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Lakpa Sherpa, lors d'une interview avec l'AFP, le 2 juin à Katmandou, au Népal. |
"Cette saison a été très difficile. Déjà, nous travaillions sous pression à cause du COVID et puis le (mauvais) temps nous a trahis", a confié cet organisateur d'expéditions. Les candidats à l'ascension du plus haut sommet du monde (8.848,86 mètres d'altitude) ont afflué cette année vers le camp de base, après l'annulation de la saison 2020 pour cause de pandémie.
Le Népal a délivré en 2021 un nombre record de 408 permis d'ascension et assoupli les règles de quarantaine dans l'espoir d'attirer davantage d'alpinistes, mais aucun plan précis n'a été préparé pour tester, isoler ou contrôler une flambée de contaminations. Quelques semaines après l'ouverture de cette saison 2021, un alpiniste norvégien, Erlend Ness, avait confirmé qu'il s'était senti mal au camp de base et avait été testé positif à Katmandou après avoir été évacué. D'autres cas de contamination se sont succédé.
Malgré tout, Lakpa Sherpa a décidé de maintenir les expéditions que son agence Pioneer Adventure a prévues pour 23 clients. L'étroite fenêtre météo qui permet de gravir l'Everest et d'autres hauts sommets de l'Himalaya dans des conditions favorables a coïncidé avec une deuxième vague de COVID-19 particulièrement virulente au Népal, où plus de 9.000 cas quotidiens ont été enregistrés en mai.
"Avant, il y avait les accès de toux, les refroidissements ordinaires et les risques présentés par les avalanches et les crevasses. Mais, cette année, le danger résidait dans le fait, en cas d'infection par le COVID, de ne pas être capable de grimper car (cette maladie) rend la respiration difficile et cause de la fatigue", explique le guide Mingma Dorji Sherpa.
"Très malades"
Malgré les précautions prises par les équipes, les cas de contamination se sont répandus parmi les alpinistes. Des dizaines d'entre eux présentant des symptômes ont été évacués du camp de base et au moins deux agences ont annulé des expéditions après que des membres de leurs équipes eurent été testés positifs.
Les deux alpinistes islandais Sigurdur Sveinsson et Heimir Hallgrímsson ont pour leur part atteint le sommet malgré une contamination par le COVID-19. Lorsqu'ils ont commencé à tousser après avoir être arrivés une altitude de 7.000 mètres, ils ont soupçonné une infection par le coronavirus. Mais ils ont poursuivi leur ascension jusqu'au sommet et c'est à la descente que leurs symptômes se sont aggravés.
"Au camp 2, nous étions tous les deux très malades, avec de la toux, des maux de tête et de la fatigue (...) Nous devions descendre aussi vite que possible", ont-ils raconté jeudi 3 juin. Tous deux ont été testés positifs à leur arrivée au camp de base et isolés sous leur tente. Les autorités népalaises ne sont toutefois refusées à reconnaître l'existence de cas de contamination sur l'Everest.
Vue aérienne de tentes au camp de base de l'Everest, le 22 avril au Népal. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
L'organisateur Lukas Furtenbach, qui a été le premier à annuler son expédition à cause de la flambée de cas de COVID-19, estime que le gouvernement népalais devrait prolonger la validité des permis d'un coût de 11.000 USD que ses clients ont achetés pour gravir l'Everest. "Le Népal a invité les expéditions étrangères à venir et nous a garanti la sécurité par rapport au COVID (...) Mes clients ne se sentaient pas en sécurité au camp de base", a-t-il dit.
Dans le milieu de la montagne, le gouvernement népalais était sévèrement critiqué pour avoir continué à autoriser les ascensions. "Il n'y a pas d'excuses pour les mensonges flagrants, les dénis et les dissimulations du (gouvernement) cette saison", a écrit vendredi 4 juin le blogueur spécialiste de l'alpinisme Alan Arnette. "Comprennent-ils que leurs actions ne peuvent que saper la crédibilité dont ils ont besoin pour gérer d'une manière efficace leurs ressources ?", s'est-il interrogé.
Gigantesque tempête de neige
L'annulation de la saison 2020 a représenté un énorme manque à gagner pour l'économie du Népal, un pays très dépendant du tourisme, ainsi que pour les guides et les porteurs népalais. En outre, deux cyclones qui ont frappé l'Inde en mai ont fortement limité l'accès au sommet.
Lorsque le second cyclone a atteint le territoire indien la semaine dernière, il a causé une gigantesque tempête de neige sur l'Everest, ensevelissant les tentes des derniers candidats à l'ascension. Le nombre total des alpinistes ayant réussi à atteindre le sommet cette année n'a pas encore été annoncé, mais le ministère du Tourisme estime qu'ils sont environ 400, contre 644 en 2019.