Syrie : "descente aux enfers" à Alep

L'ONU a condamné le 29 novembre la "descente aux enfers" vécue par les civils à Alep-Est, où des milliers d'entre eux fuient les combats et les bombardements au fur et à mesure de l'avancée des forces du régime syrien face à des rebelles aux abois.

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Des civils fuient les quartiers d'Alep-Est, le 29 novembre.
Photo : AFP/VNA/CVN

Alors que le régime de Bachar al-Assad semble proche de sa plus grande victoire depuis le début du conflit en 2011, une réunion urgente du Conseil de sécurité de l'ONU réclamée par Paris devait se tenir les 29 et 30 novembre à New York, selon des diplomates.

L'armée syrienne et les milices qui la soutiennent se sont emparées de plus de 30% du territoire rebelle ces trois derniers jours dans la deuxième ville du pays, principal enjeu du conflit qui a fait plus de 300.000 morts en plus de cinq ans.

Cette avancée rapide a provoqué la fuite d'Alep-Est, aux mains des rebelles, de près de 20.000 personnes ces dernières 72 heures, a annoncé le Comité international de la Croix-Rouge (CICR).

Cet exode se poursuivait le 29 novembre, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), qui a fait état de combats dans plusieurs quartiers. Dix civils ont été tués par un bombardement dans l'un d'entre eux.

Selon l'ONU, 10.000 habitants ont rejoint Alep-Ouest, contrôlé par le régime, tandis que 4.000 à 6.000 ont trouvé refuge dans un quartier nord aux mains des forces kurdes. Des milliers d'autres familles fuient vers les quartiers méridionaux d'Alep-Est toujours contrôlés par les rebelles mais doivent affronter le froid et la faim.

« Catastrophe humanitaire »

La situation est "alarmante et effrayante", a résumé M. O'Brien. Car, en plus de "l'intensification des combats au sol et les bombardements aériens aveugles", plus aucun hôpital ne fonctionne et "les stocks alimentaires sont pratiquement épuisés".

Localisation des quartiers d'Alep perdus par les rebelles depuis le 23 novembre, zones contrôlées par les forces en présence.
Photo : AFP/VNA/CVN

"C'est une lente descente aux enfers", a renchéri Bettina Luescher, porte-parole du Programme alimentaire mondial (PAM). Face à cette "catastrophe humanitaire", la France a demandé que le Conseil de sécurité se réunisse "immédiatement" pour permettre notamment un accès sans entrave de l’aide humanitaire.

L'armée syrienne a lancé le 15 novembre une nouvelle offensive sur Alep-Est qui a brisé les défenses rebelles, incapables de résister à la puissance de feu déployée par Damas et ses alliés étrangers.

L'offensive du régime a provoqué la mort de plus de 250 civils en près de quinze jours à Alep-Est, selon l'OSDH. Les rebelles ont parallèlement tué au moins 40 civils en bombardant les zones gouvernementales d'Alep-Ouest.

À Alep-Est, "il n'y a ni nourriture, ni eau, ni abri, ni moyens de transport", a résumé Ibrahim Abou Laith, porte-parole des Casques blancs, le service de secouristes du secteur rebelle.

Save the Children a dit craindre que l'assaut du régime ne divise des familles et laisse des milliers de personnes, dont des enfants, sans abri et exposés au danger. "Avec autant de gens coincés dans un espace se réduisant toujours plus, les enfants ne peuvent être que des cibles pour les bombes", a déclaré sa directrice Sonia Khush.

Une chute totale d'Alep-Est infligerait aux groupes insurgés leur pire défaite depuis 2011 et permettrait au régime de se lancer dans la conquête d'autres villes qui lui échappent, comme Idleb (Nord).

AFP/VNA/CVN

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