Littérature
Susie Morgenstern : «J’écrirai jusqu’à mon dernier soupir»

L’auteur français d’origine américaine Susie Morgenstern a rencontré, le 12 octobre, ses lecteurs vietnamiens à l’Institut français de Hanoi - L’Espace. Elle a écrit plus de cent livres pour enfants et adolescents, dont six ont été traduits en vietnamien. Interview.

>>Susie Morgenstern au Vietnam pour partager son amour des livres

Pour Susie Morgenstern (droite), le français est sa langue d'écriture.

Il s’agit de votre premier voyage au Vietnam. Vous être pourtant un écrivain très connu des lecteurs vietnamiens car plusieurs de vos ouvrages ont été traduits dans cette langue. Que savez-vous de votre public vietnamien ?
Je n’en sais pas grand-chose. Je ne savais même pas que plusieurs de mes livres avaient été traduits dans cette langue. Voir mes ouvrages en vietnamien était donc une très grande surprise pour moi. Je me réjouis donc d’aller à la rencontre de mon public vietnamien.
Quels sont vos thèmes de prédilection ?
La vie de tous les jours, l’amour, l’amitié, l’école, les gens… Dans mon dernier livre, je parle de l’ordinateur et je mets en avant comment aujourd’hui nous sommes des drogués de l’ordinateur. Je n’écris pas de fantaisie, je ne parle pas de magie. Pour moi, la magie, c’est la magie de la vie : le soleil qui se lève, la vie qui continue. C’est ça que j’aime dans la vie, les petits miracles.
Vous êtes née aux États-Unis. Après votre mariage avec un mathématicien français, vous vous êtes installée en France, à Nice, en ne sachant parler que trois mots de français. Pourquoi vous avez décidé d’écrire dans cette langue et quelles sont les difficultés auxquelles vous avez été confrontée?
Je n’ai jamais appris le français. Quand je me suis assise pour écrire mon premier livre, j’ai pensé que tout naturellement, j’écrirais en anglais. Quand je me suis levée, j’ai vu que les pages que j’avais rédigées étaient en français. C’est un mystère, je ne sais pas pourquoi, mais le français est ma langue d’écriture. Je vis en France, à Nice, sur la côte d’Azur, depuis 48 ans. J’ai écrit 120 livres en français. Cela aurait été plus facile d’écrire en anglais, surtout au début, car mon vocabulaire était limité. Mon mari et mes enfants m’aidaient à corriger mes livres. Maintenant, je suis beaucoup plus indépendante. On corrige encore mon français, mais je ne demande plus l’aide de mes proches.
Vous avez publié plus d’une centaine d’ouvrages pour enfants et adolescents. Vous n’êtes jamais à cours d’idées et vous travaillez rapidement…

Susie Morgenstern a remis des prix aux lauréats du concours "Les lettres d'amour de France aux États-Unis", le 12 octobre à L'Espace
Photo : Vân Anh/CVN

Je n’écris pas rapidement mais j’écris toujours. Tous les jours, avec discipline. Je me lève le matin, je vais au bureau et j’écris. Mais je n’écris jamais plus de deux pages en une journée. Cela m’a pris dix, quinze, voire vingt ans pour écrire certains livres. Si je n’ai plus d’idées, je laisse l’histoire de côté et je m’attaque à une autre. J’ai toujours plusieurs livres en chantier simultanément. Je suis une usine.
Parmi tous les livres que vous avez écrits, quel est votre préféré ?
Il a été traduit en vietnamien et s’intitule Premier amour, dernier amour. Il raconte ma rencontre avec mon mari. Une rencontre amoureuse, l’un des plus grands miracles de la vie. Je relis souvent ce livre. Cela me fait plaisir et me rappelle le moment où j’ai vu mon mari à travers une grande cantine universitaire. J’ai tout de suite su que c’était lui.
Jusqu’à quel âge pensez-vous à écrire ?
J’ai 70 ans. J’écrirai jusqu’à ma mort, jusqu’à mon dernier soupir et j’espère même au-delà.
Quelles sont vos impressions du Vietnam ?
Elles sont très bonnes. Je me suis promenée dans la ville et j’adore. J’ai acheté beaucoup de choses : des instruments musicaux anciens, des colliers… J’aurais pu tout acheter. La nourriture est aussi excellente. Je suis logée à l’ambassade de France et je crois que je ne veux plus jamais partir de là. C’est tellement beau, la ville de Hanoi est verte et ombragée. J’ai aussi marché autour du lac Hoàn Kiêm, visité le Temple de la Littérature et le Mausolée de Hô Chi Minh. Je suis vraiment contente d’avoir pu découvrir Hanoi.

Propros recueillis par Phuong Mai et Vân Anh/CVN

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