Sur des centaines d'hectares d'abricotiers de l'arrondissement de Thu Duc, haut lieu de cette culture dans la mégapole du Sud, beaucoup d'abricotiers sont déjà en fleurs. La plupart des arboriculteurs prévoient déjà une saison du Têt catastrophique. Même son de cloche dans d'autres villages floraux riverains du fleuve Sai Gon (quartiers d'An Phu Dông et de Thanh Xuân, 12e arrondissement, district de Thuân An, province de Binh Duong).
Les abricotiers ont pâti des 2 ruptures de digues le long du fleuve Sai Gon et d'une marée de vives-eaux de grande ampleur en novembre dernier. "L'an passé, nous avons eu une mauvaise saison à cause des caprices du temps. Cette année, la marée de vives-eaux a détruit ou fait fleurir trop tôt plus de 1.000 pieds", confie Truong Van Du, propriétaire d'un hectare dans l'arrondissement de Thu Duc. Même tristesse dans la voix pour Mme Nghia : "Mes pertes cette année seront importantes, de l'ordre de 300 millions de dôngs. Regardez mon jardin : une partie est en fleurs, l'autre dépérit à vue d'oeil". Les personnes les plus inquiètes sont les foyers ayant souscris des prêts bancaires. C'est le cas de la famille Lê Van Si, du quartier d'An Phu Dông. "La moitié de mes pieds d'abricotiers ont fleuri. Le reste est détruit, déplore M. Si. Comment faire maintenant pour rembourser nos dettes ?"
Selon les prévisions, la mégapole sera confrontée à de nouvelles marées de vives-eaux les 11e et 12e mois lunaires. C'est-à-dire que les risques de perte restent grands. Pour le moment, aucun commerçant ne s'est hasardé à passer des commandes auprès des arboriculteurs. Les incertitudes demeurent trop grandes...
Fleurs de pêchers pâlottes en prévision
Dans la capitale, la plante du Têt par excellence est le pêcher. Chez les arboriculteurs d'ici aussi, l'heure n'est pas à l'euphorie. Beaucoup affirment que les fleurs seront moins belles cette année en raison du gros déficit pluviométrique de ces derniers mois. Heureusement, l'offre est abondante dans les provinces voisines.
Nguyên Thi Tuyên, du quartier de Tây Hô, couve des yeux ses 400 pêchers, qui lui donneront son unique mais substantiel revenu annuel. "La sécheresse, explique-t-elle, a une influence directe sur les pêchers. Plus il fait sec, plus ils perdent de leur valeur".
M. Hà, gérant de l'hôtel Cat Cat à Sa Pa (province de Lào Cai, Nord), envoie chaque année des dizaines de pieds de pêchers montagnards à ses amis. Pour le prochain Têt, des dizaines de camions, donc bien plus que les années précédentes, transporteront ces "pêchers des brumes" vers la plaine, la capitale notamment. Les commerçants de Hanoi commencent déjà à passer des commandes auprès des cultivateurs de la banlieue et des provinces voisines (Ninh Binh, Bac Ninh, Hai Duong, Vinh Phuc…), en priant secrètement Dame Nature de leur offrir bien autre chose que des branches aux fleurs pâlichonnes, ratatinées ou clairsemées...
Bao Trân/CVN