"L'ICBC arrive tardivement en comparaison de ses concurrents mondiaux, mais nourrit énormément d'espoirs envers le marché vietnamien", a affirmé son président Jiang Jian Cheng à la presse, en marge de la cérémonie d'inauguration.
* Dans quelle logique s'inscrit l'ouverture d'une filiale au Vietnam ?
Compte tenu de la mondialisation de l'économie comme de la tendance des entreprises chinoises à se développer vers l'étranger, notamment dans les services transfrontaliers, l'ICBC se doit de renforcer son activité à l'international. L'ouverture d'une filiale au Vietnam s'inscrit dans cette logique comme dans sa stratégie d'inter- nationalisation de son activité, en empruntant le créneau porteur des règlements des échanges commerciaux entre les 2 pays, en pleine croissance. Une démarche qui s'impose d'autant plus que, ces dernières années, la situation sociopolitique au Vietnam est demeurée stable et que son économie se développe rapidement avec une croissance annuelle de 7% à 8%. En 2009, alors que le monde s'est trouvé plongé dans une dure récession économique, le Vietnam a été l'un des rares pays à maintenir une croissance de son Produit intérieur brut (PIB), et ce à un taux de 5,3%...
L'ICBC s'implante au Vietnam suite à ce constat de grands potentiels de ce dernier, outre le fait que ses relations commerciales avec la Chine sont de plus en plus étroites. En effet, l'an dernier, les échanges commerciaux bilatéraux ont dépassé les 21 milliards de dollars, contre 32,2 millions de dollars en 1991, soit près de 6 fois plus. Or, il va de soi que ce développement du commerce comme de l'investissement doit s'accompagner de celui du secteur bancaire afin de mettre à la disposition des milieux d'affaires des moyens de règlement internationaux efficaces et rapides comme des outils de financement. Ces dernières années, les entreprises chinoises ont été de plus en plus nombreuses à "se ruer" au Vietnam pour investir ou participer aux grandes adjudications publiques, et fin 2009, leurs investissements ont atteint près de 3 milliards de dollars. Parmi ces plus de 2.000 entreprises chinoises présentes au Vietnam dans près de 700 projets, nombre d'entre elles sont clientes de l'ICBC, qui se doit donc de leur fournir ses prestations sur place.
* Si proche du Vietnam, pourquoi un tel retard ?
J'aurais tendance à vous dire "qui va lentement va sûrement", ou si vous préférez, l'internationalisation de notre activité en tant que banque se doit d'être progressive. En 1992, l'ICBC a inauguré sa première filiale étrangère à Singapour, et nous avons exploité ce processus pour acquérir de l'expérience dans ce domaine alors nouveau. Entre-temps, le marché financier du Vietnam s'est graduellement ouvert, et l'ICBC s'est réjouie de l'implantation d'une première banque chinoise au Vietnam en 1995. Certes, nous sommes quelque peu en retard, mais avec nos compétences et notre capital d'expériences accumulé, nous sommes déterminés à participer effectivement à l'économie vietnamienne comme à apporter notre contribution au développement des relations économique entre les 2 pays. Je suis pour ma part convaincu que l'ICBC sera une banque étrangère brillante et renommée au Vietnam.
Créée en 1984, nous sommes désormais la plus grande banque commerciale de Chine, avec les capacités de financement que cela implique. Notre filiale de Hanoi sera spécialisée dans le crédit aux entreprises chinoises présentes au Vietnam, mais elle se consacrera également aux grands projets des entreprises vietnamiennes dans les secteurs des infrastructures, de l'électricité, des télécommunications, puis, par la suite, au secteur privé de cette économie.
* Y a-t-il un rapport entre l'arrivée de l'ICBC et la création de la zone de libre-échange ASEAN-Chine ?
L'ASEAN promet de belles perspectives et, dans un proche avenir, sera l'un des moteurs de la croissance mondiale. L'entrée en vigueur de cette zone de libre-échange ASEAN-Chine le 1er janvier dernier ouvre une opportunité historique de commerce et d'investissement à la Chine comme aux 10 pays membres de cette association régionale. Elle est, pour l'ICBC, synonyme d'une multiplication des services bancaires dans les pays aséaniens qui figurent en bonne place dans sa stratégie de développement à l'étranger. En effet, après une première filiale à Singapour, nous avons acquis en septembre 2007 une banque indonésienne qui a été restructurée en Banque d'industrie et de commerce de l'Indonésie. Puis en 2008, l'ICBC a procédé à une fusion-acquisition avec une banque de Thaïlande pour être présent dans ce pays. Aujourd'hui, nous arrivons à Hanoi, de sorte que nous sommes présents dans 5 des pays de l'ASEAN, les 5 pays qui représentent 80% du PIB de cette région.
Je dois ajouter enfin que notre large attention accordée à cette association ne tient pas seulement à ses énormes potentiels sur le plan économique, mais aussi aux points communs que nous avons en termes de culture, de coutumes, de style de vie au quotidien...
* L'ICBC a-t-elle déjà planifié une acquisition ou une fusion au Vietnam ?
Nous venons d'ouvrir notre filiale à Hanoi, nous allons donc nous y consacrer pour un fonctionnement optimal. Nous n'avons pas encore, à ce jour, d'intention arrêtée sur ce point.
Ngân Huong/CVN