Syrie : un avion russe abattu par un groupe jihadiste, le pilote tué

Un pilote russe a été tué dans le Nord-Ouest de la Syrie après la destruction de son avion, un Soukhoï SU-25, par des tirs d'un groupe jihadiste contrôlant la province d'Idleb, cible d'une vaste offensive des forces alliées à Moscou.

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Photo prise le 3 février montrant de la fumée s'élever d'un site où s'est écrasé un avion russe dans la province d'Idleb.
Photo : AFP/VNA/CVN

Un peu plus au Nord dans le pays en guerre, sept soldats turcs ont été tués dans des combats contre une milice kurde qualifiée de "terroriste" et cible d'une vaste offensive d'Ankara.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), l'avion russe a été abattu samedi 3 février au-dessus de la ville de Maasran. Le pilote, qui a réussi à sauter en parachute avant d'être capturé, a eu recours à son arme à feu avant d'être abattu.

Les troupes gouvernementales ont lancé fin décembre, avec le soutien de l'aviation russe, une offensive dans la province d'Idleb, contrôlée par Hayat Tahrir al-Cham - un groupe jihadiste dominé par l'ex-branche locale d'Al-Qaïda - et plusieurs groupes rebelles. Cette province est la dernière à échapper entièrement au pouvoir de Damas.

"Il y a eu des dizaines de frappes russes sur la zone au cours des dernières 24 heures. Cet avion aussi menait des raids", a affirmé le directeur de l'Observatoire, Rami Abdel Rahmane.

Un journaliste de l'AFP, qui a pu se rendre sur les lieux du crash, a aperçu la carcasse de l'avion, dont une des ailes était flanquée d'une étoile rouge. Des pompiers tentaient d'éteindre les flammes qui dégageaient une épaisse fumée dans le ciel.

Dans un communiqué publié sur sa chaîne de propagande Ibaa, Hayat Tahrir al-Cham a revendiqué l'attaque contre l'avion russe, sans parler du pilote.

Missile antiaérien

Moscou, qui intervient militairement en Syrie depuis septembre 2015 en soutien aux forces du régime de Damas, a confirmé la mort de son pilote.

"Un avion russe Su-25 a été victime d'un crash au cours d'un vol au-dessus d'Idleb. Le pilote a eu le temps d'annoncer qu'il s'était éjecté", a indiqué le ministère russe de la Défense cité par les agences de presse. Il a été "tué dans des combats contre les terroristes", a-t-il précisé.

"Selon les premières informations, l'avion (d'attaque au sol) a été abattu par un système de missile antiaérien portatif", a-t-il ajouté.

Le département d'État s'est dit "profondément inquiet" de l'éventuel usage d'une telle arme.

Les États-Unis ont déployé plus de deux mille soldats en Syrie, aux côtés des combattants kurdes et arabes, et mènent des frappes aériennes contre les forces jihadistes.

Sur un autre front, dans la région d'Afrine, sept soldats turcs ont été tués, faisant de samedi 2 février la journée la plus meurtrière pour l'armée d'Ankara depuis le lancement le 20 janvier de son offensive.

Des Kurdes syriens participent le 3 février 2018 à Afrine, dans le Nord de la Syrie, à des funérailles de combattants d'une milice kurde tués dans des combats avec des forces pro-Ankara.
Photo : AFP/VNA/CVN

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a tenu samedi 2 février à rassurer son homologue français Emmanuel Macron, qui avait mis en garde la Turquie contre toute velléité d'"invasion" de la Syrie, en soulignant que les opérations de l'armée turque visaient à lutter contre des "éléments terroristes" et qu'Ankara "ne convoitait pas le territoire d'un autre pays".

La Turquie dit vouloir chasser de sa frontière la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG), qu'elle considère comme un groupe "terroriste" mais qui est une alliée incontournable de Washington dans la lutte contre les jihadistes en Syrie.

Plusieurs milliers de Kurdes ont défilé samedi 3 février à Paris et Strasbourg, siège du Parlement européen, pour protester contre cette offensive.

"Porte ouverte"

Celle-ci, ainsi que les violences à Idleb, ont déplacé des dizaines de milliers de personnes.

Human Rights Watch (HRW) a accusé samedi 3 février des gardes-frontières turcs de tirer contre des Syriens tentant de passer en Turquie.

"Les Syriens qui fuient vers la frontière turque en quête de sécurité et d'asile sont renvoyés de force : ils sont la cible de coups de feu ou victimes d'abus", a dénoncé Lama Fakih, directrice adjointe du Moyen-Orient à HRW.

Mais pour le porte-parole du président turc, Ibrahim Kalin, son pays applique depuis le début du conflit syrien la politique de "la porte ouverte" avec les réfugiés.

"Je ne sais s'il s'agit d'une affaire isolée ou pas, mais nous allons certainement examiner" les allégations de HRW, a-t-il indiqué à la presse.

La Turquie, qui soutient l'opposition syrienne, a estimé samedi 3 février que le président syrien Bachar al-Assad devra partir "à un moment donné". Il n'est pas le dirigeant qui "permettra de garder la Syrie unie et sécurisée pour tous les Syriens", a déclaré M. Kalin.

La question de l'avenir de M. Assad est l'un des principaux points d'achoppement des médiations internationales visant à mettre fin à ce conflit qui a fait plus de 340.000 morts et des millions de déplacés et réfugiés.

Au cours de leur entretien téléphonique, MM. Erdogan et Macron "sont convenus de travailler à une feuille de route diplomatique en Syrie dans les prochaines semaines", précise un communiqué de l'Élysée publié samedi soir 3 février.

Les États-Unis ont aussi pointé du doigt le régime syrien, qu'ils soupçonnent d'avoir récemment utilisé du gaz sarin, même s'ils ont reconnu vendredi 2 février n'avoir pour le moment pas de preuves pour étayer cette hypothèse.

"Il s'agit de mensonges basés sur les histoires des soi-disant partenaires des Américains sur le terrain", a réagi samedi 3 février le ministre syrien des Affaires étrangères, citée par l'agence officielle Sana.

AFP/VNA/CVN

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