Forcés par les inondations de quitter leur maison, des Japonais retournent à l'école

Kaon Omori, 12 ans, passe la tête dans l'embrasure de la porte et reste bouche bée devant sa classe méconnaissable, transformée en refuge pour les personnes évacuées après les inondations et glissements de terrain qui ont provoqué la mort de 179 personnes au Japon.

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Le Premier ministre Shinzo Abe visite un refuge pour les victimes des inondations au Japon, à Mabi le 11 juillet.
Photo : AFP/VNA/CVN

"Toutes les tables, toutes les chaises de ma classe ont été poussées de côté et des gens que je n'ai jamais vus avant y vivent", murmure-t-elle. "C'est vraiment bizarre". Les autorités ont demandé à quelque cinq millions de personnes de quitter leur domicile pendant les pluies diluviennes qui se sont abattues sur une partie de l'ouest et du centre du Japon. Et près d'une semaine après les premières précipitations importantes et alors que les opérations de nettoyage sont déjà bien engagées, plus de 10.000 personnes sont encore bloquées dans des refuges tels que l'école primaire Okada à Kurashiki. Parmi les centaines de personnes installées dans l'école se trouvent aussi des élèves et anciens élèves, comme Kaon Omori, en sixième, toute mince et passionnée de volleyball.

Elle explore, médusée, son école, la salle de gym couverte de rangées impeccables de matelas bleus servant de couchage aux réfugiés. Les écoliers japonais mettent des chaussons blancs appelés uwabaki lorsqu'ils entrent dans leur école mais le casier des siens est à présent bourré de vêtements enroulés, destinés aux personnes évacuées. Vers midi, sa tablette mobile serrée dans une main, elle est dans la file d'attente avec ses amies pour obtenir un bol de nouilles froides et une boule de riz pour déjeuner.

Carte de localisation des risques de glissement de terrain au Japon.
Photo : AFP/VNA/CVN

Malgré ces circonstances exceptionnelles, l'école reste silencieuse et ordonnée, les nouveaux occupants enlevant systématiquement leurs chaussures avant d'entrer dans leur nouvelle demeure. Des familles se groupent pour désigner des adultes qui garderont les enfants afin que les autres puissent retourner chez eux pour nettoyer leurs logements endommagés. Dans la cour, des dizaines de véhicules sont garés et les secouristes vont et viennent pour apporter des dons.

Rêves de repas chauds

Des véhicules militaires livrent de l'eau et des infirmiers poussent des chaises roulantes pour les personnes âgées allongées sur le sol dans la salle de sport, les classes ou l'infirmerie.

L'école Okada et ses 222 élèvent aurait été en temps normal ouverte, les vacances d'été ne commençant que le 19 juillet. Malgré les conditions très modestes, les personnes évacuées s'estimaient heureuses d'être saines et sauves et d'avoir un toit. Pressés de questions, certains ont dit rêver d'un repas chaud et peut-être d'un coin intime pour que les femmes et filles puissent se changer. "Il n'y a pas où se cacher, sauf les toilettes. C'est dur pour les filles", dit Hiroko Fukuda, 40 ans, mère d'une élève de l'école. "Mais nous ne pouvons-nous plaindre", dit-elle. "Tout cela nous aide".

Pour Yusuke Yoshida, être abrité à l'école est un pèlerinage dans ses souvenirs d'enfance. "C'est la première fois que je reviens en 30 ans", dit cet homme de 43 ans, allongé sur le sol de la salle de sport. Il vient de passer deux jours à nettoyer la maison qu'il partage avec ses parents et un frère. "Je suis heureux de recevoir des boules de riz. Impossible de se plaindre. Mais l'autre jour, des volontaires sont venus préparer des nouilles frites. Oh, le goût d'un repas chaud qui vient juste d'être préparé. C'était incroyable".


AFP/VNA/CVN

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