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Des promeneurs sur le Bund après l'allègement des restrictions anti-COVID, à Shanghai, le 1er juin. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Shanghai, la capitale économique chinoise, ville la plus cosmopolite du pays, a été confinée par étapes à partir de fin mars, en réponse à une flambée épidémique à l'échelle nationale, la plus virulente depuis 2020.
Après avoir déjà assoupli plusieurs restrictions ces dernières semaines, les autorités permettent depuis mercredi aux habitants de zones jugées à "faible risque" de se déplacer librement dans la ville.
"On a l'impression d'avoir tous vécu un grand traumatisme, un traumatisme collectif", déclare Grace Guan, 35 ans.
Elle dit être sortie dès minuit dans les rues, où plusieurs personnes étaient en train de célébrer l'événement bière à la main.
Des ouvriers procèdent mercredi 1er juin au démontage de hautes barrières jaunes qui encerclaient les immeubles. Et des badauds, masqués, profitent de leurs premiers pas de liberté.
La célèbre artère historique du Bund, en bordure du fleuve Huangpu traversant la ville, s'anime avec des habitants qui se prennent en photo devant l'emblématique paysage de gratte-ciels sur l'autre rive.
"C'est le moment que nous attendions depuis longtemps", s'est félicitée la mairie de Shanghai sur les réseaux sociaux.
"Me faire plaisir"
Les habitants affluent dans les stations de métro et les bus, de nouveau opérationnels. D'autres bavardent dans les parcs, formant parfois de petits groupes.
"Pendant deux mois, la seule chose dont il fallait se soucier, c'était d'acheter à manger. Alors aujourd'hui, j'ai envie de me faire plaisir et d'acheter des vêtements", raconte Annie Xu, 33 ans, dans une boutique de luxe.
Centres commerciaux, supérettes et salons de beauté ne peuvent toutefois fonctionner qu'à 75% de leur capacité. Parcs et sites touristiques ne rouvrent que progressivement.
Les salles de sport et cinémas restent quant à eux fermés et la réouverture des établissements scolaires se fera au cas par cas. Le port du masque reste obligatoire.
Cependant les déplacements en taxi ou en voiture particulière sont autorisés dans les zones à faible risque.
Les autorités ont toutefois averti. Le retour total à la normale n'est pas pour tout de suite et plus d'un demi-million de personnes restent soumises mercredi à des restrictions.
Des enfants dans une aire de jeux à Shanghai. |
Photo : Xinhua/VNA/CVN |
La Chine continue d'appliquer une stratégie sanitaire zéro-COVID, qui consiste notamment à imposer quarantaines et confinements dès l'apparition de quelques cas.
Cette politique a permis d'éviter de nombreux morts du COVID-19, mais porté un rude coup aux entreprises. La mairie de Shanghai a concédé "qu'accélérer la reprise économique et sociale est désormais de plus en plus urgent".
Café
Car si beaucoup d'usines et de commerces peuvent rouvrir, certains restent fermés.
"Bien sûr que j'ai quelques craintes. Mais tout cela nous dépasse (...) Tu ne peux rien planifier avec une épidémie", déclare Chen Ribin, propriétaire d'un café. "Qui sait si ça ne reviendra pas en juillet ou en août? (...) Je pense qu'il nous faudra deux-trois mois pour retrouver le niveau d'activité qu'on avait auparavant", souligne-t-il.
"S'il y a un cas positif dans vos bureaux" ou locaux professionnels "que se passe-t-il ?", a relevé Bettina Schoen-Behanzin, présidente de la branche de Shanghaï de la Chambre de Commerce de l'Union européenne en Chine.
Le ministère de la Santé a rapporté mercredi 1er juin seulement 15 nouveaux cas positifs à Shanghai sur les 24 dernières heures - contre plus de 25.000 encore fin avril. Des restrictions avaient déjà été assouplies à la faveur du reflux de l'épidémie.
Mais les Shanghaïens ne pouvait généralement sortir, au mieux, que pour quelques heures par jour et à condition d'être dans un quartier sans aucun cas positif.
Beaucoup d'habitants ont été exaspérés par les problèmes d'approvisionnement en produits frais et d'accès aux soins médicaux hors-COVID.
Le confinement de Shanghai est le deuxième plus long en Chine depuis le début de la pandémie. En 2020, celui de Wuhan (Centre), première ville au monde touchée par l'épidémie, avait duré 76 jours.