait que l’équipement de protection protégerait sa fille des blessures.
Sa passion et son talent qui se décline par la vitesse, la force, la précision et un esprit tactique, ont fait de Kim Tuyên un jeune talent exceptionnel et la fierté de son club. Elle a ensuite été repérée par le coach Lê Trân Thùy Trân qui, après de nombreuses années de recrutement pour le Service provincial des sports, a vite compris qu’elle avait découvert un véritable "trésor".
"Ses parents ne voulaient pas que Kim Tuyên se rende au Centre d’entraînement de la province pour se lancer dans une carrière de sportive professionnelle. J’ai réussi à les convaincre en leur expliquant que leur fille avait le talent et le potentiel pour devenir une grande taekwondoïste", s’est rappelée Thùy Trân.
"J’ai dû rencontrer ses parents à plusieurs reprises afin de les persuader et obtenir leur approbation. C’est formidable qu’elle ait aujourd’hui fait ses preuves en décrochant la médaille d’or aux Championnats régionaux du delta du Mékong et au Tournoi national junior, dès sa première participation", a-t-elle raconté.
La jeune sportive de 14 ans a immédiatement été recrutée dans l’équipe nationale, ce qui a contraint Thùy Trân à retourner de nouveau chez M. Hat, le père de Kim Tuyên, afin de lui demander sa permission.
"La tâche a été plus compliquée que pour le Centre provincial où elle pouvait rentrer chez elle le week-end. Être membre de l’équipe nationale signifiait quitter ses parents et vivre une vie indépendante", a expliqué Thùy Trân qui a ensuite envoyé Kim Tuyên au Centre national d’entraînement sportif de Dà Nang (Centre).
Une fille en or
Kim Tuyên sur la plus haute marche du podium des Championnats de taekwondo d’Asie disputés du 14 au 18 juin au Liban. |
Photo : CTV/CVN |
Le jour du départ de Kim Tuyên à l’aéroport de Tân Son Nhât à Hô Chi Minh-Ville, c’était la première fois qu’elle et ses parents voyaient un avion. Depuis, les vols font partie du quotidien de la jeune fille dont les compétitions la font voyager à travers le monde. Les larmes ont coulé sur les joues de Kim Tuyên lorsqu’elle s’est envolée pour la première fois mais, en contrepartie, un avenir radieux s’ouvrait à elle.
La jeune fille est considérée par beaucoup comme la meilleure taekwondoïste du Vietnam et d’Asie du Sud-Est. Depuis son entrée dans l’arène régionale, elle reste invaincue et possède une collection de médailles impressionnante.
La fille indomptée a dominé non seulement le Tournoi national mais aussi les Jeux d’Asie du Sud-Est (SEA Games) en remportant la victoire dans la catégorie des -46 kg dès sa première participation en 2015, à l’âge de 18 ans.
Quelques mois plus tard, la même année, elle a fait parler d’elle en montant sur la plus haute marche du podium du Morocco Open, l’un des plus prestigieux tournois internationaux de taekwondo organisé au Maroc et qui est comparé au Championnat de première division de football. Cet événement a vu la participation de 437 sportives venues de 20 pays et territoires. En plus d’avoir décroché une médaille d’or, Kim Tuyên y a été élue meilleure sportive.
Elle a également remporté plusieurs titres lors des Championnats juniors d’Asie ainsi qu’une médaille de bronze aux Championnats d’Asie de 2016. Son succès a laissé Kim Tuyên satisfaite d’elle-même. Cinq mois après son triomphe au Maroc, elle a été battue en demi-finale des éliminatoires olympiques de la zone asiatique, ce qui l’a disqualifiée et lui a fait perdre sa place aux JO de Rio de Janeiro de 2016.
À la suite de cet échec, la jeune fille a su rebondir et en 2017, plus forte que jamais, elle donnait une nouvelle dimension au taekwondo vietnamien sur la scène mondiale en décrochant six médailles internationales, dont une d’argent aux Championnats du monde disputés en République de Corée.
En 2019, Kim Tuyên a continué de confirmer tout le bien que l’on pensait d’elle en remportant l’or aux tournois Open de l’ASEAN, de Grèce et de Serbie. Sa performance au Grand Prix Moscou de 2019 ne lui a pas permis de se classer parmi les trois premières mais elle a pu montrer sa technique avancée avant de s’incliner 9-11 face à la Sud-Coréenne Sim Jae-young, championne du monde en titre. Kim Tuyên est l’une des rares sportives vietnamiennes, voire du monde, à pouvoir se mesurer sur un pied d’égalité aux sportives de République de Corée, berceau du taekwondo.
Son entraîneur voit en elle une future grande taekwondoïste. C’est la raison pour laquelle Kim Tuyên a été envoyée à l’étranger afin de suivre un entraînement intensif. Elle s’est aussi classée dans la liste des sportifs bénéficiant de la politique d’investissement des instances sportives nationales dans l’optique de donner toutes les chances possibles aux espoirs vietnamiens de briller au plus haut niveau.
L’année 2020 a vu la plupart des tournois internationaux annulés ou reportés en raison de la pandémie de COVID-19. Kim Tuyên n’a pas pu participer à son entraînement intensif habituel ni aux compétitions internationales. Cependant, elle ne cache pas son ambition de monter sur l’une des trois marches du podium des JO de Tokyo.
"Tous les sportifs souhaitent un jour se qualifier pour les JO. Je me suis entraînée très dur pour cela et je vais redoubler d’efforts pour revenir avec une médaille autour du cou", s’est-elle enthousiasmée, plein d’étoiles dans les yeux.
Seize sportifs vietnamiens aux JO de Tokyo
Phuong Nga/CVN