Forts de quelque 100.000 nouveaux abonnements journaliers, soit environ 4 millions par mois, ces opérateurs doivent faire face à l'épuise- ment des numéros, selon une déclaration de MobiFone et de Viettel.
Viettel va plus loin en demandant l'ajout de chiffres supplémentaires, estimant que l'actuelle numération va être prochainement épuisée. C'est déjà depuis la mi-2007 que cet opérateur a proposé d'ajouter un chiffre à la numération de 10 chiffres actuelle, au lieu d'en attribuer de nouveaux compte tenu de ce que les réserves s'épuisaient rapidement. De fiat, en cas d'ajout d'un chiffre, Viettel s'estime capable de s'assurer d'un bel avenir rien qu'avec ses 2 indicatifs opérationnels, et promet d'accorder "le plus d'avantages" à ses clients. En attendant, les usagers sont toujours dans l'expectative.
Si tout va bien, un chiffre sera ajouté avec l'indicatif 098, ce qui réduira à néant les bons numéros. Des dizaines, voire des centaines de millions de dôngs, dépensés pour l'acquisition d'un numéro de rêve, partiront ainsi en fumée une fois que le numéro comprendra 11 chiffres au lieu de 10. En cas d'acceptation par le ministère, on ne sait absolument pas quel chiffre sera rajouté. Avec de telles informations, le marché a réagi immédiatement avec une baisse du prix des beaux numéros de 30%, voire de 50%. Les ventes chutent considérablement, déplorent les prestataires de services. Raison : les gens attendent de voir ce qui va se passer...
Pour Nguyên Manh Hùng, directeur adjoint général de Viettel, moins les indicatifs comptent, plus il est facile pour un opérateur de construire son image. Actuellement, 21 indicatifs sont exploités par 7 opérateurs que sont Viettel (8), MobiFone (7), VinaPhone (6) et un chacun pour S-Fone, Telecom, Vietnamobile et Beeline. Un opérateur étant autorisé à exploiter 8 millions de numéros pour un indicatif, ces 7 opérateurs peuvent attribuer quelque 170 millions de numéros, estiment les experts.
Ceci sans prendre en compte les nouveaux arrivants sur le marché, tel Indochina Telecom qui vient de faire son entrée sur la scène. Et les demandes d'autorisation de FPT et de VTC sont sur le bureau des services compétents. L'arrivée de 3 nouveaux opérateurs signifie l'apparition de 3 nouveaux indicatifs, portant le total des indicatifs à 28 pour l'ensemble du pays.
Qu'un tel parc de numéros, imposant, ne suffise pas à satisfaire les besoins de quelque 86 millions de consommateurs, apparaît donc illogique, soulèvent logiquement les experts. Cette situation a donc conduit le ministère à examiner l'efficience de sa gestion par les opérateurs avant d'envisager tout nouvel indicatif ou d'ajouter un chiffre à la numération en vigueur.
Viettel est actuellement le plus gros opérateur du pays avec quelque 21 millions d'abonnés, suivi par MobiFone puis VinaPhone. Un peu plus loin, on trouve S-Fone avec un peu plus de 4 millions d'abonnés en 6 années d'activité. Quant aux 3 autres opérateurs EVN Telecom, Vietnamobile et Beeline, ils se partagent les quelque 2 millions d'abonnés restants.
Mais plus on a, plus on veut en avoir. Les opérateurs, loin de s'arrêter, recourent aux technologies de pointe avec l'intention affirmée de développer leurs activités et de prendre davantage de parts de marché.
Les appareils 3G comme levier
Une telle position de l'opérateur Viettel s'explique également par le fait qu'il pense à son avenir, en raison de ce que le lancement de ses nouveaux services 3G, s'ajoutant au développement de ceux en 2G, outre l'accès à internet sur portable, implique "davantage de numéros", explique le directeur général adjoint Nguyên Manh Hùng.
Si son rival VinaPhone est désormais le premier fournisseur de 3G au Vietnam, Viettel est le premier à avoir annoncé la commercialisation dans les prochains mois, en partenariat avec Apple, des i-Phone 3G et 3GS. Et ces 2 modèles de tout dernier cri de l'entreprise à la pomme seront importés directement, précise Viettel.
VinaPhone, voulant éviter d'être écarté d'un marché plein de potentiels, a confirmé le 20 janvier qu'il allait également commercialiser de tels appareils dans les mois à venir. En réalité, le contrat a été signé depuis longtemps, mais l'opérateur n'en a fait l'annonce publique qu'avec l'accord de son contractant.
MobiFone aussi pourrait bien avoir achevé des négociations avec Apple. Aucune information n'a filtré sur ce point de ce troisième opérateur national qui veut en maîtriser l'annonce au moment qu'il estimera le plus adéquat.
Avec ce qui précède, il est clair qu'Apple ne veut accorder aucune exclusivité pour la vente de ses appareils, de fait, il a même déclaré être prêt à signer des contrats avec tout le monde. Les experts n'excluent donc pas la possibilité que d'autres opérateurs vietnamiens fassent de même. Actuellement, les i-Phone vendus sur le marché domestique sont importés de l'étranger "dans les bagages de ceux qui en reviennent", d'où un prix exorbitant, de l'ordre de 15 millions de dôngs l'appareil. Autant dire que les opérateurs annonceront immédiatement l'arrivée des i-Phone et leurs tarifs.
