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Explosion d'une voiture piégée à Mogadiscio, le 28 février 2019 en Somalie. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
Adoptant un modus operandi désormais éprouvé, les shebab, qui ont revendiqué l'attaque, ont fait exploser jeudi vers 21h00 (18h00 GMT) un véhicule piégé conduit par un kamikaze à proximité de l'hôtel, puis ont déployé un commando armé.
Le commando s'est réfugié dans un restaurant situé à côté de l'hôtel où il a tenu tête pendant de longues heures aux forces de sécurité qui tentaient de le neutraliser. Peu avant 19h00 locales, Ismaïl Muktar, responsable du district Hamar Jajab qui englobe le secteur de l'hôtel, a annoncé à la presse que le siège était terminé.
"Le dernier terroriste a été tué lorsque les forces de sécurité ont détruit la pièce dans laquelle il s'était réfugié et le siège est à présent terminé", a-t-il déclaré. "Très rapidement, les opérations de déblaiement vont commencer", a-t-il ajouté.
Le responsable n'a pas mentionné de bilan. Selon Abdikadir Abdirahman, le directeur du service d'ambulances privées de Mogadiscio, Aamin, au moins 19 personnes ont péri dans l'attaque.
"Nous avons récupéré 14 cadavres supplémentaires sous les décombres d'immeubles effondrés, ce qui porte à 19 le nombre total de victimes", a déclaré à l'AFP Abdikadir Abdirahman vendredi après-midi 1er mars.
Un ancien député somalien, Abdi Barre Jibril, qui a réchappé à l'attaque, a affirmé à la presse "avoir vu environ 25 cadavres de ses propres yeux", un bilan qui n'a pas été confirmé de source officielle.
L'ex-député a précisé que, selon lui, les assaillants shebab n'étaient que deux.
Par ailleurs, au moins 112 blessés ont été admis dans les trois principaux hôpitaux de la ville (33 à l'hôpital Medina, 24 à l'hôpital Daru al-shifa et 55 dans l'établissement Erdogan), selon des sources hospitalières.
L'explosion a fortement endommagé le grand hôtel Maka Al-Mukarama, la cible revendiquée des shebab qui voulaient y tuer des officiels somaliens.
"Il y a eu un attentat-suicide suivi de tirs, dans lesquels les combattants moudjahidine ont visé les commandants et les responsables du gouvernement somalien qui habitent l'hôtel", selon un communiqué du groupe affilié à Al-Qaïda.
Frappes américaines
Des secouristes évacuent des blessés sur le lieu de l'explosion, à Mogadiscio, le 28 février 2019. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
Des témoins de l'explosion ont décrit à l'AFP une scène de chaos dans cette rue de la capitale très fréquentée, y compris en début de soirée, quand les habitants ont fini le travail et profitent de la fraîcheur de la nuit tombée.
"Toute la zone était en feu", a résumé à l'AFP Abdsamed Mohamed, en décrivant la scène peu après l'explosion. Plusieurs véhicules stationnés dans la rue ont pris feu.
"Qu'Allah soit remercié, de ce que je sais, un employé de l'hôtel a été tué mais la plupart des gens à l'intérieur on survécu", a déclaré à l'AFP Mohamed Ibrahim Moalimuu, secrétaire général de l'Union nationale des journalistes somaliens (UNSOJ), lui-même rescapé de l'attaque.
"J'ai été le premier à sortir de l'hôtel quand il y a eu l'explosion et j'ai vu de nombreux véhicules en feu sur place", a-t-il ajouté.
Les shebab mènent régulièrement des attaques complexes contre des hôtels de la capitale. En novembre 2018, l'explosion de deux voitures piégées devant un hôtel déjà pris pour cible en 2015 avait fait au moins 40 morts.
Sur les réseaux sociaux, des Somaliens écoeurés par ce nouveau carnage postaient des photos sur "l'autre visage de Mogadiscio", montrant des immeubles flambant neufs et des terrasses fréquentées de bord de mer, lassés de voir leur capitale souvent réduite aux images de destruction des attaques shebab.
Chassés de Mogadiscio en 2011, les shebab ont ensuite perdu l'essentiel de leurs bastions. Mais ils contrôlent toujours de vastes zones rurales d'où ils mènent des opérations de guérilla et des attentats-suicides y compris dans la capitale, contre des objectifs gouvernementaux, sécuritaires ou civils.
Ils ont juré la perte du gouvernement somalien, soutenu par la communauté internationale et par les 20.000 hommes de la force de l'Union africaine en Somalie (Amisom).
Les États-Unis, qui opèrent en coopération avec l'Union africaine et les forces de sécurité somaliennes, ont accru le nombre de leurs frappes aérienne contre le groupe: 35 en 2017, 47 en 2018, selon le chef du commandement américain en Afrique.
Les frappes se sont poursuivies début 2019. Vendredi 1er mars, le commandement américain pour l'Afrique (Africom) a annoncé avoir tué 26 shebab jeudi 28 février dans une frappe aérienne "ciblée" dans la province de Hiran, au nord de la capitale.