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Joe Kaeser (gauche) et Roland Busch à l'AG virtuelle des actionnaires à Munich (Sud de l'Allemagne) le 3 février. |
Le nouveau dirigeant a pris ses fonctions "à l'issue de l'assemblée générale des actionnaires", qui s'est déroulée virtuellement mercredi 3 février en raison du COVID-19, a indiqué le groupe dans un communiqué.
Nommé pour cinq ans en mars, Roland Busch, 56 ans, homme discret au profil technique et scientifique, était jusque-là le vice-président du directoire de l'entreprise. "Notre entreprise est devant une décennie d'opportunités", a déclaré Roland Busch dans son premier discours aux actionnaires, après avoir rendu hommage à son prédécesseur.
Son entrée en fonction est entachée par l'annonce, mardi 2 février, d'un plan de suppression de 7.800 postes dans l'ex-filiale énergétique du groupe, Siemens Energy, dont il est encore actionnaire principal. Cependant le nouveau Pdg hérite d'une situation financière solide, même si l'exercice 2019/2020 a connu un recul dû à la crise sanitaire.
Siemens a fait état mercredi 3 février d'une forte hausse du bénéfice net au premier trimestre de son exercice décalé 2020/2021, à 1,5 milliard d'euros (+38%). "Nous avons rendu Siemens robuste ces dernières années", s'est félicité Joe Kaeser.
Contraction du chiffre d'affaires
M. Busch prendra la tête d'un groupe qui a été bouleversé par son prédécesseur, comme rarement depuis sa création en 1847.
Comme l'ensemble des conglomérats industriels, aux activités larges et multiples, Siemens a dû s'adapter à une économie dans laquelle la spécialisation est devenue centrale. Sous l'impulsion de son Pdg, le groupe s'est concentré sur les secteurs innovants - l'industrie 4.0, les logiciels, l'automatisation - délaissant d'autres secteurs jugés moins rentables.
La taille du groupe s'est considérablement réduite : le chiffre d'affaires annuel, d'environ 76 milliards d'euros en 2013, est passé à 57,1 milliards d'euros en 2020.
L'introduction en Bourse, en septembre, de la majorité des parts de Siemens Energy, activité historique du groupe, a particulièrement marqué les esprits.
Le conglomérat détient encore 35,1% des parts de cette division, et reste actionnaire principal de son ancienne filiale. Mais il devrait se délester de davantage de parts durant le mandat de M. Busch, pour devenir à terme minoritaire.
Siemens a également introduit en Bourse sa branche santé, Siemens Healthineers, en 2018, et cédé ses parts dans d'autres filiales, notamment Flender (composants industriels).
Pour réduire la voilure dans certains secteurs, l'entreprise a aussi mené de vastes plans de restructuration ces dernières années, supprimant plusieurs dizaines de milliers d'emplois.
Une stratégie critiquée par les syndicats, qui estiment que Siemens a trop pris en compte les demandes de ses actionnaires, alléchés par les cessions d'activité successives, au détriment de l'emploi.
Selon le groupe, le rendement des actions Siemens a "plus que doublé" depuis l'arrivée au pouvoir de Joe Kaeser en 2013. "Nous espérons que Roland Busch éloignera Siemens d'une stratégie orientée vers la Bourse", a déclaré le syndicat allemand IG Metall, représentant les salariés du groupe.
"Meilleure position"
La politique du groupe risque "d'être la même", prévient toutefois Andreas Lipkow, analyste pour Comdirect.
M. Busch participe depuis longtemps aux décisions chez Siemens : il siège depuis 2011 au directoire du conglomérat, dont il occupait la vice-présidence depuis octobre 2019. "Siemens est dans une meilleure position aujourd'hui qu'il y a quelques années", a affirmé ce dernier dans une interview au quotidien Süddeutsche Zeitung en décembre, défendant la politique de son prédécesseur.
Le conglomérat a relevé mercredi 3 février ses prévisions de croissance annuelle de "modérée" à "moyenne ou élevée" pour l'année 2021, malgré la crise du coronavirus qui pèse toujours et a plombé l'exercice 2019/2020. Les activités numériques que le groupe allemand a gardées, notamment les logiciels et l'automatisation industrielle, portent désormais le groupe.
À l'issue de la journée, le cours du titre de Siemens a atteint son plus haut historique, à 136,00 euros, en hausse de 1,81% sur l'indice Dax de la Bourse de Francfort.
AFP/VNA/CVN