Si les opérateurs comptent bien développer davantage leur marché, certains professionnels craignent en revanche que le marché soit saturé en 2010. Il est vrai que le nombre d'abonnés a augmenté rapidement en 2009 chez tous les opérateurs.
Éventuelle saturation du marché ?
Selon le ministère de l'Information et de Communication, le pays recense 130,4 millions d'abonnements téléphoniques (téléphonie mobile et fixe réunies), soit 1,527 appareils par personne. Les abonnements en téléphonie mobile en représentent 85,4%, soit quelque 100 millions. Les opérateurs eux-mêmes estiment à quelque 50% de la population utilisant la téléphonie mobile.
Viettel est le premier avec 42,5 millions d'abonnés, une croissance de 1,5 fois sur 2008. Même les derniers arrivés, comme Vietnamobile et Beeline, ont dépassé le seuil des 2 millions d'abonnés.
Cela dit, les abonnements effectifs sont une donnée inconnue. Les opérateurs ont enregistré quelque 40 millions d'abonnements effectifs rien qu'en 2009, dont 16 millions chez Viettel et plus de 10 millions chacun pour MobiFone et VinaPhone. Quant aux 4 petits (S-Fone, EVN Telecom, Beeline et Vietnamobile), ils ont attiré environ 4 millions de nouveaux abonnés.
Viettel enregistre plus de 100.000 abonnements par jour si l'on s'en tient au nombre de cartes SIM activées. Il espère que 20-30% d'entre elles seront par la suite des abonnements effectifs. En effet, nombre de ces abonnés abandonnent leurs cartes SIM une fois le crédit du compte épuisé. Ces 20-30% d'abonnements durables sont toutefois un taux idéal pour un opérateur en ce moment, selon Nguyên Viêt Dung, directeur adjoint des stratégies de Viettel.
Chez MobiFone, environ 130.000 cartes SIM sont activées par jour, et pour Vinaphone, plus de 60.000. Eux également subissent ces abonnements temporaires qui, il faut le préciser, ont tendance à se multiplier vertigineusement.
Quant au ministère, il fait état de plus de 100 abonnements dont 50% sont considérés comme non opérationnels et pourraient être supprimés. Ces derniers proviennent en majorité d'abonnements en prépayé activés lors de campagnes promotionnelles.
Lors des 6 premiers mois de 2009, c'est Viettel qui a battu le "triste record absolu" en la matière avec un seul abonnement effectif pour 7 cartes SIM vendues en promotion ! Même si d'autres opérateurs (MobiFone, VinaPhone…) l'ont suivi, à un degré moindre certes, avec un taux d'un sur 3-4. Dure loi que les incontournables promotions...
Promotions massives et répétées
Durant ces campagnes, quelque 20.000 cartes SIM supplémentaires sont vendues en moyenne. Parallèlement, le nombre de cartes SIM bloquées monte en flèche. Chez MobiFone, les abonnements bloqués, qui ont représenté de 40% à 60% des nouveaux, sont montés à 80% depuis août 2009 du fait de ces grandes campagnes promotionnelles.
Les réductions de 50% du tarif en prépayé ne suffisent pas à faire revenir les usagers. Les vagues successives d'achats de nouvelles cartes SIM en lieu et place des cartes en prépayé promotionnelles les ramènent brutalement à la réalité : les abonnements non effectifs montent par moment jusqu'à 90% de ceux vendus. Autant dire que telles cartes SIM, considérées par les exploitants comme peu valables, ne les intéressent guère, en tout d'après certains d'entre eux dont Viettel.
Bien sûr, les opérateurs ne demeurent pas les bras croisés, et recourent à une autre tactique : les tarifs. Mais, au dire d'experts, les tarifs ne baisseront que faiblement dans les mois à venir. La course à la baisse place les opérateurs devant d'autres choix. Le marché arriverait à saturation alors que les tarifs sont quasiment les moins élevés de toute la région, d'où des difficultés pour les entreprises à lancer de nouvelles campagnes promotionnelles...
Les grosses têtes combinent baisse tarifaire avec qualité des services fournis. En fait, vu le marché, les plus petits tels Beeline et Vietnamobile n'ont pas d'autres choix. Pour de ces nouveaux venus, augmenter leurs abonnés est question de survie à court terme en raison des investissements conséquents dans les infrastructures d'un tel secteur. Une situation les conduisant même à baisser en deçà du coût de revient car, ainsi qu'on le dit dans le milieu, pas de clients, plus de réseau. Le ministre de l'Information et de la Communication, Lê Doan Hop, ne l'entend toutefois pas de cette oreille. Au Vietnam, les tarifs sont les moins élevés du monde, il faut donc examiner toute nouvelle réduction 7 fois avant toute décision, suggère-t-il.
Par contre, il est favorable à l'ajout d'un chiffre à la numération actuelle qu'il a promis de réexaminer de près et d'autoriser "si une telle proposition est faisable". Il convoquera tous les opérateurs concernés pour discuter des solutions "les plus avantageuses pour les opérateurs" mais "les moins gênantes pour les usagers", selon son entourage.
Pendant ce temps, les abonnements "virtuels" continuent de faire tache d'huile. La situation est tellement préoccupante que les autorités ont durci le ton à l'égard des opérateurs. Ces derniers ont été rappelés à l'ordre et pressés de se conformer à la nouvelle réglementation.
Hà Minh/CVN