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Plage de Deauville (Calvados) sous le soleil, le 7 juillet. |
Jusqu'ici l'année a été "très chaude", selon un bilan présenté jeudi 12 juillet, avec d'abord un mois de janvier record depuis le début des relevés (1900), puis une chaleur qui s'est installée "précocément", dès avril (3e mois d'avril le plus chaud recensé).
La période du 1er avril au 10 juillet bat ainsi les records, "légèrement plus chaude" qu'en 2003. Au total, l'année 2018 figure dans le top 4 des premiers semestres en termes de température (les trois premières sur cette période 1er janvier - 10 juillet étant par ordre croissant 2007, 2017 et 2014).
De nombreuses villes n'ont jamais connu autant de jours à plus de 25°C de température maximale : Lille, Paris, Strasbourg, Chartres, Troyes...
À Brest, la première décade de juillet (du 1er au 10) est déjà la plus chaude depuis le début des relevés (devant 2006 et 1976).
"On est plutôt partis pour une année chaude, dans le contexte du XXIe siècle", souligne le prévisionniste François Gourand. Avec le changement climatique, "on ne vit pas du tout dans le même climat que nos parents", rappelle-t-il.
Dans l'immédiat, Météo-France ne prévoit pas de canicule pour les jours qui viennent. "La tendance est clairement chaude pour juillet. Mais au vu des simulations, une vague de chaleur d'ampleur nationale semble peu probable" ces 10 - 15 jours à venir, indique l'ingénieur.
Le pays devrait connaître un pic de chaleur entre samedi 14 juillet et lundi 16 juillet, avant un rafraîchissement des températures.
Un doublement des vagues de chaleur
Les prévisions saisonnières sur trois mois, qui n'autorisent pas une grande précision, prévoient un temps "plus chaud que la normale probable" sur le nord et l'est de la France. Ailleurs, aucun scénario n'est privilégié.
Et "rien ne permet de dire qu'octobre ou décembre ne seront pas frais ou pluvieux", souligne François Gourand.
Sous l'effet des gaz à effet de serre émis mondialement, la France a déjà gagné 1,4°C depuis 1900, une tendance qui s'accentue depuis 30 ans, plus marquée encore en été qu'en hiver.
Selon Météo-France, les vagues de chaleur devraient voir leur fréquence doubler d'ici à 2050 dans l'Hexagone.
Et pour la suite, tout dépendra des efforts mis en oeuvre pour réduire les émissions de GES dans l'atmosphère. Si rien n'est fait pour renverser la tendance actuelle, les vagues de chaleur en France seront à la fin du siècle cinq à sept fois plus nombreuses qu'aujourd'hui, souligne l'organisme national.
Les États du monde se sont mis d'accord à Paris en 2015 pour garder le réchauffement sous 2°C par rapport à la Révolution industrielle. Mais leurs engagements, à condition qu'ils soient tenus, devraient quand même faire grimper le mercure de plus de 3°C.
Si les émissions et concentrations gardaient leur trajectoire actuelle, le réchauffement pourrait atteindre 4°C en France à l'horizon 2071 - 2100, voire 5°C en été, selon Météo-France. Ce qui signifierait une vague de chaleur au moins aussi sévère que 2003 plus d'une année sur deux.
La grande canicule du 4 au 18 août 2003 reste aujourd'hui "hors norme et inégalée" (avec un excès de mortalité estimé à 15.000 personnes). Mais la France, théâtre de huit vagues de chaleur entre 1947 et 82, en a déjà traversé 30 depuis 1983 !
Depuis peu, elle subit aussi des épisodes plus tardifs dans la saison (fin août 2016, septembre 2016), et plus précoces, comme celui de mi-juin 2017 au "niveau de chaleur jusque-là jamais atteint avant un mois de juillet".
Depuis le choc de 2003, les pouvoirs publics ont mis en place un "plan canicule", associé à une "vigilance" météo et activé chaque été pour anticiper les effets sanitaires. Cette année, la période de veille saisonnière a pour la première fois été étendue jusqu'au 15 septembre.