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Des activistes collent des affichent contre l'utilisation de pesticides comme le glyphosate, le 22 novembre à Toulouse. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Quatorze États pour, 9 contre, et 5 abstentions : après deux ans de controverse autour de l'herbicide dont le caractère cancérogène fait débat, le vote du 9 novembre sur la proposition de la Commission de réautoriser le glyphosate pour 5 ans a entériné la fracture entre les pays de l'UE.
Le vote de lundi 27 novembre doit se dérouler selon les mêmes principes que le 9 novembre mais chaque État membre sera représenté à un "niveau politique supérieur" par rapport aux experts du premier comité. La réunion commence à 14h30 (13h30 GMT).
Si la proposition revient à l'identique sur la table, il est toutefois possible pour un pays de proposer un amendement, ce qui n'écarte pas un éventuel vote sur une période d'autorisation plus courte.
La décision sera prise à la majorité qualifiée, soit 16 États représentants 65% de la population de l'UE. Or, sans le soutien des poids-lourds démographiques de l'UE, il est difficile d'entrevoir une issue à l'impasse.
Le glyphosate. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Engluée dans des négociations de coalition, l'Allemagne ne devrait toujours pas prendre position : elle faisait partie des abstentionnistes.
La France, qui fait partie des chefs de file hostiles à une nouvelle autorisation avec l'Italie, a redit son opposition.
"Considérant les risques, la France s'opposera à (la) proposition et votera contre. La France veut construire une sortie progressive du glyphosate et, avec plusieurs partenaires, pense qu'une durée plus courte serait possible", a expliqué dimanche dans le JDD Brune Poirson, secrétaire d'État auprès du ministre de la Transition écologique.
Âpre débat
Herbicide controversé, le glyphosate fait l'objet d'un âpre débat depuis son classement en 2015 par le Centre international de recherche sur le cancer, un organe de l'OMS, comme "cancérogène probable". Les agences scientifiques de l'UE sont en revanche arrivées à des conclusions inverses.
À l'issue du vote du 9 novembre, la Commission relevait une "majorité" des suffrages exprimés en faveur d'un renouvellement.
Le glyphosate en France. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Les minutes de la réunion publiées quelques jours plus tard montrent qu'une période de renouvellement inférieure à cinq ans, proposée par certains opposants, ne serait pas acceptée par d'autres, favorables à une réautorisation et qui avaient déjà accepté un abaissement de la durée d'autorisation. La proposition originelle de la Commission préconisait 10 ans.
En cas de nouvelle absence de décision, c'est la Commission qui devra trancher avant le 15 décembre, date d'expiration de la licence actuelle.
Interrogé jeudi 23 novembre lors d'une conférence de presse sur l'état de santé des Européens, le commissaire responsable du dossier Vytenis Andriukaitis avait botté en touche.
"Nous continuons à décider avec les États membres et le 27 novembre nous verrons quels sont les résultats", a-il répondu, fidèle à la ligne fixée depuis des mois selon laquelle le sort du glyphosate devait être une "responsabilité partagée" avec les États membres.
Mais, avait ajouté M. Andriukaitis, la Commission "doit assumer ses responsabilités de manière raisonnée et motivée en se basant sur des attentes légitimes".
Pour Greenpeace, qui fait partie des ONG qui ont activement mené campagne contre le glyphosate, cette fin de parcours est difficile.
La Commission "se plaint qu'il y a trop de responsabilité sur ses épaules, et que les gouvernements européens se cachent derrière elle, mais (...) elle ne peut pas avoir le beurre et l'argent du beurre", a déclaré à l'AFP Franziska Achterberg, de Greenpeace Europe.
"Ils ne veulent pas qu'on leur reproche des décisions qui sont impopulaires. Mais dans le même temps, ils ne sont pas prêts à écouter les préoccupations des gens", a-t-elle déploré.
Une pétition officielle demandant la disparition progressive du glyphosate dans l'UE, classée "initiative citoyenne européenne", a récolté plus d'un million de signatures. Elle a été déposée auprès de la Commission qui doit y répondre d'ici le début de l'année prochaine.
AFP/VNA/CVN