Thua Thiên-Huê
Le dojo Nghia Dung Karaté-Do à Huê, une véritable école de vie

L’ancienne capitale impériale de Huê est le berceau de l’école Suzucho karaté. En y créant le dojo Nghia Dung Karaté-Do, le maître Nguyên Van Dung a été pour beaucoup dans l’expansion de ce sport dans le pays.

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Le dojo Nghia Dung Karaté-Do attire de plus en plus de jeunes pratiquants.
Photo : Archives/CVN

Le grand maître japonais Chuzuki Choji (1919-1995) est l’un des pionniers de l’introduction du karaté au Vietnam. Ce sport a connu un rapide développement à Huê (Centre) grâce à l’ouverture de son l’école baptisée Suzucho karaté. Plusieurs de ses élèves ont fait connaître cette école dans les tournois nationaux et internationaux, tels que Nguyên Nhuân, Khuong Công Thêm, Ha Quôc Uy, Hoàng Nhu Bôn et Lê Van Thanh.

Mais celui qui a le plus fait pour ce sport est sans conteste Nguyên Van Dung. Retour sur le parcours de cet enseignant exceptionnel, aujourd’hui âgé de 80 ans.

La quintessence du karaté

Le karaté est un art martial traditionnel japonais dont l’objectif principal est de bâtir un être fort physiquement et mentalement. À la fin des années 1950, il se divisa en deux écoles de pratique : le karaté traditionnel et le karaté sportif.

Le maître Suzuki Choji, qui introduit l’art martial au Vietnam, resta fidèle à celle traditionnelle telle que l’enseignait Gichin Funakoshi, fondateur de la discipline. Pour Suzuki Choji, la pratique des arts martiaux n’avait pas pour but de chercher querelle aux autres ou même de se battre pour un titre.

Sur cette voie, le maître vietnamien Nguyên Van Dung fut un de ses meilleurs disciples. Ce dernier commença la pratique du karaté en 1967. Après seulement cinq ans d’apprentissage, il était déjà en capacité de l’enseigner au sein de l’école où il était lui-même élève. Après le retour de Chuzuki Choji dans son pays natal en 1978, Nguyên Van Dung lui succéda à la tête de l’école Suzucho karaté. Dans l’optique de faire rayonner davantage cet art martial au Vietnam, le jeune maître fonda la même année le dojo Nghia Dung Karaté-Do à Huê. C’est au sein de cette école, aujourd’hui très réputée, qu’il transmit son amour pour cet art martial à des dizaines de milliers de pratiquants de différentes générations.

Le karaté se développe fortement à Huê (Centre).
Photo : CTV/CVN

L’école Suzucho karaté possède actuellement des centaines de dojo au Vietnam et six à l’étranger.

La vie et la philosophie des arts martiaux du maître Nguyên Van Dung ont été grandement influencées par son maître Suzuki Choji. Au cours de ses années d’apprentissage, il apprit la tolérance, l’amour, et la rigueur de l’enseignant.

Depuis cette époque, il est resté inébranlable sur le chemin tracé par de Suzuki Choji, en suivant exclusivement la pratique traditionnelle. Les adeptes sont entraînés dans un esprit d’extrême dureté et de dévouement total, ce dans le but de s’élever spirituellement et non pas décrocher des médailles lors de compétitions. Le karaté est ainsi considéré comme un moyen d’échanger et d’apprendre les uns des autres. Pour les karatékas, le karaté traditionnel, appelé au Vietnam Nghia Dung Karaté-do est la forme la plus "pure" mais aussi la plus "dure".

"Les arts martiaux sont différents des autres disciplines. Devant l’adversaire, il est important de ne laisser aucune influence extérieure dominer nos sens. Dans un état calme, des réactions naturelles et immédiates se produisent, rapides comme l’éclair et fluides comme les nuages qui passent et l’eau qui coule", décrit-il.

En véritable puriste de la discipline, Nguyên Van Dung a recherché toute sa vie la quintessence des techniques de karaté. En plus de la pratique, il a également écrit de nombreux livres traitant de sa discipline.

Une école de vie

En prenant la suite de son maître Suzuki Choji, en 1978, Nguyên Van Dung s’est entièrement consacré au karaté. Pourtant, une autre passion existe en lui depuis longtemps : la littérature. En effet, jusqu’en 1975, il fut professeur de littérature dans plusieurs écoles à Huê, parmi lesquelles le célèbre Lycée d’élite Quôc Hoc.

Le karaté est devenu aujourd'hui un art martial très populaire.
Photo : VNA/CVN

Il réussit à allier ses deux passions en publiant plusieurs ouvrages traitant de karaté et du mode de vie qui lui est lié. En effet, à travers chaque livre, il exprime son souhait d’un mode de vie noble, franc, tolérant et responsable envers la communauté et la société. Relatant avec poésie ses aspirations et sentiments personnels, ses enseignements ont marqué de très nombreux élèves.

Son imprégnation de la culture traditionnelle de Huê, mêlée à la pratique des arts martiaux traditionnels japonais, a produit une école de karaté unique en son genre.

C’est ainsi que dans son dojo, il enseigne aux adeptes non seulement les techniques d’arts martiaux, mais aussi des règles de savoir-être dans la société. Ce n’est pas un hasard s’il installa son lieu d’entraînement sur la montagne sacrée du Cheval blanc, symbolisant le galop sur le chemin vers la vérité, la bonté et la beauté.

De nombreuses personnes importantes ont suivi les enseignements de l’école Nghia Dung Karaté-Do, c’est le cas par exemple du Pr.-Dr. Nguyên Van Hiêp (directeur de l’Institut de linguistique vietnamienne) ou encore du Dr. Duong Manh Thang (vice-recteur de l’Université de l’éducation physique et des sports de Dà Nang).

Aujourd’hui âgé de 80 ans, et après près de 50 ans de carrière dans les arts martiaux, Nguyên Van Dung a organisé récemment une cérémonie pour laisser la direction du dojo a son fils aîné, Nguyên Dung Chinh. À cette occasion, il lui donna le conseil d’un enseignant mais aussi d’un père : "N’ayez pas peur des routes cahoteuses ou des adversaires forts, mais davantage de vous-même".

Ce jour-là, le maître Nguyên Van Dung portait une ceinture blanche de l’initiateur qui a accompli sa noble mission. Il avait un dernier message important à transmettre : "Rien ne durera éternellement, parce que la fin d’un cycle ouvre toujours le début d’un autre. La volonté apporte toujours confiance et espoir dans l’avenir".

Pham Thi Vuong Lu/CVN

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