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Le géant de la fast fashion Shein devrait publier dans les jours à venir un projet d'entrée en bourse à près de 60 milliards d'euros à Londres, après avoir renoncé à Wall Street. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Une source proche du dossier a indiqué lundi 3 juin que le site de vente de vêtements à bas prix fondé en Chine et basé à Singapour pourrait déposer son projet "dès cette semaine" à Londres.
Une seconde source précise que ce projet d'introduction boursière serait déposé de manière confidentielle à ce stade et qu'une cotation à Londres n'est pas encore actée et pourrait prendre encore des mois.
Le quotidien britannique Financial Times, citant des sources proches du dossier, précisait plus tôt lundi que ce projet à 50 milliards de livres serait déposé auprès des régulateurs britanniques pour signifier un souhait de cotation.
Ce serait une arrivée bienvenue pour la place londonienne qui fait face à des départs pour Wall Street ou des choix de première cotation outre-Atlantique, où les entreprises espèrent bénéficier de meilleures valorisations et d'un plus vaste accès à des investisseurs.
Shein envisageait à l'origine une cotation à New York avant d'y renoncer vu l'accueil tiède des régulateurs américains, en raison des dissensions entre Washington et Pékin.
Fondé en 2012, le site de vente en ligne a rapidement conquis le marché mondial de la mode éphémère ou "fast fashion", basée sur le renouvellement rapide de collections à prix cassés, ce qui a séduit de nombreux consommateurs par temps d'inflation et de crise du pouvoir d'achat.
En février, Sky News écrivait que le ministre des Finances britannique Jeremy Hunt avait discuté avec le président exécutif de Shein, Donald Tang, d'une cotation à Londres.
"Une confirmation permettrait aux conservateurs en pleine campagne des législatives d'affirmer que les efforts du gouvernement pour faire coter des entreprises à Londres fonctionnent", affirme Susannah Streeter, analyste de Hargreaves Lansdown.
Accusations sociales et environnementales
De leur côté, des responsables du parti travailliste, donné vainqueur par les sondages de ce scrutin du 4 juillet, et qui cherchent à renforcer l'image d'un parti pro-entreprises, ont eux aussi rencontré le patron de Shein pour plaider en faveur d'une cotation à Londres, a assuré lundi 3 juin le quotidien The Times.
Le journal affirme que des ministres français auraient également tenté de convaincre Shein de choisir l'Hexagone pour son introduction en Bourse.
Mais accusée de travail forcé, de plagiat de modèles de ses concurrents, d'incitation à la surconsommation, montrée du doigt pour l'impact environnemental de ses produits et peu transparente sur sa production, la marque s'attire les foudres des défenseurs de l'environnement et des droits humains, ce qui pourrait compliquer une cotation, même à Londres.
Le mois dernier, une étude de l'ONG américano-canadienne Stand Earth plaçait Shein à la dernière place d'un classement de l'impact environnemental des marques de fast fashion.
Shein, qui n'est pas tenu de publier ses résultats car non coté en Bourse, a réalisé 23 milliards d'USD de chiffre d'affaires et 800 millions de bénéfice en 2022, selon le quotidien américain The Wall Street Journal.
La Bourse de Londres (LSEG) n'a pas souhaité commenter. Shein n'avait pas répondu dans l'immédiat aux demandes de commentaires.
Pour Russ Mould, analyste de AJ Bell, l'examen approfondi que Shein subira avant une entrée en bourse pourrait se révéler "désagréable vu les inquiétudes sur sa gouvernance, sa chaîne d'approvisionnement et ses pratiques en affaires. L'historique récent de Boohoo", site britannique concurrent de fast fashion, "en offre un enseignement salutaire".
Pour M. Mould, Shein pourrait aussi se heurter au "changement occidental envers les marques de mode à bas prix, avec les jeunes de la génération Z de plus en plus préoccupés par la durabilité".
AFP/VNA/CVN