>>Sous-marin argentin : malgré les moyens, les recherches restent vaines
Un membre de la Marine argentine participe aux recherches du sous-marin disparu après avoir décollé de la base militaire de Bahia Blanca, en Argentine, le 26 novembre |
"Malheureusement, nous n'avons toujours pas une localisé ou détecté le sous-marin", a déclaré le porte-parole de la Marine, Enrique Balbi.
Les opérations se concentrent dans une zone de 36 km de rayon autour du point de l'explosion qui a probablement envoyé le submersible par le fond.
Le porte-parole a précisé que le navire russe Yantar, équipé d'un véhicule sous-marin capable de descendre à 6.000 mètres de profondeur, arriverait sur les lieux le 5 décembre.
Processus difficile
Le submersible étant conçu pour ne pas être remarqué, "la détection d'un sous-marin est un processus très difficile, de nombreux facteurs, notamment climatiques, entrent en jeu", confie Adam Slavinsky, pilote d'un avion P8 Poseidon américain spécialisé dans la traque des sous-marins, au retour d'une mission au-dessus de l'Atlantique.
Capture d'écran d'une vidéo avec une vue depuis un P8 de l'US Navy à la recherche du sous-marin argentin San Juan, le 26 novembre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Nous n'avons pas de date butoir, nous voulons continuer d'aider autant que nous le pourrons, et nous voulons rester ici aussi longtemps que nous pourrons contribuer aux recherches", a-t-il ajouté.
Depuis la base militaire argentine de Bahia Blanca, deux P8 Poseidon de l'US Navy alternent avec trois équipages.
Equipés de radars et de scanners, ils larguent des bouées équipées de capteurs pour tenter de détecter en profondeur le submersible, a constaté un journaliste de l'AFPTV qui a pris part à une mission.
À bord de l'avion, des militaires américains scrutent des écrans de contrôle à l'affût d'un indice qui pourrait les mettre sur la piste du San Juan.
Les fonds son "très irréguliers, avec des failles", note Carlos Zavalla, un ancien commandant du sous-marin.
Au total, 15 pays participent aux recherches, dont les États-Unis, le Royaume-Uni, la Russie, la France, le Brésil ou l'Uruguay.
Le San Juan a cessé de communiquer avec sa base le mercredi 15 novembre à 07h30. La dernière position communiquée, mercredi 22 novembre à 00h30, le situait à 400 km des côtes argentines.
À cet endroit les fonds océaniques vont de 300 à 1.000 mètres.
La mer d'Argentine vue depuis un avion P8 de l'US Navy à la recherche du sous-marin argentin disparu, le 26 novembre. |
Mercredi 22 novembre à 11h30, une explosion sous-marine a retenti et a été enregistrée à proximité de la dernière position donnée par le San Juan.
Le lien de cause à effet n'a pas été établi officiellement, mais c'est probablement cette explosion qui a envoyé par le fond le submersible argentin.
"Les recherches vont prendre du temps", avertit l'expert en questions militaires Rosendo Fraga.
« Technologie suffisante »
"Il n'y a pas d'antécédent dans l'histoire d'un déploiement de cette ampleur. Les États-Unis et la Russie sont les pays les plus développés dans le domaine, héritage de la Guerre froide", fait remarquer l'ingénieur naval Horacio Tettamanti, un des principaux experts argentins.
Capture d'écran d'une équipe de patrouille américaine s'apprêtant à décoller de la base Bahia Blanca, près de Buenos Aires, le 26 novembre pour participer aux recherches afin de retrouver le sous-marin argentin disparu. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Aujourd'hui, on dispose de la technologie suffisante pour retrouver un sous-marin au fond", estime M. Tettamanti pour qui il ne fait aucun doute que le submersible est entier. L'explosion peut avoir endommagé l'intérieur, mais pas la structure "extrêmement résistante".
Depuis le port de Comodoro Rivadavia, un navire avec à son bord un véhicule sous-marin de secours a appareillé dimanche 26 novembre pour la zone des recherches. Ce véhicule pourra être envoyé au fond pour remonter les membres d'équipage, une fois le San Juan localisé.
Trois sous-mariniers ont miraculeusement échappé à la tragédie. Deux avaient quitté le San Juan lors de sa dernière escale à Ushuaïa, l'un pour se rendre au chevet de sa mère, malade, l'autre pour se rendre au Pérou pour une mission de travail. Un troisième avait été exempté de mission au dernier moment pour effectuer des démarches administratives.
En crise de financement après les années fastes de la dictature (1976-1983) l'armée argentine est sous-équipée et la perte du San Juan porte un coup à la capacité opérationnelle de sa Marine. D'autant que le San Juan était le fleuron de l'armée argentine dont les équipements sont généralement obsolètes.