Table ronde sur le ca trù et ses facettes méconnues

La troupe théâtrale Phù Sa Lab vient d’organiser, le 10 juin à Hanoï, sa première table ronde sur la conservation du ca trù intitulée "Le ca trù - les histoires inexpérimentées" avec la participation de nombreux artistes et spécialistes en la matière.

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Le fondateur et directeur du théâtre Phù Sa, Nguyên Nhât Ly (debout), prend la parole lors de l’ouverture de la table ronde "Le ca trù - les histoires inexpérimentées", le 10 juin à Phù Sa Lab.

Le chant ca trù (chant des courtisanes), inscrit en 2009 au patrimoine immatériel nécessitant une sauvegarde urgente de l’UNESCO, voit son existence menacée à l’époque actuelle. Pour cette raison, la troupe Phù Sa Lab a organisé le 10 juin à Hanoï la table ronde intitulée "Le ca trù, histoires inexpérimentées".

Pour commencer la séance, la grande "Artiste Emérite" Pho Thi Kim Duc a expliqué que "le +ca trù+ a été oublié dans la vie du peuple pendant des décennies", et qu’elle était ravie de voir sa "restauration depuis une vingtaine d’années".

Par ailleurs, l’historien spécialiste de la musique vietnamienne Dang Hoàng Loan a confirmé que "le +ca trù+ est le type de performance le plus complexe du Vietnam, il ne partage aucune base commune avec la musique occidentale". C’est pourquoi, il était alarmant de constater l’absence d’experts en cet art, même au Conservatoire national.

L’"Artiste Émérite" Pho Thi Kim Duc, fondatrice de la troupe Kim Duc à Hanoï.

Le fondateur et directeur du théâtre de Phù Sa, Nguyên Nhât Ly, a partagé sa propre expérience concernant l’organisation des concerts de ca trù à Hanoï. "Même les concerts de la troupe de l’artiste Kim Duc, l’une des plus réputées du Vietnam, n’accueille qu’entre 5 et 15 spectateurs chaque fois. Trouver un public amoureux de cette forme théâtrale n’est jamais facile."

Idée également partagée par l’artiste elle-même qui a constaté "les efforts des médias pour populariser le +ca trù+ à travers la téléréalité", mais le public et même les juges "n’ont pas su reconnaître les spécificités du +ca trù+ par rapport aux autres formes de musique traditionnelle vietnamienne."

L’artiste Nguyên Van Hoàng, fils du fameux Nguyên Van Khuê, espérait une renaissance de la discipline puisque de nombreux jeunes artistes continuent de se plonger dans les archives du ca trù à la recherche d’enregistrements audios. Il a cependant précisé que "ces enregistrements n’étaient pas toujours de bonne qualité".

Il faut raccourcir le temps d’apprentissage

Le batteur de chèo (théâtre populaire) Nguyên Xuân Son (ou SonX) a constaté cette triste réalité: "Parmi mes amis qui ont appris le +ca trù+ pendant plus de 15 ans, aucun ne peut vivre de cet art. Cette longue formation convenait à la vie d’autrefois, mais à présent, il faudrait raccourcir le temps d’apprentissage pour que ce métier soit viable."

L’historien spécialiste de la musique vietnamienne Dang Hoàng Loan.

Pour conclure la table ronde, Dang Hoàng Loan a exprimé ses sincères salutations à l’UNESCO, dont la reconnaissance en 2009 en tant que patrimoine immatériel nécessitant une sauvegarde urgente a permis au ca trù de toucher un nouveau public et la création de plusieurs troupes dans 16 régions du Nord du pays. Il a également apprécié le rôle des médias dans la vulgarisation de cette forme théâtrale, "afin de supporter et de préserver les efforts constants des artistes depuis des siècles".

Texte et photos: Dang Duong/CVN

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