Situation économique toujours plus morose en Italie

Croissance nulle voire récession cette année, chômage en hausse: la situation économique de l'Italie apparaît toujours plus morose, accentuant la pression sur la coalition populiste au pouvoir.

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Une raffinerie à Sannazzaro de Burgondi, au sud de Milan, en Italie, le 29 mars.

"Nous sommes devant un ralentissement général dans toute l'Europe et en Italie: en 2019, on se dirige vers (une croissance) zéro", a reconnu dimanche 31 mars le ministre italien de l'Économie, Giovanni Tria. Un revirement alors qu'il affirmait encore il y a quelques jours que la troisième économie de la zone euro atteindrait une croissance de 1%, en dépit de tous les pronostics en cours. Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, attendu mardi 2 avril à Rome, a d'ailleurs exprimé son inquiétude dimanche 31 mars à la télévision publique italienne: avec une croissance quasi-nulle, "les problèmes de l'Italie vont continuer à augmenter".

L'Italie est entrée en récession au second semestre 2018, avec un recul de son Produit intérieur brut (PIB) de 0,1% tant au troisième qu'au quatrième trimestre. La péninsule, qui avait déjà connu une dure récession en 2012-2013, est le seul pays de la zone euro dans une telle situation. Pour ne rien arranger, le taux de chômage a encore progressé en février à 10,7%, selon des chiffres publiés lundi 1er avril. "Un niveau alarmant", selon l'importante association de consommateurs Federconsumatori, d'autant qu'il atteint 32,8% chez les jeunes de 15-24 ans.

L'Italie affiche le troisième taux de chômage plus élevé de la zone euro, derrière la Grèce (20,8%) et l'Espagne (16,2%), largement au-dessus de la moyenne européenne (7,8%). Et l'OCDE s'attend même à une hausse à 12,1% en 2020, selon un rapport présenté à Rome lundi 1er avril.

Ralentissement de l'Allemagne

Le gouvernement d'union de la Ligue (extrême droite) et du Mouvement 5 étoiles (antisystème) espérait redresser la situation cette année grâce à une politique budgétaire expansionniste, qui prévoit en particulier un "revenu de citoyenneté" pour les plus modestes à partir d'avril. Mais le contexte actuel, selon M. Tria, nuit à ces efforts: "l'Allemagne est à l'arrêt et, en conséquence, la partie la plus productive de l'Italie s'est arrêtée aussi".

Le PIB allemand ne devrait croître que de 0,7%-0,8% cette année du fait du ralentissement des exportations et de la pénurie persistante de main-d’œuvre. Une mauvaise nouvelle qui affecte directement le moral des entreprises italiennes, qui ont arrêté d'investir. Mais elle est loin d'être la seule: les entrepreneurs s'inquiètent aussi des tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine et des atermoiements de la coalition au pouvoir depuis juin qui, selon eux, ne se préoccupe pas assez des entreprises. La croissance italienne est aussi affectée par le ralentissement des exportations et de la consommation intérieure, alors que la confiance des ménages a atteint son plus bas niveau depuis septembre 2017.

"Décret croissance"

La principale organisation du patronat italien, la Confindustria, a annoncé mercredi 27 mars prévoir, elle aussi, une stagnation de la croissance cette année et une hausse de seulement 0,4% en 2020. Mais certains experts ou organisations internationales sont encore plus pessimistes. L'OCDE estime ainsi que l'Italie sera en récession, tablant sur un recul du PIB de 0,2% l'an prochain, tandis que Lorenzo Codogno, ancien économiste en chef du Trésor italien et désormais à la tête du cabinet LC, Macro Advisors, table sur une baisse de 0,5%.

Au risque d'aggraver le dérapage des finances publiques car plus la croissance est faible, moins les recettes engrangées par l'État sont importantes. Or le budget 2019 prévoyait déjà un déficit à 2,04% du PIB avec une prévision de croissance à 1%. La probable augmentation du déficit pourrait provoquer un nouveau bras de fer avec Bruxelles, qui presse l'Italie de réduire sa colossale dette publique (2.300 milliards d'euros, 132,1% du PIB, son record historique absolu). Pour autant, "personne ne nous demande une (loi de finances) rectificative, donc je l'exclus", a assuré M. Tria.

Pour relancer l'économie, l'OCDE préconise de nombreuses réformes, comme la lutte contre l'évasion fiscale, la hausse de la productivité et le renforcement des investissements publics. Le gouvernement doit annoncer vendredi de nouvelles mesures de soutien à l'économie, avec un "décret croissance" qui prévoit notamment un retour des déductions fiscales en cas d'investissements, un dispositif crée par le précédent gouvernement de centre-gauche puis stoppé par la coalition. Des mesures qui, espère M. Tria, permettront "de rester en zone positive" de croissance.


AFP/VNA/CVN

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