>>Huit jours après le séisme, des milliers de Mexicains sans logement
Des pompiers déblaient les gravats d'un immeuble qui s'est effondré lors d'un séisme, le 26 septembre à Mexico. |
Chaînes humaines pour dégager les décombres, myriades de volontaires pour soutenir l'effort des sauveteurs, dons en tous genre : la société mexicaine a montré le meilleur d'elle-même au cœur de la tragédie, par un élan civique exemplaire.
Le pays a salué avec émotion ses héros ordinaires qui ont aidé à sauver des vies tel ce jeune homme en chaise roulante que l'on a vu déblayer à mains nues les gravats et dont la photo a fait le tour des réseaux sociaux.
"Si on pouvait avoir des hommes politiques comme toi", lui a lancé le commentateur d'une chaîne de radio nationale.
Le pouvoir citoyen a démontré sa force et son potentiel à faire changer un pays affligé par la litanie quotidienne des crimes et de la corruption.
Devenus presque fatalistes devant la déliquescence de leur société, les Mexicains ont soudain trouvé dans la mobilisation post-séisme un sursaut qui leur a rendu leur fierté et une raison de croire en leur avenir.
"Le séisme nous a sortis de notre léthargie et nous a démontré qu'en seulement 50 secondes nous pouvions être un autre pays", a souligné l'acteur populaire Eugenio Derbez dans un message à ses concitoyens.
"Pas le pays des politiciens corrompus (...), ni de ceux qui agressent, qui violent, qui volent (...) mais le pays de Mexicains qui, comme aujourd'hui, sortent dans la rue et risquent leur vie pour sauver les autres, offrir à manger ou quoi que ce soit d'autre".
Des sauveteurs recherchent toujours des survivants, le 26 septembre à Mexico. |
Un grand peuple
Signe de cette fierté retrouvée, les drapeaux mexicains ont fleuri sur les voitures, dans les rues, et même sur les casques des sauveteurs ou des volontaires.
"Tu peux le faire, tu es Mexicain", pouvait-on lire sur une pancarte posée devant les débris d'un immeuble.
"Nous montrons au monde que nous sommes un grand peuple", s'est félicité un auditeur sur Radio Formula.
La tragédie, qui a fait plus de 300 morts, pourrait faire surgir une société civile consciente de ses forces et voulant prendre en main son destin politique, quitte à court-circuiter les institutions et les partis.
Dans le quartier de Roma, durement touché, toutes sortes d'espaces citoyens sont apparus spontanément après la tragédie : on a vu des habitants offrir des vêtements, de la nourriture, des soins médicaux, des jeux ou encore des conseils juridiques, dans la lignée de mouvements citoyens tels les "Indignés", "Occupy Wall Street" ou "Nuit debout".
"Le séisme de 7,1 a rappelé à une grande et merveilleuse majorité que l'avenir du pays est entre ses mains", a souligné Yuriria Sierra, éditorialiste du quotidien Excelsior.
AFP/VNA/CVN